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5G

Déploiement de la 5G : Nantes temporise et organise le débat

Aménagement du territoire

A l’occasion d’une conférence en ligne, Johanna Rolland, Maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, a annoncé le lancement d’un débat local sur la 5G qui se déroulera en deux temps. En attendant, l’ouverture de la 5G reste suspendue sur le territoire.

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Mise en service à Nice le 20 novembre dernier et dans des dizaines d’autres communes françaises depuis le 3 décembre, la 5G ne sera cependant pas disponible à Nantes de sitôt, ni dans le reste de la métropole nantaise. Johanna Rolland, Maire de Nantes, présidente de Nantes Métropole et, depuis septembre dernier, également présidente de France Urbaine, met en application sur le sujet une de ses promesses de la campagne municipale : moratoire sur le déploiement de la 5G tant que le sujet n’aura pas fait l’objet d’un débat public, au moins local, à défaut d’être national. « Je pense qu’on peut avoir sur ce sujet un débat apaisé, mature, en respectant la diversité des points de vue », a-t-elle expliqué.
Pour ce faire, la ville et la Métropole ont prévu d’organiser ce débat en deux temps. Dans un premier temps, un groupe de travail d’une vingtaine de personnes représentant un panel varié de sensibilités politiques, sociales, économiques et scientifiques (1), se réunira à partir du 10 décembre sous la férule de la FING (Fondation pour l’Internet de Nouvelle Génération), association choisie comme tiers de confiance pour encadrer les débats. Les opérateurs de téléphonie ne feront pas partie du groupe de travail, mais pourront être « auditionnés » par le groupe. Ce travail préparatoire servira de base, dans un deuxième temps, à un débat public ouvert qui commencera à partir de fin janvier-début février.
« Nous ne voulons plus nous retrouver dans la situation où le déploiement d’une technologie s’impose sans débat, explique pour sa part Francky Trichet, en charge de l’innovation & numérique à la Mairie et à la Métropole, alors que le calendrier du rapport de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) n’est même pas ouvert ».


Un débat métropolitain

A la question de savoir si l’augmentation considérable de l’usage des réseaux de communication depuis le début de la crise sanitaire pour la santé, l’enseignement, le télétravail et l’accès aux services de la ville avaient fait évoluer l’avis des citoyens sur la question, Julie Laernoes, 2ème adjointe prospective et résilience, a répondu que si tout le monde avait en effet « beaucoup progressé sur le numérique », les questions sur l’écologie [dont le non respect est une des causes de la pandémie] avaient également
« beaucoup progressé », tout comme le besoin de contact humain. « Il ne faut pas agiter des épouvantails d’un côté comme de l’autre, a-t-elle ajouté, nous souhaitons juste éviter que des technologies puissent être déployées sans concertation ».
Ce débat « est le premier acte du mandat pour un numérique responsable », a commenté pour sa part Louise Vialard, conseillère municipale de Nantes et élue métropolitaine, ajoutant que « le numérique responsable est indissociable de la sobriété numérique ».
Plusieurs maires de la métropole nantaise, présents à la conférence, se sont réjouis de la tenue d’un tel débat localement. C’est le cas de Carole Grelaud, maire de Couëron, Sandra Impériale, maire de Bouguenais et de Jean-Sébastien Guitton, maire d'Orvault. « Nous ne voulons pas être des Amish, a précisé ce dernier, mais il faut prendre le temps ». La maire de Bouguenais, pour sa part, qui met en avance le souhait de « protéger les habitants » va elle aussi proposer un moratoire sur la 5G lors du conseil municipal du 15 décembre.


Pas de projet sans consultation des territoires

Parmi les participants du groupe de travail, Laurence Van Asten, directrice régionale du Cnam (Conservatoire National des Arts et Métiers) Pays de la Loire se fait forte « de mettre en lumière la connaissance pour contribuer au débat » et de « faire de la médiation scientifique » sur la base d’une « connaissance technique et scientifique partagée ». Une profession de foi qui devrait contribuer à couper l’herbe sous le pied aux idées reçues et aux nombreuses thèses complotistes qui impliquent la 5G. Les résultats de ces deux débats le diront.
En attendant, si la maire de Nantes s’est dite « reconnaissante » vis-à-vis des opérateurs mobiles, qui ont accepté de ne pas « allumer » la 5G à Nantes pour le moment, on peut facilement imaginer que ces derniers ne resteront pas les bras croisés si la situation se prolonge indéfiniment, ou si la débat conclut que la métropole nantaise pourrait, in fine, se passer la de la 5G.
Conscients de l’impossibilité légale de s’opposer définitivement à la 5G (eu égard aux conditions d’exploitation des licences et des fréquences vendues par l’Etat aux opérateurs), les organisateurs du débat souhaitent contribuer à la création d’une
« culture commune » sur le sujet, mais ils souhaitent également lui donner une portée politique nationale. Cet épisode devrait également servir de précédent pour qu’aucun autre projet majeur d’aménagement numérique des territoires ne puisse être déployé sans concertation avec les élus et les populations concernés.


(1) Constitution du groupe :
Acteurs économiques :  Chambre de commerce et d’industrie, Pôle de compétitivité EMC2, CHU, Dirigeants Responsables de l’Ouest, ADN Ouest, La Cantine / Nantes numérique responsable

Collectivités et institutions : Département de Loire-Atlantique (mission aménagement numérique du territoire), 5 Communes, Université (chercheur), CNAM (éducation populaire, culture scientifique)

Associations et société civile : Livre blanc pour le climat, PiNG (médiation), UFC que choisir, La santé à voix haute, Shifters (antenne locale de The Shift Project), Résistance 5G Nantes

 

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