Bonne nouvelle. Le gouvernement a annoncé la semaine passée qu'il s'apprêtait à rouvrir le guichet France THD. Il y a deux ans, la fermeture de ce guichet de financement du très haut débit permettant aux territoires les moins bien couverts de s'équiper, avait démobilisé les collectivités. « Sans perspectives de déploiement, faute de subvention de l’État, un certain nombre d'entre elles ont alloué leur budget ailleurs, sont passées à d'autres investissements », regrette Ariel Turpin, délégué général d'Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel), qui espère que cette réouverture aura l'effet inverse.
A travers cette décision, le gouvernement entend tenir ses objectifs en termes de couverture réseau, à savoir 100 % des foyers desservis par le haut débit (au moins 8 Mbit/s) d'ici 2020, le très haut débit (au moins 30 Mbit/s) pour tous en 2022, et la fibre (1 Gbit/s) pour tous à l'horizon 2025.
Si l'objectif 2020 devrait être atteint (à quelques très rares exceptions près), l'objectif 2022 est plus problématique. « Les bons chiffres de déploiement des opérateurs privés masquent des écarts énormes entre communes, même pour les zones très denses. Des villes telles que Lille ne sont couvertes qu'à 50 % », souligne Ariel Turpin.
Seuls 30 % des dossiers financés
Quant à la fibre, elle dessert aujourd'hui 42 % des locaux français, soit 15,6 millions de locaux, sur un total de 36,3 millions, pour 5,8 millions d'abonnés, selon l'Observatoire du haut et très haut débit de l'Arcep. Trois millions de lignes environ restent à déployer, soit un besoin de financement par l'Etat se chiffrant entre 600 et 700 millions d'euros.
Le reliquat du précédent Plan France THD (3,3 millions d'euros), s'élevant à 140 millions d'euros, sera bien affecté à la réalisation de cet objectif, mais à budget constant, l'Etat n'est actuellement en mesure de financer que 30 % des dossiers. « Nous ne demandons pas que l'ensemble de cette somme soit budgétée dès aujourd'hui, indique Ariel Turpin. Certains dossiers ne sont pas prêts. Sur d'autres, il est possible de réaliser des économies supplémentaires, même si elles seront limitées. Mais les parlementaires devront faire un effort dans le cadre du prochain projet de loi de finance car avec 140 millions d'euros, il ne sera pas possible de fournir la fibre pour tous. » Une première autorisation de programme de 322 millions d’euros supplémentaires serait nécessaire. Et d'ajouter : « Il y a quelques mois, on nous disait que le guichet ne rouvrirait jamais. Aujourd'hui, on nous dit qu'il n'y aura pas un euros de plus. Nous sommes donc en droit d'espérer. »