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Caméra-piéton : le véritable déploiement débute en France

Vidéoprotection

Depuis le 1er juillet, la police nationale et la gendarmerie reçoivent les nouvelles caméras-piétons commandées par le ministère de l’Intérieur à l’américain Motorola Solutions. Un dispositif qui serait enfin adapté à leurs besoins, après un premier système « low-cost » déployé en 2019, qui s’était révélé inutilisable. Une solution qui pacifie la relation entre les forces de l’ordre et les citoyens, estime le syndicat UNITÉ SGP Police FO.

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Exit les caméras-piétons du fabricant chinois Hikvision qui ne donnaient pas satisfaction. La police nationale et la gendarmerie peuvent désormais s’équiper d’un nouveau dispositif, fourni par l’américain Motorola Solutions. « Les précédentes caméras étaient lourdes, leur qualité d’images largement insuffisante et surtout : leur autonomie d’une à deux heures était très problématique. Les collègues ont donc progressivement arrêté de les utiliser », résume Dominique Le Dourner, secrétaire national UNITÉ SGP Police FO en charge des conditions de travail.


Des lacunes techniques que sont censés combler les nouveaux équipements. La caméra-piéton VB400 de Motorola Solutions, retenue dans le nouvel appel d’offres, est ainsi plus légère, offre jusqu’à 12 heures d’autonomie et une qualité d’image proche d’un smartphone (Full HD en 1080p).


Leur mise à disposition doit enfin permettre la généralisation de cette technologie en France. D’ici l’été 2021, environ 10 000 caméras devraient être livrées et 30 000 sont attendues d’ici la fin de l’année. L’objectif n’est pas d’équiper l’ensemble des agents, mais d’avoir au moins une caméra par patrouille. Des premiers retards de livraison, déplorés par le ministère de l’Intérieur, pourraient cependant rallonger ces délais.

 

La caméra exploite un logiciel dédié, pouvant fonctionner sur plateforme Linux.

Contacté par Smart City Mag, Motorola Solutions n’était pas joignable dans l’immédiat. Mais dans un récent communiqué, l’équipementier américain a souligné que le projet français constitue l’un des « plus importants déploiements de cette technologie jamais réalisé ». Motorola Solutions a également rappelé que sa VB400 équipait déjà la police métropolitaine de Nashville aux États-Unis, ainsi que la police nationale de Roumanie ou encore des services d’ambulances à Londres.


Ce déploiement bénéficie d’une enveloppe d’environ 15 millions d’euros qui, selon certaines sources, inclurait également des indemnités pour rupture de contrat vis-à-vis d’Hikvision. Ce dernier devait en effet être fournisseur officiel des forces de l’ordre françaises jusqu’en 2022. Il ne serait pas à mettre en cause. Durant le premier appel d’offres, qu’il a remporté, le critère du prix a en effet été décisif. Hikvision aurait donc fourni ce qu’il avait promis. Mais le ministère de l’Intérieur a dû rapidement changer son fusil d’épaule devant l’inadéquation de ce premier équipement.

 

Pacifier la relation entre les forces de l’ordre et les citoyens

« Accrochée à l’uniforme du policier et du gendarme, la caméra-piéton est utilisée en intervention afin d’apaiser des situations conflictuelles et limiter les débordements éventuels », explique le ministère de l’Intérieur dans un communiqué« Elles permettent également d’objectiver des infractions et d’apporter les éléments nécessaires à la poursuite de leurs auteurs par la collecte de preuves. »
Selon UNITÉ SGP Police FO : « La caméra-piéton est un outil de protection de l’agent comme du citoyen. Grâce à elle, l’ensemble du contexte d’opération est présenté. Tout comportement inadapté est donc visible ». À Rillieux-la-Pape, où des caméras-piétons sont déployées depuis 2014 : la ville a constaté une baisse de 70 % des outrages à agents durant les contrôles. Ce type de dispositif est principalement utilisé dans le cadre des contrôles d’identité, des verbalisations ou d’infractions routières.

 

Outre les caméras-piétons, le forces de l'ordre reçoivent également des smartphones et tablettes de nouvelle génération.

Comment fonctionne le système ? Le déclenchement de la caméra est réalisé manuellement par le policier ou le gendarme, via un bouton, mais peut aussi être « collectif ». Le dispositif permet en effet l’allumage combiné de plusieurs caméras par le chef des opérations grâce à une communication Bluetooth. « Cela donne une vision encore plus globale du contexte, grâce des images filmées sous différents angles », précise Dominique Le Dourner. 


Notons que lorsque l’enregistrement est déclenché, la caméra dispose déjà de quelques secondes d’images qui ont été collectées en amont. Elle continue également de filmer quelques secondes après l’arrêt de la caméra. Ceci permet de montrer un éventuel changement de comportement dû à l’allumage de la caméra.

 

Des données chiffrées de bout en bout

Une fois l’enregistrement réalisé, les données sont transférées via un boîtier dédié connecté à un poste de travail du Centre d’information et de commandement (CIC). Ces données sont chiffrées et uniquement lisibles via un logiciel spécifique (compatible Linux pour la gendarmerie). Aucune modification n’est ainsi possible. « Les caméras sont équipées de dispositifs techniques permettant de garantir l’intégrité des enregistrements et la traçabilité des consultations », précise le ministère de l’Intérieur.

 

Cette caméra a été retenue pour son caractère évolutif. Parmi les évolutions possibles du dispositif, figurent la diffusion en temps réel d’images en 5G et l’activation automatique dès qu’un agent sort son arme via un « holster connecté ».


« Les caméras-piétons sont un élément de la transformation numérique des forces de l’ordre. Elle s’est également concrétisée par de nouveaux smartphones renforcés ainsi que des tablettes en cours de déploiement depuis le printemps (fournis par le fabricant français Crosscall, NDLR) », conclut Dominique Le Dourner. Dans les mois à venir, Crosscall devrait ainsi fournir près de 200 000 smartphones et 20 000 tablettes aux forces de l’ordre françaises.

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