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LiFi : la technologie Light Fidelity, aussi prometteuse qu’insaisissable

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Benjamin Azoulay, p-dg d'Oledcomm
L’enjeu, c’est intégrer une puce LiFi dans un smartphone

La seconde édition du Global LiFi Congress se tiendra à Paris les 12 et 13 juin prochains. L’occasion de faire le point sur la technologie Light Fidelity, aussi prometteuse qu’insaisissable, avec Benjamin Azoulay, désormais p-dg de la jeune entreprise spécialisée Oledcomm, qui affiche presque vingt ans d’expérience dans le domaine.

Quelle est votre définition du LiFi ?
C’est simple, ça ressemble à du morse, comme on l’a tous fait avec une petite lampe torche. On fait la même chose des dizaines de millions de fois par seconde avec de la LED. Impossible à voir à l’œil nu, mais on envoie de l’information. Dès 1881, Alexander Graham Bell [inventeur du téléphone, ndlr] a commencé à le faire avec le photophone, mais c’était extrêmement lent. Ce qui a tout changé, c’est l’avènement LED dans les années 2000, qui consomme dix fois moins qu’un éclairage conventionnel et a la particularité de s’allumer et de s’éteindre instantanément. Dès 2007, des chercheurs ont commencé à développer des applications de communication grâce à cette lumière.

 

Un développement très français...
La technologie a émergé dans trois laboratoires de façon simultanée, en Écosse, au Japon et en France. Petit à petit, la France est devenue une terre d’excellence dans ce domaine-là, c’est assez rare pour le mentionner. Avec des entreprises de pointe comme Luciom [rachetée par le leader mondial de l’éclairage connecté Signify en 2017, ndlr] ou Lucibel.

 

Le LiFi est-il avant tout avantageux parce qu’il est gratuit, pour l’instant ?
Vous avez quand même besoin de passer par un fournisseur d’accès à internet ! Mais vous avez raison, l’autorité de régulation des télécoms a dit qu’elle n’allait pas nous embêter pendant au moins les dix ans qui viennent. Jusqu’au jour où ça aura trop de succès ! [rires] Mais le gros avantage du LiFi, c’est d’abord de répondre à la saturation des ondes, avec le nombre d’objets connectés qui arrivent sur le marché, la 5G en déploiement. Autre avantage : la sécurité. La lumière ne traverse pas les murs, donc si vous avez un point LiFi dans une salle de réunion, vous êtes sûr que le signal n’est pas piratable en dehors de cette pièce.

 

Ce qui est aussi sa limite. C’est donc bien une technologie de complément, pas de remplacement ?

Tout à fait. On ne remplacera jamais le WiFi, ça, c’est clair. Mais le marché est immense : les IoT [objets connectés, ndlr] industriels qui ont besoin de se connecter dans des environnements où les liaisons radiophoniques sont interdits (raffineries, centrales nucléaires, etc.) ou ne passent pas. On peut aussi penser à des lieux qu’on veut sans ondes comme les hôpitaux ou les crèches…

 

Il n’y aucun effet nocif relevé ?
Aucun. Même pour l’œil humain, ça scintille à une telle vitesse qu’il n’y a aucun problème.

 

On est passé du GéoLiFi au LiFiMax que vous développez, expliquez-nous cette évolution ?

Ça a démarré avec le GéoLiFi, qui est une lumière monodirectionnel, comme une balise qui émet. Le signal peut être réceptionné par la caméra d’un smartphone par exemple qui affiche une information, d’où de premières applications dans des musées à Courbevoie, Palaiseau ou Liège [Belgique]. Nous seuls nous avons installé 10 000 points lumineux de ce type, donc c’est une technologie très bien maîtrisée. Désormais, on a le LiFiMax, bidirectionnel avec lequel on arrive à une connexion de 100 Mbit/s en descendant sur une vingtaine de m² avec un seul point d’accès de moins de dix centimètres de diamètre accroché au plafond. C’est de la fibre optique sans fil !

 

Ne craignez-vous pas un "syndrome minitel" : fiable, mais disparu, car peu utilisé à l’échelle globale ?

La raison pour laquelle la technologie n’est pas encore diffusée c’est qu’elle n’est pas suffisamment miniaturisée. On a encore besoin d’une sorte de clef USB que vous devez brancher sur votre PC ou votre tablette pour vous connecter. L’enjeu est donc de la transformer en une petite puce électronique de 3mm, intégrée dans les smartphones. Avec un marché de masse qui s’ouvre alors. Mais quand on y pense, c’était la même chose au début du WiFi. On avait besoin de petites clefs à brancher pour pouvoir se connecter. À partir du moment où la puce a été intégrée dans un mobile, pour la première fois dans l’iPhone d’Apple, la diffusion a été exponentielle. Ça sera le même phénomène, je pense : on baissera la taille et le prix et on augmentera le débit, qui va d’ailleurs passer à 1 Gb/s dès 2021.

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