Le quartier du Petit Domaine, à Avord (commune de 2700 habitants dans le département du Cher), bénéficie désormais d’un éclairage public intégralement conçu pour s’adapter aux cycles biologiques de la faune locale. S'inscrivant dans une volonté de soutien au développement durable initiée par les élus, cet équipement porté par le SDE 18 (Syndicat Départemental d’Énergie du Cher) vise à concilier performance énergétique et respect de la biodiversité nocturne. Les 58 lampes à sodium du quartier ont été remplacées par autant de luminaires LED dotés de la technologie "Circular Profil Biological White" du fabricant Selux. Mais le cœur du dispositif repose sur un paramétrage intelligent des lanternes. En hiver, la température de couleur est fixée à 3000 Kelvin, alors que du printemps à l’automne, elle descend à 1800 K, diffusant une teinte ambrée bien plus douce pour les insectes et les chauves-souris.
« Nous sommes allés au-delà des prescriptions, qui préconisaient de descendre à 2200 K », explique Vivien Moreau, chargé d’affaires éclairage public au SDE 18, « le passage se fait de façon progressive, sur plusieurs jours, à des dates calculées en fonction de la fin d’hibernation des insectes ». Parallèlement, d’un point de vue économique, l’opération a pour but de réduire la consommation électrique de 82 % par an (soit 27 000 kWh) et d’éviter l’émission de plus de 2 tonnes de CO2. Les luminaires sont d’ailleurs paramétrés pour réduire automatiquement leur intensité la nuit : - 50 % entre 22h et 6h dans les zones résidentielles, jusqu’à - 80 % sur certains axes.
Un fonds d’innovation annuel de 100 000 €
« Nous voulions montrer que l’innovation n’était pas réservée aux métropoles », explique Régis Lagautrière, directeur du SDE 18, « d’une manière générale, nous souhaitons la mettre à disposition des territoires ruraux ». Dans cette perspective, le syndicat a d’ailleurs mis en place un fonds d’innovation annuel de 100 000 €, depuis 2021. Ce dernier est notamment destiné à soutenir les projets d’éclairage public favorables à l’environnement. Le projet d’Avord, d’un coût total de 72 600 € HT, a bénéficié d’une participation de 56 300 € HT du syndicat (dont 20 000 € provenant du fonds d’innovation).
Le SDE 18 avait déjà initié d’autres projets de ce type dans le département, notamment avec l’association « Chauve qui peut » pour optimiser l’éclairage des monuments en fonction de la biodiversité présente. « Les chauves-souris constituent une espèce parapluie », poursuit Régis Lagautrière, « lorsqu’elles sont dérangées par l’éclairage public, un millier d’autres espèces, notamment des insectes, le sont également ».
Pour évaluer les effets de ce nouvel équipement sur la durée, le syndicat s’est associé au bureau d’études Echochiros. Avant le chantier, une première étude a permis d'évaluer le nombre et la typologie de chauves-souris présentes, grâce à des capteurs sonores et des luxmètres. La prochaine étude aura lieu à l’été 2026 pour comparer les résultats.