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Les données de l’énergie, un actif stratégique de la smart city

Energie

Tribune rédigée par Ghislain Delabie, expert en innovation de service dans le secteur de la mobilité et de la consommation collaborative, directeur conseil "Mobilités & Ville Intelligente" chez Techneo, "Explorateur" chez Le Lab OuiShare x Chronos. Elle a été publiée dans le mensuel n°7 de Smart City Mag.

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Les données sont un actif stratégique de la smart city pour planifier, faire des choix et impliquer les citoyens. Cette contribution aborde des usages novateurs des données dans le domaine des smart grids et les problématiques associées. Elle s’appuie sur les travaux de l’exploration DataCités menée par le Lab OuiShare x Chronos.

 

Les communautés locales en première ligne

Ghislain Delabie, expert en innovation de service dans le secteur de la mobilité et de la consommation collaborative, "Explorateur" chez Le Lab OuiShare x Chronos.

Fournissez des données, le consommateur réduira ses usages. Une promesse simple et séduisante. À condition de fournir une information claire, des conseils et la possibilité de réaliser des économies. À ce jour, il y a un décalage entre l’écosystème balbutiant de services autour de Linky et l’exigence d’agilité des utilisateurs, entre les bénéfices systémiques de l’extinction des appareils en veille ou des lumières, et les économies individuelles réalisées. L’internet des objets promet de révolutionner le pilotage énergétique des foyers. La réalité des solutions offertes par Nest ou Withings est bien en-deçà pour l’heure. S’ils se gavent de données, l’utilisateur, lui, n’accède à guère plus que sa consommation globale.
Les producteurs individuels d’énergie, eux, souhaitent davantage contrôler leur installation. À Brooklyn, Transactive Grid propose ainsi à ses membres de définir les tarifs de revente de leur énergie, tandis que SolShare permet à ses utilisateurs au Bangladesh de choisir entre autoconsommation et partage de l’énergie produite avec le voisinage. En France l’ordonnance autorisant l’autoconsommation pour les particuliers ouvre de nouvelles perspectives.

 

Les microgrids ouvrent la voie des échanges entre pairs

En 2012 les new-yorkais sont privés d’électricité par l’ouragan Sandy, y compris les possesseurs de panneaux solaires. Depuis la résilience du réseau est un sujet national et les projets de microgrids éclosent dans tout le pays. Ces réseaux peuvent fonctionner de manière autonome en cas d’incident grave, tout en offrant la possibilité de développer localement un marché d’échange d’énergie de pair à pair. C’est ce qu’expérimente TransactiveGrid à Brooklyn avec plus de 50 participants (habitants, entreprises, écoles, pompiers), et une plateforme décentralisée de gestion des échanges exploitant la technologie BlockChain.
Lorsque le réseau électrique est absent se constituent désormais des microgrids autonomes autour de producteurs d’énergie individuels, comme le fait SolShare au Bangladesh. Dans ce cas la gestion des consommations et des transactions est centralisée par l’opérateur. En France des nouveaux quartiers prévoient le stockage stationnaire basé sur des batteries de véhicules électriques en seconde vie. Les perspectives d’optimisation locale de l’offre et la demande sont décuplées. Outre la résilience et l’accessibilité, des gains énergétiques - jusqu’à 15% - sont attendus de la part de ces systèmes réduisant le transport d’électricité. Dans des zones industrielles ou d’activité, ces solutions sont prometteuses.


Le système électrique, un bien commun ?

Le partage de données entre acteurs hétérogènes est indispensable pour anticiper, effectuer des arbitrages et optimiser les ressources localement. Pourtant il faut aussi préserver des données confidentielles ou privées. Les solutions décentralisées exploitant la BlockChain pour échanger des données et valider des transactions entre des acteurs hétérogènes répondent à ces contraintes.
Pour transformer notre modèle énergétique, les microgrids seront réplicables, sûrs et performants, et échangeront des données avec le système global, à l’échelle d’une région ou pays. Au-delà des normes techniques, la question de la propriété et du contrôle de ces données, donc de leurs licences, sera critique autant qu’épineuse.
Le projet Open Power System Data (OPSD) donne un aperçu des problèmes. Il s’est attelé à agréger 200 séries de données temporelles sur l’équilibre offre / demande et la production électrique, à l’échelle européenne. Les difficultés à surmonter furent d’ordre technique (nettoyer et uniformiser les données selon les spécifications Frictionless Data) autant que légales, tant la diversité des licences adoptées limite les possibilités d’accès et de réutilisation effective des données.
Le défi relevé par OPSD pour rendre accessibles des données froides devra l’être à l‘avenir pour des données chaudes en temps réel. Des acteurs publics, privés et citoyens collaboreront pour l’intérêt général. Car désormais le système électrique n’est plus tant une commodité qu’un bien commun pour la transition énergétique.

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