Gina a été inauguré il y a trois mois : quel en est pour le moment l’impact sur le territoire ?
Francky Trichet: L’inauguration de ce bâtiment confirme une belle dynamique de l’écosystème sur l’innovation en santé à Nantes. En trois mois, le bâtiment est déjà bien occupé : 25 sociétés se sont déjà installées sur la partie hôtel d'entreprises gérée par la métropole. C'est plus ce que j'avais imaginé, avec une belle diversité d’acteurs de toute taille. Gina, ce sont 5 000 premiers mètres carrés sur les 10 000 m² annoncés visant à faire du site Station S un archipel d’innovations, réunissant tous les acteurs de la "medtech".
Son objectif est de favoriser l’essor de solutions locales en santé, de la recherche à l’industrialisation. L’ouverture de Gina permet aux entreprises de se projeter, d’anticiper les questions autour du foncier et de prendre le temps de grossir. C’est un vrai plus. Près de Gina, le deuxième siège de Doctolib a été inauguré la semaine dernière. L’entreprise, qui représente à mes yeux l’incarnation du numérique en santé, est notre troisième licorne numérique en santé qui s’installe sur notre territoire, après Alan et Owkin.
Quels sont les projets d’innovation numérique en cours au sein de la métropole ?
Nous avons le développement de la clinique de la donnée. La data est la matière première de l’intelligence artificielle, c’est un sujet qui nous occupe, en particulier son anonymisation. Nous travaillons en parallèle sur des modèles de langues qui sont spécifiques à la santé et francophones. Pierre-Antoine Gouraud, que je cite parce que c'est un expert du sujet, a mis en open source les premiers LLM dédiés en santé, qui sont d’intérêt général. Cela crée de nouvelles brèches pour plus de souveraineté en santé. Cet activisme en santé est une signature nantaise qui s’accélère.
Où en est votre projet Synopse, qui doit aboutir en 2027 à une plateforme de valorisation des données environnementales et socio-économiques ?
Nous avons publié un premier rapport indiquant tous les indicateurs sur lesquels nous allons pouvoir travailler à l'échelle métropolitaine. Cela constituera un observatoire qui croisera toutes les données et sera publiable en toute transparence. Nous ferons le lien entre l’état de santé, la qualité de l’air, les nuisances sonores, la biodiversité en ville… Par exemple, nous savons qu’entendre les oiseaux est un indicateur favorable pour la santé. Avant d’avoir une plateforme opérationnelle, cela permet de savoir ce que l’on va chercher à démontrer.
Concernant Synopse à proprement parler, côté opérationnel, nous sommes en train de mettre en place un dispositif d'orchestration des données pour y avoir accès en les laissant là où elles se trouvent. C’est le plus compliqué car cela touche à une gouvernance pluripartite. Nous définissons des scénarios d'usage très précis, comme la résilience face à des crises, la manière de lutter contre des pics de chaleur l’été, ou encore la qualité de l’eau. Nous voulons avoir avec cette plateforme une vision globale sur la santé qui prend en compte tous les déterminants.
Et en attendant la finalisation de Synopse, quelles sont vos priorités pour le début d’année 2026 ?
Nous avons conçu un « parcours refuge » dans la rue pour apprendre à se déconnecter du numérique afin de se reconnecter à la nature et aux autres par plus de socialisation. Trois expérimentations sont en cours sur l’île de Nantes. C’est un sujet important de santé mentale. Je revendique le fait qu'il faut qu'on ait absolument une assise scientifique pour déterminer l’impact réel des écrans sur notre cerveau et à quel moment déconnecter. Car le numérique est également bénéfique, il faut faire la juste part.
Je veux monter une équipe interdisciplinaire sur le sujet. Il y a beaucoup d’innovations à développer sur le sujet, notamment sur le son, pour créer des ambiances sonores qui nous reconnectent à nos voisins dans les transports en commun. On a vu l’impact du sone sur la santé avec la pépite nantaise Epilepsía Waves, qui conçoit un répertoire musical pour aider les personnes épileptiques. Si tout va bien, notre Fonds d’innovation santé, doté de 350 000 euros, sera reconduit en 2026. Nous lancerons des expérimentations dans le cadre de la troisième édition de l’appel à projet Santé globale qui doit être lancé dans quelques mois.