Le 25 septembre dernier, le producteur d’énergies renouvelables Kallista Energy a inauguré une station de recharge ultra-rapide pour véhicules électriques d’un nouveau type. Sa spécificité : la station est directement raccordée à un parc de cinq éoliennes via un câble de deux kilomètres de long. Les quatre points de charge sont ainsi alimentés par l’énergie éolienne 80% du temps. Quand le vent n’est pas suffisant, le réseau électrique classique est utilisé en renfort. Et s’il y a un surplus de production éolien, il est injecté dans le réseau électrique.
L’intérêt du dispositif ? « C’est un circuit court, qui permet de réduire le coût de la recharge. Le prix de cette recharge ultra-rapide, allant jusqu’à 400 kW, est ainsi de 30 centimes le kWh », confie Johann Tardy, président du Groupe Kallista Energy. A titre de comparaison, sans ce circuit court, le tarif pour une recharge ultra-rapide est plutôt de 55 centimes le kWh, indique Kallista Energy. Le circuit court permet ainsi des économies de l’ordre de 40%. « Notre station de recharge de Breteuil est la preuve qu’il est possible de rendre la recharge très haute puissance accessible sur tous les territoires avec les énergies renouvelables », poursuit le responsable.
Renforcer l’attractivité des territoires
Côté collectivité, ce type de solution serait de nature à développer l’attractivité du territoire, estime Kallista Energy. « Une recharge à 400 kW est intéressante pour les automobilistes en itinérance, qui peuvent ainsi récupérer 80% de l’autonomie de leur véhicule en seulement 15 à 20 minutes », précise Guillaume Kosman, directeur mobilité électrique chez Kallista Energy. « Elle s’adresse aussi aux habitants intéressés par la recharge ultra-rapide, qui est difficilement accessible à domicile à cause de son coût élevé (entre 50 000 et 100 000 euros) ».
Pourquoi Breteuil ? Il s’agit du site historique de Kallista Energy. C’est à l’occasion du renouvellement du parc d’éoliennes déployé sur ce territoire (pour passer à des modèles plus performants) que l’entreprise et la commune ont étudié la pertinence du raccordement direct. « Nous avons regardé, avec les élus de la ville de Breteuil, s’il y avait des besoins pour la recharge ultra-rapide, aujourd’hui et sur les années à venir. Et c’était le cas », confie Johann Tardy. Même si les véhicules capables d’accepter une recharge à 400 kW ne sont pas encore majoritaires, leur nombre évolue rapidement, estime Kallista Energy. « C’est un déploiement sur le long terme, nous nous projetons sur les 20 prochaines années. »
La ville de Breteuil n’a pas participé au financement du dispositif, dont le montant n’est pas public. En revanche, elle a collaboré à l’étude de faisabilité, à mis à disposition du foncier public pour le site et communique auprès des habitants et des visiteurs pour promouvoir le dispositif. « Ce type de projet ne peut être réalisé sans une collaboration étroite avec la collectivité », souligne le dirigeant de Kallista Energy.
Vers un réseau national
Selon l’entreprise, le projet de Breteuil est duplicable dans d’autres territoires. Son ambition est d’ailleurs de développer un réseau national, sous la marque YAWAY, avec un objectif de 90 stations déployées à travers la France d’ici 2030. La majeure partie seront en raccordement direct (éolien ou solaire), mais certaines devront exploiter une connexion classique au réseau, précise l’entreprise. « Nous sommes prêts. Ces déploiements se feront au rythme des autorisations préfectorales qui sont nécessaires pour les projets éoliens ou photovoltaïques », explique Guillaume Kosman. « L’obtention de ces autorisations est parfois difficile, mais nous sommes convaincus que la situation va évoluer. »
Selon Johann Tardy : « les énergies renouvelables et la mobilité électrique nous offrent une opportunité historique, celle de libérer notre avenir de la dépendance aux énergies fossiles, responsables de pollutions massives et du réchauffement climatique, tout en renforçant notre souveraineté énergétique de manière durable et économiquement maîtrisée. »