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5G : la situation s’apaise dans les territoires… pour l’instant

Aménagement du territoire

La levée de boucliers contre le déploiement de la 5G dans de nombreuses collectivités laisse aujourd’hui place à la concertation. À Paris, l’ouverture des réseaux 5G se fera en collaboration avec les opérateurs télécoms. Mais le débat est loin d’être clos. Selon la FNCCR, les opérateurs doivent rompre avec un modèle économique basé sur le « consommer toujours plus » afin d’être plus cohérents avec les enjeux de la transition énergétique.

En septembre dernier, une soixantaine d’élus réclamaient au gouvernement un moratoire sur le déploiement de la 5G en France. Évoquant des questions environnementales et sanitaires, ils souhaitaient « la tenue d’un débat démocratique décentralisé » avant l’arrivée de la téléphonie mobile de 5ème génération dans l’Hexagone. Le refus gouvernemental d’un moratoire national a déporté le débat localement, avec par exemple un moratoire adopté à Lille et des débats citoyens organisés à Paris, Rennes, Strasbourg ou Nantes. Parallèlement, des villes comme Marseille, Toulouse, Nice ou Montpellier accueillaient la 5G à bras ouverts, mettant en avant des bénéfices en matière d’attractivité du territoire.

Six mois plus tard, la situation a bien évolué. Le 10 mars, le conseil de Paris a validé une charte encadrant l’ouverture de la 5G dans la capitale, qui peut ainsi débuter dès ce printemps. « Cette charte est le fruit d’un travail engagé à l’automne avec l’organisation d’une conférence citoyenne métropolitaine sur la 5G », souligne le conseil parisien. Le texte va « dans le sens d’une meilleure information des citoyens sur les impacts de la 5G et des différents usages du numérique, de meilleures pratiques de récupération et de recyclage des terminaux, d’une réflexion sur les usages "intelligents" de la 5G ».
Malgré des oppositions d’élus, les réseaux 5G de Free, Bouygues Telecom, SFR et Orange ont également été ouverts à Bordeaux en février. Le même mois, Orange a inauguré son réseau 5G à Strasbourg… bien après l’ouverture de SFR à Lyon fin 2020. Au total, plus d’une quinzaine de grandes villes sont désormais couvertes en 5G, plus ou moins partiellement, même si des oppositions perdurent à Lille ou à Nantes.
Les opérateurs semblent désormais avoir le champ libre pour déployer la 5G dans les territoires.

Sauf qu’en fait, ils l’ont toujours eu. « Les opérateurs ont joué l’apaisement plutôt que le passage en force », observe Jean-Luc Sallaberry, responsable de département numérique à la FNCCR.
« Car légalement, ils peuvent déployer la 5G sans le consentement des collectivités. Ils sont même soumis à des obligations de déploiement dans le cadre de leurs licences, qu’ils doivent bien entendu respecter ». Les licences les obligent notamment à couvrir 3000 sites en 2022.


Une opposition qui a clarifié la situation

Les opérateurs ont donc préféré temporiser plutôt que se mettre les collectivités à dos. Pourquoi ? Parce que le déploiement de la 5G étant une opération de longue haleine, mieux vaut pouvoir compter à l'avenir sur la collaboration des territoires. Aujourd’hui déployée dans la bande de fréquence des 3,5 GHz, la 5G peut exploiter les pylônes 4G existants sans démultiplier le nombre d’antennes. Mais avec la future bande des 26 GHz, qui devrait être ouverte après 2023, il faudra installer de nombreuses petites antennes, souvent à quelques mètres sur sol. Autant dire que l’adhésion des collectivités et de ses habitants n’est pas gagnée d’avance. Il faut donc « ménager les territoires » en prévision de cette nouvelle phase à venir.
Par ailleurs, en collaborant avec les collectivités, les opérateurs se sont montrés à l’écoute des problématiques environnementales et sanitaires, alors qu’auparavant leur discours était très centré sur les performances de la 5G (« 10 fois plus de débit que la 4G »), et des usages encore très théoriques, comme la voiture autonome ou la gestion massive de l’IoT. Un discours marketing - aujourd’hui abandonné - auquel certaines collectivités n’ont pas adhéré.
La principale raison du déploiement de la 5G est aujourd’hui évoquée sans détours : éviter la saturation des réseaux 4G, un impératif qui « répond aux enjeux internes des acteurs des télécoms », estime Jean-Luc Sallaberry. Selon la FNCCR, la situation est aujourd’hui plus claire, facilitant ainsi les discussions entre opérateurs et collectivités. Mais le débat est loin d’être clos. « Les opérateurs doivent entendre les préoccupations des territoires et des citoyens autour de la transition énergétique. Ils ne peuvent plus lancer de nouvelles technologies qui entraînent toujours plus de consommation énergétique. Ils vont devoir inventer un nouveau modèle économique s’ils veulent préserver l’adhésion des citoyens et des territoires », conclut le responsable.
Dans le cadre de la feuille de route « Numérique et environnement » du gouvernement, l’Arcep a été saisie, avec l’Ademe, d’une mission d’étude sur les impacts du numérique sur l’environnement.

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