Plan France Très Haut Débit, SDTAN, SDUN. Chacun à son échelle, Etat, régions, départements, intercommunalités et communes s’emploient à tirer le meilleur bénéfice des infrastructures et services offerts par le numérique. Symbole de cette ruée vers le digital, la fibre optique étend partout sa toile, de façon parfois inégale. L’enjeu est vital pour les territoires : promouvoir leur destination, rester dans la course économique d’un monde qui s’uberise, attirer et conserver des talents en quête d’accès à hauts débits... Maintenant, la valeur d’une infrastructure ne réside pas dans son existence, mais dans ce qu’on en fait.
De l’aménagement numérique à l’émergence des usages
Manuel Perez, directeur des opérations chez Yziact |
La question des usages est l’essence d’un projet numérique. Elle précède souvent l’existence même de l’infrastructure. Pour répondre à la question des usages, il faut d’abord savoir à qui on s’adresse, puis comment générer de la valeur pour la cible identifiée. En la matière, l’observation prime.
Venons-en au WiFi. Nos territoires déploient donc un effort et des investissements colossaux pour se doter de liaisons très hauts débits. Des kilomètres de fibre optique, des répartiteurs, sous répartiteurs, des raccordements chez l’habitant… L’entreprise est titanesque ! Mais qu’observe-t-on sur les usages ? Médiamétrie nous apprend que fin 2017, sur les 30 millions d’utilisateurs quotidiens d’Internet en France, près de la moitié (48 %) y accèdent via leur smartphone et près d’un quart (23 %) via leur tablette. Le smartphone représente même 40 % du temps total passé sur Internet, et la proportion est encore plus forte chez les 15-24 ans (65 %). Quoi d’étonnant à cela ? Observons les gens dans la rue, à l’arrêt de bus, dans les salles d’attentes. Internet est devenu un compagnon de notre mobilité. Nous le consommons via des applications que nous choisissons, et nous nous y connectons sans fil. Les territoires disposent là d’un formidable gisement de valeur pour toucher les usagers en mobilité. Il leur suffit d’offrir l’accès à une connexion sans fil sur des sites ou des parcours servant la politique de services qu’ils souhaitent mener.
Les atouts d’un WiFi territorial
En conservant le point de vue de l’usager, chacun s’accorde à dire que la démarche d’inscription sur un réseau WiFi constitue une obligation plutôt qu’un désir. Pour obtenir l’adhésion du plus grand nombre, la plus grande simplicité doit être adoptée sur cette étape. C’est pourquoi un réseau WiFi territorial nécessite une reconnaissance des utilisateurs et une reconnexion automatique sur l’ensemble de ses points lorsque l’inscription est validée. On entre alors dans une logique de cohérence territoriale, à laquelle il convient d’associer le plus grand nombre. Idéalement donc, ce projet est porté par une multitude d’acteurs sur le territoire (collectivités, fédérations du tourisme, hébergeurs…) permettant au réseau WiFi de multiplier ses points de présence ainsi que l’éventail des financeurs.
Une autre source de valeur apparait dès lors très tentante. En offrant l’accès à son réseau WiFi territorial (le modèle payant est à proscrire), on dispose d’un accès direct aux utilisateurs, à leurs coordonnées ainsi qu’à certaines de leurs données. Plusieurs modèles existent et s’opposent sur l’usage que l’on peut faire de ces informations. On peut organiser des campagnes de communication par mail ou SMS, sous réserve que l’utilisateur ait donné son accord explicite à ce type de sollicitations. Ou proposer systématiquement un portail d’informations à l’utilisateur. Une autre approche consiste à dissocier le réseau WiFi du contenu, préférant suggérer les contenus par des parcours en QR codes ou autre dispositif in situ, et engager l’utilisateur en le rendant acteur de ses usages. C’est alors à chaque territoire de statuer sur sa position pour engager le projet qui lui correspond, sous le contrôle croissant d’un RGPD qui rebat toutes les cartes.