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Assises de l'IA et des Territoires

Entre shadow IA et usages maitrisés, l’IA gagne du terrain

Intelligence artificielle

Optimiser la gestion de l’eau, modéliser les flux de déplacements, anticiper les inondations, détecter les départs de feux … les usages de l’intelligence artificielle (IA) dans les territoires dépassent désormais largement ceux de l’IA générative. Avec près d'une collectivité française sur deux travaillant aujourd’hui sur un projet IA, l’adoption de cette technologie continue de s’accélérer. Mais des questions restent en suspens. Comment s’assurer que l’IA répond véritablement aux attentes des collectivités ? Comment déployer des IA frugales ? Comment faire face au shadow IA ?


Ces sujets, et bien d’autres, ont été évoqués le 2 octobre dernier durant la cinquième édition des Assises de l’IA et des Territoires, organisées par Smart City Mag en partenariat avec la FNCCR, InfraNum et la Banque des Territoires. Retour en images.


Crédit photo : Pascal Yuan

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« L’IA est une révolution autant porteuse d’espoirs que de risques », a déclaré en introduction de l’évènement : Marie-Claude Charles, Directrice des Investissements Data, confiance numérique & IA à la Banque des Territoires. Elle a ainsi mis en avant la « capacité à prévenir et à anticiper » de l’IA, mais aussi « les risques de dépendance, d’opacité et de fracture numérique ». Et de rappeler également que la Banque des Territoires finance des projets d’IA, notamment au niveau de l’infrastructure. « Il n’y a pas d’IA sans data et sans infra », a-t-elle résumé.
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Geoffroy Boulard, vice-président de la Métropole du Grand Paris : « En avril dernier, nous avons mis en place une stratégie IA pour 2025/2027. Elle répond à deux ambitions : accélérer l’utilisation de l’IA dans les collectivités et les services locaux (sourcing de solutions IA, accompagnement des communes, expérimentations …) et développer un écosystème métropolitain d’IA urbaine dynamique et reconnu à l’international (club métropolitain IA, Chair De Recherche et d’innovation IA … ». Il a également évoqué la mise en place d’un programme de formation IA et plusieurs projets en cours dont " IA Eco Pilot " qui vise à optimiser la consommation énergétique de 7000 bâtiments potentiels.
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Bernard Giry, DG Transformation Numérique, Région Ile-de-France (à gauche) : « Parmi les cas d’usages de l’IA que nous avons industrialisés figurent l’utilisation de l’IA générative (LLM) pour la traduction de documents administratifs auprès du grand public et un outil d’aide à la décision pour attribuer les aides (350 dispositifs d’aides différents) ». Benoît Dehais, DSI au Conseil Régional d'Occitanie : « Nous utilisons l’IA pour prédire la consommation en eau ou vérifier des compétences pour des demandeurs d’emploi. Mais nous avons aussi 50% de nos agents qui font du shadow IA, en dehors donc des outils IA corporates. En 2026, nous allons rédiger une charte numérique de l’IA avec des restrictions d’usages ».
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Filipe Bica, Directeur Cybersécurité, Cloud et IA chez Gigali : « Notre fabrique de l’IA territoriale est un dispositif unique en France. Structurées autour d’un accord-cadre, une trentaine d’entreprises y proposent des solutions d’IA sur étagère ou sur mesure, des solutions d’acculturation, des outils de distribution d’IA, avec également un lot de solutions open-source. Il s’agit de solutions éprouvées et testées par des territoires ». Claire Sacheaud, Administratrice générale de la donnée, Nantes Métropole - Ville de Nantes : « Notre boussole de l’IA intègre 7 critères pour évaluer l’intérêt d’une solution ou d’un projet d’IA. Parmi eux : la conformité au cadre juridique, la contribution à l'amélioration des conditions de travail des agents publics, le respect des engagements en matière de sobriété énergétique et l'évaluation du bénéfice par rapport à une solution alternative sans IA ».
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Mick Levy, IA Directeur Stratégie & Innovation chez Orange Business (à gauche), est revenu notamment sur le phénomène du shadow IA : « L’enjeu du shadow IA est considérable. Il représente près de 60% des utilisations de l’IA dans les territoires. Mais c’est la mer de tous les dangers : fuite d’informations, confidentialité des données … Il faut s’y attaquer, sinon c’est un aveu de faiblesse ». Pour lutter contre le shadow IA, Orange Business a fait la démonstration de son outil "Live intelligence ", qui regroupe au sein d’un portail simple et ergonomique les meilleurs outils d’IA, avec déjà 18 000 assistants IA pré-paramétrés.
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Stéphanie Morland, Directrice Enjeux numériques et Innovation territoriale, Pôle Attractivité économique, Innovation et Mobilités, agglo de Paris-Saclay : « URBA(IA) est un jumeau numérique intégrant de l’IA destinée aux élus et services de l'agglomération Paris-Saclay. Il permet notamment d’anticiper l’impact écologique des évolutions des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) et des projets urbains. Nous avons également un projet pour prévenir les inondations par ruissellement grâce à l’IA ». Matthieu Porte, coordinateur des activités IA à l’IGN : « Le jumeau numérique de la France et des territoires est basé sur un appel à communs invitant tous les acteurs publics et privés à co-construire ce jumeau numérique, en partageant leurs données. Dans ce cadre, nous utilisons de l’AI pour produire plus de données et plus rapidement ». (lire SCM N°66).
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Fréderic Calard, Responsable du Centre Technique Municipal / Directeur de la Logistique et de la Propreté, Ville de Bourg-en-Bresse : « Nous avons déployé un outil de mesure de la propreté de nos rues, basé sur l’IA. Les données sont collectées via des balayeuses de voirie équipées de caméras. Ces données sont ensuite analysées via l’IA pour catégoriser, quantifier et géolocaliser les déchets et ainsi mieux cibler les zones où intervenir ». Barbara Cuffini Valero, Responsable du pôle Transition numérique, Direction de l’Investissement, Banque des Territoires : « Il ne faut pas négliger les "anciennes IA ", qui optimisent des systèmes existants en y ajoutant notamment des fonctions de prédiction. Nous accompagnons par exemple un projet pour prédire les évolutions du trafic et mettre en relation les mobilités et la pollution de l’air ».
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Olivier Jeannerot, Chef du service Traitement et Transfert des Eaux à Grand Besançon Métropole (à gauche) : « Nous avons comparé l’IA et la méthode traditionnelle pour détecter les fuites d’un réseau d’eau. Les apports de l’IA se sont révélés insuffisants par rapport au coût de la solution. Nous avons également mis en place une optimisation de la consommation énergétique des stations d’épuration par IA. Résultat : un gain de 7% sur une station ancienne. Nous allons tester la solution sur une station plus récente. » Léo Bertin, Directeur de Projet Territoires Intelligents et Durables, Eridanis : « La qualité de la base de données alimentant l’IA est cruciale : "garbage in / garbage out". Si les données n’ont pas été préparées, les résultats de l’IA seront peu fiables ou même faux. Autre point de vigilance : le facteur humain dans un projet IA. Il faut planifier des journées avec les équipes terrain pour bien comprendre leurs contraintes et besoins ».
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Guillaume Dubrulle, Chargé d'études mobilité chez AGUR, Agence d'urbanisme et de développement de la région Flandre-Dunkerque : « Depuis deux ans nous modélisons le trafic routier avec l’aide de l’IA afin d’anticiper les déplacements des personnes (solution d’Aimsun). Nous pouvons par exemple simuler les reports de flux d’un projet d’aménagement du territoire. L’outil exploite des algorithmes classiques, mais l’IA permet d’aller plus vite et plus loin. Un des objectifs est d’accélérer la construction des plans de circulation, qui peuvent prendre plusieurs mois ».
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Aurore Colson, élue régionale déléguée au numérique et à la lutte contre l'illectronisme, Région Hauts-de-France : « Nous avons lancé fin 2024 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour soutenir les expérimentations utilisant l’IA sur nos territoires. Son objectif : la sensibilisation collective, le conseil en tiers de confiance et le financement d’expérimentations avec un enveloppe de 5 millions d’euros issus du fonds européen FEDER. Nous avons obtenu 50 réponses avec des projets divers autour de l’eau, de l’énergie, de la mobilité ou d’usages internes aux administrations. Deux projets sont déjà financés et trois le seront en décembre ».
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Lieutenant-colonel Cédric Desbois, chef du projet vidéo-détection des feux de forêt au SDIS37 : « Nous utilisons l’IA pour analyser les images de caméras et détecter automatiquement les départs de feux sur massif forestier et sur des terres agricoles à une distance de 20 km. L’IA permet une surveillance permanente, mais elle doit encore apprendre, car nous avons 27% de faux positifs. Nous visons les 10% d’ici l’été prochain ». Juliette Fropier, Cheffe de projet intelligence artificielle et transition écologique, Ministères Écologie Énergie Territoires : « l’appel à projets "Démonstrateurs d'IA frugale au service de la transition écologique dans les territoires" (DIAT), a permis de financer 12 projets lauréats, plutôt sur le domaine de l’atténuation au changement climatique. Nous voudrions aujourd’hui davantage de projet sur l’adaptation ». Amaury Chevalet, Chef de projet Data et IA sur l'Eau, région Centre Val de Loire : « Le projet PrevizO, lauréat du DIAT, vise à anticiper les épisodes de stress hydrique et mieux gérer nos ressources en eau grâce à l’IA. Le dispositif, qui exploite notamment des données de capteurs, des modèles physiques existants et des images satellites, se révèle très fiable à 7 jours. A 6 mois, la marge d’erreur reste importante ».
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La cinquième édition des Assises de l’IA et des Territoires s’est conclue par des ateliers collaboratifs. Les participants pouvaient travailler ensemble sur les usages de l’IA et partager leurs expériences en la matière. Parmi les questions soulevées : Utilise-t-on l’IA à son plein potentiel ? Quelles en sont les limites ? Quel est son utilité sur le terrain ?
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