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[4ème édition des Rencontres] : IA, chaleur fatale, souveraineté numérique, financement : les enjeux des datacenters territoriaux.

Datacenters

Les questions de souveraineté, d’impact environnemental et de gouvernance des datacenters territoriaux, étaient au cœur de la quatrième édition des Rencontres des datacenters, des territoires et des données souveraines (24 juin 2025). Un événement organisé par Smart City Mag et Datacenter magazine, en partenariat avec la Banque des Territoires, la FNCCR et InfraNum. Retour en images sur une journée d’échanges et de retours d’expériences autour des infrastructures, outils et solutions d’hébergement de la data. Crédit photo : Jean-Michel Sicot.

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« Avec l’IA, nous sommes sans doute face à l’équivalent de la révolution industrielle du 19e siècle. Il nous faut minimiser son impact environnemental et maîtriser son impact sociétal. Et pour cela, nous avons des élus », a indiqué en introduction de l'évènement Emmanuel Legrand, directeur du département Transition Energétique et Ecologique à la Banque des Territoires. « Le groupe Caisse des Dépôts est là pour accompagner les territoires dans leurs projets numériques, dont ceux d’IA, notamment autour des enjeux environnementaux et de souveraineté numérique ».
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« Les américains n’aiment pas notre modèle de régulation du numérique (…) Mais nous devons défendre le modèle français du stockage de la donnée, qui est pour moi le Edge Computing », a précisé Akim Oural, Membre du collège de l'Arcep. « Nous devons avoir des données de proximité, être en capacité de gérer de la donnée traçable et transparente pour les différents acteurs, tout en répondant aux enjeux du RGPD ». Il a également évoqué la loi SREN de 2024 qui a conféré à l’Arcep de nouvelles compétences autour des services Cloud et des modalités de mise en œuvre du règlement européen sur la donnée (Data Act).
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« La souveraineté c’est la capacité de décider, la capacité de dire "Non", sans dépendre d’un tiers », a rappelé Rachid Adda, DG du Syndicat Mixte Val d'Oise Numérique (à droite) et directeur général du GIPC, lors de la première table ronde dédiée à la souveraineté numérique. « Et cela ne porte pas que sur des questions de localisation des données, mais aussi sur celles des augmentations de tarifs, face auxquelles il faut pouvoir réagir ». Pour Gabriel Chenevoy, DG de Terralpha (SNCF Réseau) : « un des enjeux sera de savoir classifier les données, en déterminant celles qui sont sensibles ou pas. Ce sera une compétence centrale pour les DSI de toutes les organisations, dont les territoires, car de cette sensibilité dépend l’approche de souveraineté ».
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« Concernant l’adoption d’Office 365, certaines grosses collectivités n’arrivent pas à faire autrement, alors que dans nos petites communes, nous arrivons plus facilement à introduire des alternatives souveraines », a observé Marie-Laure Bertin, directrice de Somme Numérique, durant la première table ronde. Pour Nicolas Marchal, Sales Manager de IELO Group : « nos offres de fibre noire, pour raccorder par exemple des datacenters, est le maximum de ce que nous pouvons fournir en termes de souveraineté. Il s’agit d’une infrastructure brute, dont la collectivité garde une complète maîtrise ».
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"Réconcilier souveraineté, durabilité et performance, pour une nouvelle génération de datacenters au service des territoires". Tel était le thème du keynote d’Anwar Saliba, DG France de nLighten, une plateforme d’infrastructure numérique exploitant des datacenters edge implantés dans plusieurs grands pôles économiques européens. « Le Edge est la clé pour réussir la territorialité et la souveraineté dans l’hébergement des données d’un territoire », a-t-il expliqué. « Il ne peut y avoir d’autonomie numérique, ni de transition écologique, ni de performances opérationnelles, sans une infrastructure ancrée localement et pensée pour les usages de demain ».
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« Les datacenters représentent entre 3 et 4 % de la chaleur fatale perdue en France, soit l’équivalent des besoins en chauffage de 400 000 foyers par an. Il faut développer la récupération de cette chaleur. Mais cela reste encore embryonnaire, avec seulement une petite dizaine de réalisations », a résumé Pierre-Yves Chouadra, fondateur de Pyxed, lors de la deuxième table ronde dont le thème était : "chaleur fatale : un atout pour concilier datacenters et territoires ? ". « Pour aller plus vite, il faut prendre en compte les opportunités de récupération de chaleur dès le démarrage d’un projet de datacenter. Et dans ce domaine, les collectivités ont alors un rôle fondamental à jouer pour organiser l’intégration du datacenter sur leur territoire ».
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« En 2018, nous avons réalisé une refonte complète de notre salle blanche, un mini-datacenter d’une centaine de m2, pour qu’elle consomme moins d’électricité et que l’on puisse réutiliser toute l’énergie possible. Nous avons mis en place la récupération de la chaleur générée par la climatisation, qui permet de chauffer l’ensemble de nos locaux », a indiqué Jérôme Bombon, Responsable du service production et support système du syndicat mixte Infocom'94. « Cela nous a permis d’économiser 20 % de notre consommation en gaz au niveau de la chaudière ».
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« Depuis un an, nous donnons une seconde vie à un parc de 250 datacenters cédés par SFR. Et dans notre approche, il y a la récupération de la chaleur fatale. La problématique de cette récupération est différente sur un parc déjà existant. Nous avons déjà deux projets bien avancés, dans deux communes, pour réinjecter la chaleur fatale de datacenters dans leurs réseaux de chaleur urbains », a confié Fabrice Cousin, CEO d'UltraEdge. « Mais ce n’est pas simple. L’enjeu est plus technique qu’économique. Il est également politique, car les élus avec qui nous avons échangé cherchent à savoir ce que l’on apporte à leur territoire. Et la chaleur fatale leur offre une réponse pertinente ».
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« Notre projet consiste à réaliser de nouveaux datacenters Edge en réfléchissant dès le départ à leur intégration dans le territoire et donc à leur potentiel de récupération de chaleur fatale, ce qui permet notamment d’améliorer l’acceptabilité du projet », a déclaré Philippe Cayol, DG de Voltekko. « Nos projets sont en zone urbaine et nous réfléchissons notamment au potentiel en pied d’immeuble, pour nous substituer au chauffage du bâtiment. La récupération de la chaleur fatale est un investissement supplémentaire au départ, mais ensuite cela permet des économies en exploitation ».
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« Depuis trois ans, nous travaillons sur un projet de fermes urbaines dont l’objectif est de créer des oasis de fraîcheur en plein cœur de ville », a expliqué Magali Rosso, Fondatrice & présidente des Fermes Ionaka. « Ces fermes végétalisées sont " aéroponiques ", elles prennent la forme de petites tours sur lesquelles sont produits des légumes et des fruits, directement sur les toits et surfaces non exploités. Avec Ultra Edge, nous avons deux projets expérimentaux pour exploiter les toits de leurs datacenters, qui bénéficient d’une chaleur pertinente pour faire pousser des végétaux, avec comme objectif de nourrir chaque semaine 60 familles en situation de précarité. C’est donc un projet environnemental et social, mais aussi économique car ces toitures végétalisées peuvent bénéficier de fiches CEE ».
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« Nous avons inauguré notre datacenter d’initiative publique en 2024. L’objectif était de répondre à un double besoin : moderniser notre infrastructure et proposer une solution souveraine aux petites collectivités rurales de notre département qui avaient besoin d’aide dans ce domaine », a déclaré Martine Crnkovic, Présidente de la commission développement numérique du département de la Sarthe, lors de la dernière table ronde consacrée à l’arbitrage entre datacenters d’initiative privée ou publique. Bruno Lafitte, consultant Ademe, a pour sa part indiqué que : « une de nos récentes études (https://www.smartcitymag.fr/article/1561/data-center-quel-impact-territorial) montre que : pour favoriser l’acceptabilité des élus vis-à-vis d’un projet de datacenter, la filière doit mettre en avant les impacts positifs de ces infrastructures dont le potentiel de valorisation de chaleur fatale et celui de la création d’emplois ».
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« Depuis 15 ans, la Banque des Territoires a investi et prêté deux milliards d’euros dans le développement de la fibre optique dans les territoires ruraux et nous souhaitons aujourd’hui accompagner les collectivités et leurs partenaires dans leurs déploiements de datacenters », a pour sa part confié Anh-Tuc Nguyen, investisseur infrastructures numériques à la Banque des Territoires. « Nous privilégions les projets de datacenters écoresponsables, souverains et de cohésion territoriale ». « Il y plusieurs points de vigilance à étudier avant de lancer un projet de datacenters d’initiative publique. Le premier est de savoir si la collectivité a les compétences pour gérer elle-même cette infrastructure au regard de la réglementation actuelle sur la protection des données. Le deuxième est de vérifier si l’offre privée sur le territoire est insuffisante. Car il faut un constat de carence préalable pour pouvoir mettre en place un datacenter d’initiative publique », a rappelé Audrey Maurel, avocate associée chez INLO Avocats.
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Cette quatrième édition des Rencontres des datacenter, des territoires et des données souveraines s’est conclue par des ateliers collaboratifs, conçus et animés par InfraNum. Pendant près de deux heures, les participants ont pu travailler sur la problématique suivante : « Quelles solutions d'hébergement pour quels types de données/applications ? ». Concrètement, ils ont pris part à des jeux de rôles, où chacun devait mener à bien un projet, en changeant de perspectives (élu, habitant, acteur privé …).
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