Pour cette édition 2025, la conférence annuelle de Major Cities aura pour fil rouge l’intelligence artificielle. Quelles sont les actualités d’Issy-les-Moulineaux sur cette thématique ?

Eric Legale : L’IA est évidemment incontournable, toutes les collectivités locales font face au défi de s’adapter à cette nouvelle vague de la révolution numérique. Lors d’une conférence sur les retours d’expérience de collectivités avec l’IA, je présenterai IssyGPT, notre assistant virtuel à l’intelligence artificielle générative, destiné à répondre aux questions des habitants. Toutes les villes européennes présentes n’en ont pas forcément connaissance, je partagerai avec elles notre démarche et notre vision. J’annoncerai également la phase suivante du projet, à savoir la vocalisation d’IssyGPT. L’objectif est de le rendre accessible à l’oral, par téléphone, pour les personnes qui ne sont pas à l’aise avec sur le site. Nous menons des tests, nous avons encore un souci technique au niveau du temps de latence des réponses.

En parallèle, nous travaillons sur la manière d’améliorer par l’IA notre fonctionnement interne au sein de la mairie. Nous débutons une réflexion sur la manière de permettre aux habitants d’accéder à leurs dossiers administratifs en cours. Cela leur permettrait d’avoir des réponses argumentées sur leur procédure, plutôt qu’une information générique « en cours d’instruction », qui peut être ressentie de manière frustrante.

Quels sujets comptez-vous impulser pour démarquer cet événement ?

Il y a un aspect stratégique dans la réflexion sur le numérique que nous voulons mettre en avant. Nous allons faire intervenir des Américains et des Chinois pour confronter les points de vue avec les Européens sur le numérique. Nous nous sommes rendu compte avec le comité de pilotage de l’association que tous les pays européens n’ont pas la même appétence à l’IA. Nous chercherons lors de l’événement à comprendre pourquoi.

D’autres thématiques seront abordées, comme la cybersécurité ou la gouvernance de la donnée. Une enquête sur les tendances numériques en 2025 sera notamment présentée. L’événement sera également l’occasion pour Issy-les-Moulineaux de présenter nos expérimentations de terrain dans le cadre du programme Quartiers métropolitains d’innovation, avec lequel six expérimentations vont débuter cet automne. L’une d’elles s’attèlera à intégrer de l’hydrogène dans la mobilité et le chauffage des bâtiments d’un éco-quartier.

Par ailleurs, c’est l’aspect sociétal du numérique qui est important pour moi. Nous voulons mettre en avant comment le numérique peut aider à la transition climatique. Des représentants d’Oslo seront présents, nous nous en réjouissons car c’est la ville qui nous a inspiré pour notre budget Climat.

En quoi consiste-t-il ?

L’idée est très pragmatique, elle vise à contraindre les élus de manière horizontale à prendre leurs décisions par rapport à l’enjeu du climat et à avoir des objectifs annuels, plutôt qu’à horizon 2050. Oslo a désormais assez de recul pour nous en expliquer l’impact. L’idée est d’inciter les autres collectivités françaises et européennes à adopter ce type de démarche. Un budget Climat est très important à mes yeux, pas seulement pour une question budgétaire mais pour conduire à prise de conscience par l’ensemble des élus.

D’autant qu’un budget Climat est accompagné d’un plan de communication en direction de la population. Cela incite ainsi à travailler sur ce sujet en permanence pour trouver les solutions à mettre en œuvre. A Issy-les-Moulineaux, les résultats sont là : les émissions ont baissé plus vite que les objectifs fixés, nous ressentons dans le parc de véhicules électriques ou dans le nombre de participants au Défi zéro carbone que nous organisons tous les ans, que la population s’implique de plus en plus.

Qu’apporte le réseau Major Cities à ses membres ?

Partager et voir ce qui se fait ailleurs permet d’avancer plus vite. Cela fait plus de dix ans qu’Issy-les-Moulineaux est membre, c’est très appréciable de pouvoir échanger avec d’autres collectivités locales sur les projets numériques. Cela nous montre que nous avons tous les mêmes sujets de préoccupation et que, selon les territoires, nous avons des approches différentes. J’avais découvert le paiement du stationnement par mobile à Stockholm, dont Issy-les-Moulineaux s’est inspiré. Ces échanges ont permis à la Ville d’être pionnière sur ces sujets du numérique.

L’Union européenne continue-t-elle de vous porter dans vos projets d’innovation ?

Oui, nous sommes impliqués dans un projet européen, Climaborough, par deux expérimentations encore au stade de l’appel d’offre : une visant à améliorer l’accès à de nouvelles données pour perfectionner le Budget Climat et en renforcer la visualisation de la situation. La deuxième aura pour objectif de trouver comment élargir la participation citoyenne à notre défi Zéro carbone. Aujourd’hui, il s’agit d’un dispositif réunissant une centaine d’habitants seulement en les conviant physiquement dans des salles de réunion. Nous aimerions élargir la participation grâce à des réunions virtuelles à distance. Ce sont les projets qui vont nous occuper ces prochains mois.