Les projets de territoire connecté et durable se multiplient en France. Pour les collectivités territoriales, la question de l’hébergement des données collectées devient ainsi un enjeu crucial. « Il faut avoir conscience des données qui sont sensibles ou pas, où elles sont hébergées, quel est leur niveau de dépendance européennes ou américaine », énumère Antoine Fournier, président de Thésée Datacenter. Pour les aider à se poser les bonnes questions pour faire leur choix, la fédération des professionnels du secteur des infrastructures de télécommunications InfraNum publie ce jeudi 6 novembre un rapport consacré aux datacenters de proximité.
Présenté lors du salon Data Centre World à Paris, ce rapport, qui est une mise à jour de la première édition de 2021, vise à sensibiliser les collectivités sur la diversité des solutions qui s’offrent à elles, en faisant un focus sur les atouts des datacenters locaux, en favorisant la souveraineté numérique et la valorisation énergétique sur le territoire.
Les datacenters de proximité restent « un terme peu connu des petites collectivités. 63 % des collectivités hébergent leurs données en interne, sur des installations on-premises. Mais les coûts des systèmes d’information deviennent de plus en plus chers et la réglementation, telle que la directive NIS 2, rend les bâtiments non conformes car pas assez sécurisés. Cela mènent les responsables informatiques à se poser des questions », explique Agnès Le Meil, directrice des études chez InfraNum.
Différents montages partenariaux
L’enseignement majeur du rapport est la diversité des montages possibles. La première option est l’acquisition d’un datacenter pour ses besoins propres. C’est celle choisie par le syndicat mixte Val d’Oise Numérique, qui a acquis ses infrastructures et en assure une exploitation internalisée. Ce datacenter est mis à disposition des acteurs du département.
La deuxième possibilité est l’achat ou la construction d’un datacenter, dont la gestion est assurée par une entreprise tierce. Le rapport met en avant l’initiative des Sables d’Olonne, qui a racheté un datacenter sur son territoire ayant des difficultés à trouver repreneur, et en a confié la gestion à Gigalis.
Autre scénario pour une collectivité : la colocation dans un datacenter public. « Un datacenter privé est consacré à l’activité d’un seul utilisateur, tandis qu’un datacenter est dit public quand il accueille les données de plusieurs entités », rappelle Antoine Fournier, également président de la Commission Datacenter d’InfraNum, avant d’ajouter : « Les datacenters représentent un investissement de plus en plus intensif. La mutualisation en colocation est une réponse intéressante pour en maîtriser le budget. »
Enfin, dernière éventualité : favoriser un projet de datacenter d’un acteur privé, qui bénéficiera au territoire en hébergeant des serveurs. Le rapport détaille l’exemple de Rubix, un datacenter soutenu par la Communauté urbaine Creusot Montceau. Agnès Le Meil rappelle également la possibilité pour l’hébergement de réaliser un mix entre une colocation et la souscription à des offres SaaS, dans le cloud. « Quand une collectivité a du mal à estimer le volume de données pour louer des espaces, elle peut se décharger sur le cloud », conseille-t-elle.
300 datacenters publics en France
L’écosystème des datacenters de proximité est en plein dynamisme. Le rapport d’InfraNum, qui s’appuie sur DC Mag, fait état de 5 000 datacenters privés et 300 publics en France. L’ESN Inetum vient de s’associer, début novembre, à l’opérateur d’infrastructures TDF pour renforcer leurs offres dans l’hébergement de proximité.
Des initiatives de datacenter de proximité innovant émergent par ailleurs sur les territoires. Un exemple avec le prototype de datacenter flottant conçu par la start-up guérandaise Denv-R et installé au sud de l’île de Nantes. Cette expérimentation illustre une nouvelle manière de se doter de centre de données sans artificialiser les sols. Car la construction d’un datacenter est conditionnée par l’obtention d’un permis de construire sur un site permettant l’implantation d’entrepôts, d’après la qualification du plan local d’urbanisme. « L’efficacité énergétique est un gros sujet qui pousse les innovations technologiques », observe Antoine Fournier.
Pour les collectivités qui réfléchissent à se doter d’un centre de données de proximité, Agnès Le Meil recommande de se faire bien accompagner. « Je conseille aux collectivités de demander aux syndicats mixtes les initiatives en cours. Cela demande des compétences pour déterminer quelle solution correspond à ses besoins. Il ne faut pas oublier par exemple que garantir une continuité de service, il vaut mieux opter pour du cloud, disponible H24, que du on-premise, les services de la ville étant fermés le week-end», conclue-t-elle.



