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DataCités : les transformations numériques et collaboratives changent la fabrique urbaine

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Bertil De Fos, directeur général du cabinet d’étude sociologique et de conseil en innovation Chronos.
Les géants du numérique ont compris qu’il fallait engager une discussion avec les élus

Bertil De Fos, directeur général du cabinet d’étude sociologique et de conseil en innovation Chronos, présente l’étude menée avec le Lab OuiShare, "DataCités : vers des stratégies territoriales de la donnée". Objectif : comprendre comment les innovations numériques servent l’intérêt général.

Le Lab OuiShare et Chronos ont publié l’exploration DataCités. Quels étaient les objectifs et les enjeux de cette étude ?

L’objectif de cette étude était de comprendre comment les transformations à l’oeuvre - numérique et collaborative - changent la fabrique urbaine, c’est-à-dire la façon dont les gens se déplacent, consomment, se soignent ou travaillent dans les villes. Les data services [service aux usagers élaboré à partir de données collectées et analysées, ndlr] ont pris de plus en plus d’importance sur les territoires, ils peuvent décrire ou expliquer les comportements des usagers mais aussi les prédire, comme avec l’application Waze pour le trafic [service prédisant le trajet le plus court grâce aux partage de données, ndlr]. Ils ont donc une vraie capacité à influencer les comportements des usagers.
Nous nous sommes donc posés la question du rôle de l’acteur public - dépositaire de l’intérêt général - pour faire en sorte que ces services aident la ville. Ce sujet étant très complexe et présentant de multiples facettes, nous avons décidé, avec OuiShare, que deux structures ne seraient pas de trop pour étudier le sujet. Nous avons choisi de concentrer nos recherches sur 11 data service qui agissent sur trois sujets : la mobilité, l’énergie et les déchets. Nous avons étudié en détails comment s’effectue la gestion des données, quelles sont les stratégies d’alliance entre acteurs et quels sont les modèles économiques de ces entreprises.

 

Quels sont les résultats de cette enquête ?

On constate que ce secteur est en constante évolution, il n’y a pas un seul modèle type. Pour donner un exemple, au démarrage de l’étude nous nous sommes concentrés sur le service Connected Citizens de Waze, permettant l’échange de données avec les collectivités territoriales dans les deux sens [de l’acteur public à l’entreprise et inversement, ndlr]. Au début de l’année 2017, ce type de service était complètement nouveau. Mais quelques mois plus tard, Data Ville de Airbnb a été lancé sur le même modèle de réciprocité.
Ces acteurs, qui étaient auparavant en opposition frontale avec les décideurs publics, reviennent aujourd’hui vers eux. Les géants du numérique ont compris qu’il fallait engager une discussion avec les élus. Les choses évoluent à une vitesse extraordinaire !
Mais les acteurs publics ont une multitude d’actions possibles à mener autour des data services. Ils peuvent réguler l’emploi de ces services, soutenir la création de ces start-up ou encore acheter les données de ces entreprises. La donnée est une ressource, et l’un des objectifs des décideurs publics devrait être d’organiser son partage entre tous les acteurs !
Nous allons par ailleurs bientôt lancer la saison deux de Data Cités. Elle n’aura pas les mêmes objectifs que la première, qui était simplement un tour d’horizon du sujet pour accumuler des connaissances ; elle sera davantage une expérimentation de la mise en place de data services adaptés aux besoins de différents territoires.


Quels défis les collectivités vont devoir relever face à la montée en puissance des data services ?
Tout d’abord, les collectivités doivent s’intéresser à cette problématique, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui... Il est indispensable de sensibiliser les décideurs publics à l’importance du sujet, car il change la façon dont les habitants vivent dans leur ville.
Il faudra ensuite accompagner les maires dans l’apprentissage des compétences requises pour pouvoir engager la discussion avec les entreprises qui fournissent des data services. Certaines villes, comme Boston, ont déjà les compétences nécessaires pour pouvoir négocier avec les géants du numérique. Les gestionnaires de la cité ont d’ailleurs publié un livre, intitulé "Smart City Play Book", demandant à ces entreprises d'arrêter de proposer des “solutions sur étagère” mais, au contraire, de proposer des solutions adaptées aux enjeux du territoire.
Enfin, il faut que les élus fassent preuve de discernement. Certaines collectivités, complètement dépassées par le sujet, pourraient se retrouver à acheter des solutions qui ne correspondent pas aux besoins de leur territoire. Les maires doivent d’abords cerner les besoins de leurs villes pour ensuite trouver la solution adéquate. Par exemple, les questions de mobilités sont fortes dans les petites villes. Or, imaginons que les seniors aient beaucoup de mal à se déplacer dans telle ou telle commune ; c’est en partant de ce constat que les décideurs publics pourront trouver la solution qui correspond à leurs besoins.

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