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[Ateliers du Smart Cities Tour] Lorient : la data et l’IA au service de la résilience des territoires

Evènement

Le 16 octobre dernier, la Maison de l’Agglomération de Lorient accueillait la deuxième étape 2025 des Ateliers du Smart Cities Tour, événement itinérant coorganisé par Smart City Mag, la FNCCR et Infranum, en partenariat avec la Banque des Territoires. Parmi les principales thématiques abordées : l’adaptation au changement climatique, les enjeux de la donnée et de l'IA dans les services publics locaux ou encore le rapport coût bénéfice des projets de territoire connectés et durables (TCD). Une journée d’échanges, de débats et de retours d’expériences, où les participants ont également pu travailler sur " l’innovation par la donnée ", durant des ateliers collaboratifs. Retour en images.


Crédit Photo : Fanch Galivel

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« La mutualisation est un des piliers du portage d’un projet de territoire connectés et durables », a déclaré Jean-Luc Sallaberry, Chef du département numérique à la FNCCR, en introduction de l’évènement. Il a également évoqué la troisième édition à venir de l’Observatoire des Territoires Connectés et Durables. La précédente édition avait chiffré les résultats économiques et environnementaux des projets de TCD autour de cinq usages : télérelève des compteurs d’eau, gestion énergétique des bâtiments, pilotage à l’armoire de l’éclairage public, points d’apport volontaire connectés et vidéodétection des incendies. « De nouveaux cas d’usage devraient être chiffrés dans la prochaine édition, notamment autour de la gestion des déchets, la prévention des inondations et l’arrosage intelligent ».
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« Nous voulons faire de la donnée et de l’IA des leviers d’amélioration des politiques locales », a expliqué Patricia Querao-Ruen, vice-présidente au numérique, Lorient Agglomération. Elle a évoqué plusieurs réalisations de l’agglo comme la rédaction d’un schéma territorial du numérique, le déploiement d’un data center local bas carbone et le projet Celtic qui porte sur le développement de solutions numériques pour la prévention des risques littoraux, la gestion des ressources (eau et énergie) et la gestion intelligente des déchets. « Le numérique doit être au service du bien commun. Pour les territoires, la donnée est aussi un moyen d’objectiver les impacts des actions publiques ».
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« Nous avons déployé un " Voicebot IA " car notre standard téléphonique était débordé », a expliqué Alain Cottencin, Directeur des Systèmes d’Information de Lorient Agglomération (à gauche). « Cet agent conversationnel vocal fonctionne plutôt bien et répond aujourd’hui à 50% des appels. La clé du succès est la qualité de la donnée et la collaboration avec les équipes. Nous avons besoin de l’expertise des agents ». Pour Alexis Semmama, directeur général d’Eridanis : « Beaucoup trop de projets IA sont encore lancés car " c'est la mode ". Quand un territoire décide simplement de "lancer un projet IA", c’est déjà mal parti. L’IA est un moyen, pas une finalité. Si elle s’impose comme la meilleure option, alors le projet évolue vers l’IA. Mais cela ne doit pas être un postulat de départ ».
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« Le département du Morbihan dispose d’un hyperviseur, qui permet notamment de faire du pilotage intelligent des bâtiments et de l’éclairage public. Ce type de solution peut faire peur à certaines petites collectivités, si elle est présentée sous son aspect technique. Il faut évoquer les usages qu’elle permet, comme par exemple la possibilité de mettre en place un pilotage à distance de l'éclairage par les citoyens ou les élus », a indiqué Didier Arz, Directeur Général des Services, Morbihan Energies. Selon Delphine Gloux, Cheffe de projet data, Nantes Métropole : « Notre charte de la donnée nous a permis de structurer nos pratiques et d’avoir une culture commune de la donnée. Elle a été complétée par notre boussole de l’IA qui intègre différents critères pour évaluer l’intérêt d’un projet d’IA (sobriété énergétique, conformité au cadre juridique, amélioration des conditions de travail des agents...). Tous nos projets d’IA sont passés au crible de cette boussole ».
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Durant sa prise de parole, Nicolas Marchal, Responsable Marchés Publics de l'opérateur "ielo", est revenu sur la place des infrastructures télécoms dans les projets TCD. « La colonne vertébrale des projets TCD est le réseau. C’est pourquoi nous avons déployé un réseau fibre multi-usages connectant aujourd’hui plus de 3300 villes, aux côtés des opérateurs existants. Et nous venons récemment de déployer ce réseau dans les principales villes bretonnes. Cela y était plus compliqué, car il n’y a pas d’autoroutes en Bretagne et nous utilisons largement la fibre autoroutière. Mais nous avons trouvé d’autres solutions. Désormais, 80% des entreprises françaises sont éligibles à ielo afin de disposer de connexions très haut débit dédiées. Et nous disposons de plus de 200 points de présence en datacenters, notamment pour des usages autour de l’IA ».
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« En matière de gestion des déchets, une de nos innovations est d’avoir mis en place un système de badges pour l’accès aux déchèteries. Cela nous permet de disposer de données pour optimiser l’usage de ces déchèteries », a déclaré Franck Guegano, responsable projets à la direction Prévention et valorisation des déchets, Lorient Agglomération. « Dans le cadre du projet Celtic, nous testons également des sondes IoT mesurant le taux de remplissage des PAV, afin d’optimiser les tournées des services et aussi pour guider les habitants vers les PAV non saturés. Mais pour l’instant, il y a encore un décalage entre les mesures des sondes et la réalité du terrain, avec la technologie laser comme avec celle du radar ».
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Selon Alexander Villalobos, Directeur marketing produits d’Hexadone : « L’optimisation des tournées grâce aux PAV connectés offre de multiples avantages. Elle permet de réduire les émissions de CO2 et la consommation de carburant des camions en allant sur le terrain uniquement quand cela est nécessaire. Elle permet également de faire gagner du temps aux équipes qui peuvent passer plus de temps à améliorer le service rendu aux habitants, par exemple en récupérant les déchets des séniors et en les mettant dans les PAV pour eux. Parmi les récentes évolutions du domaine : l’intégration de l’IA afin de trouver des corrélations entre le niveau de remplissage et la saisonnalité ou la météo ».
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« Aucun capteur de niveau de remplissage ne répond parfaitement à nos besoins. Il y a toujours une marge d’erreur d’environ 20% sur les mesures », a déploré Pierre Renault, Chef de projet data de Rennes Métropole. « Il y a aussi des problèmes d’occupation de la bande passante réseau. Certains capteurs envoient des informations trop souvent. Quand ils sont inactifs pendant un certain temps, ils décident d’envoyer des données, alors que cela n’est pas nécessaire. Ils polluent alors le réseau. Nous avons donc à la fois des problèmes de fiabilité des mesures mais aussi de performance réseau ».
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Jérémie Gachelin, Responsable Innovation Données Usage, Lorient Agglomération : « Afin de mieux anticiper les risques de submersion marine, nous développons de nouveaux capteurs adaptés à la spécificité de notre littoral, avec par la société Watteco et l’Université Bretagne Sud. Il y a notamment un fissuromètre servant à évaluer les fissures de digues qui doit être capable de résister aux tempêtes. Autres exemples : un capteur suivant le niveau d’eau sur le sable, un capteur mesurant le niveau d’ensablement et un capteur mesurant la houle et le niveau d’eau mais en mer (sur une bouée). Toutes ces mesures vont être traitées par IA afin de modéliser le comportement de la place et prédire les épisodes de submersion ».
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Mouncef Sedrati, Enseignant-chercheur en Géomorphologie littorale et Géologie Marine à l'Université Bretagne Sud : « Les données des capteurs évoqués par Lorient Agglomération doivent alimenter un jumeau numérique du littoral, qui intégrera aussi des données telles que les processus " hydrosédimentaire " (combinaison du comportement de l'eau et des sédiments de l’environnement côtier, NDLR). Nous allons aussi ajouter de la collecte d’informations par drones embarquant des capteurs hydrodynamiques (mesurant le débit de l’eau, sa pression, etc, NDLR). Nous utilisons aussi le dispositif CoastSnap, basé sur la participation des citoyens. Son principe : des supports pour smartphones installés le long du littoral permettent de prendre des photos " protocolées " et ainsi de participer au suivi du trait de côte. »
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Gwenvaël Le Guisquet, chargé de mission recherche indicateurs et programme scientifique à Lorient Agglomération : « Depuis plus de 20 ans, nous testons et déployons des outils pour suivre l’évolution de nos 130 km de littoral. Avec les nouveaux capteurs et le futur jumeau numérique du littoral, nous allons renforcer notre capacité à anticiper plutôt que de réagir. Les données terrain seront collectées 24h/24 et nous les croiserons avec d’autres informations, donc des données météo captées via des stations météo locales. Et grâce à l’IA, l’objectif est de prédire les épisodes de submersion afin d’alerter suffisamment en avance les communes pour qu’elles puissent prendre les mesures nécessaires ».
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« Il n’y a pas de méthode permettant de réaliser une analyse coûts/bénéfices des projets de TCD fonctionnant pour tous les territoires », a souligné Diane Collier, Chargée de mission Innovation territoriale et Numérique, Département du digital; Pôle écosystèmes & innovation, Banque des Territoires. « Chaque territoire doit donc trouver sa méthode. Mais un principe de base est de disposer de données mesurant la situation avant le lancement d’un projet TCD, afin de pouvoir mesurer son impact. Cela est incontournable ». Elle a évoqué plusieurs méthodes existantes, à la fois macro et micro. « Mais entre les deux il y a un manque. C’est pourquoi nous accompagnons des territoires, comme la Région Bourgogne-Franche-Comté, afin d’éprouver de nouvelles méthodes d'analyses coûts/bénéfices ».
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Selon Bertrand Asseray, Directeur général adjoint de Lorient Agglomération : « Pour évaluer un projet TCD, il ne faut pas que comptabiliser le coût purement financier mais aussi prendre en compte le temps homme ». Et de préciser que l’intérêt économique des projets TCD, à savoir de réaliser des économies sur les factures, est loin d’être secondaire. « C’est même bien souvent l’enjeu premier, avant la dimension environnementale. Nous menons tout de même des projets où l’objectif environnemental est prédominant (recherche de fuites d’eau, analyse des risques de submersion marine, optimisation de la collecte de déchets …) ».
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« La technologie LoRaWan est financièrement intéressante, notamment car exploite des bandes de fréquences gratuites. Elle consomme également peu d’énergie, avec des capteurs qui peuvent tenir jusqu’à 15 ans. Son coût relativement bas et sa sobriété de consommation énergétique sont parmi les raisons expliquant son succès auprès des territoires », a souligné Frédéric Drevon, Business Manager Territoires Connectés (Télérelève de l'Eau, Bâtiment Connecté et Eclairage Public) chez Netmore. « L’autre atout est la possibilité de développer des réseaux en propre. Nous proposons ainsi un cœur de réseau LoRa privé qui correspond à la majorité des demandes. Mais nous avons également un cœur de réseau opéré (issu d’Objenious) ainsi qu’une offre de cœur de réseau hybride, combinant les deux approches ».
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A l'issue des tables rondes et prises de paroles, les participants ont pu travailler sur la thématique de « l’innovation par la donnée » au cours d’ateliers organisés par InfraNum. Un exercice collectif, réalisé sous la forme d’un jeu de rôle où les participants devaient innover grâce à l’exploitation de la data dans divers domaines : suivi du trait de côte, gestion de l’eau, optimisation des consommations énergétiques des bâtiments et collecte intelligente des déchets.
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