Smart Côte d’Or. C’est par ce nom de projet que le département vise l’automatisation des bâtiments publics. La première étape a consisté en une expérimentation sur l’un de ses édifices, la Cité départementale Henry Berger à Dijon. La Côte d’Or a présenté les contours de son projet lors de l’Université de la transformation numérique des territoires d’InfraNum, les 16 et 17 septembre dernier à Dijon, insistant sur « l’importance de récupérer des données sur les bâtiments de manière massive », a affirmé Gérôme Aubert, directeur du numérique et de l’intelligence artificielle au sein du Conseil départemental de la Côte d’Or.
Ce projet de grande ampleur a débuté il y a tout juste quelques mois. La consultation pour obtenir, dans le cadre d’un POC IoT, des capteurs de gestion bâtimentaire et une plateforme d’optimisation énergétique a en effet été émise en avril dernier. L’intégrateur Ubicité a été retenu pour réaliser le projet, avec Requea pour fournir le réseau et Kuzzle en tant que fournisseur de la plateforme. « Nous avons été notifiés une à deux semaines plus tard », s’est rappelé Nicolas Charlier de Chily, business manager chez Kuzzle.
Le Conseil départemental a fixé aux trois partenaires quatre pré-requis. Le premier était avant tout de recourir à une solution open source pour assurer une souveraineté numérique. La deuxième contrainte portait sur le timing : le déploiement des capteurs devait être réalisé en une vingtaine de jours et les premiers éléments d’hypervision fournis sous 45 jours, afin de pouvoir présenter le projet devant 500 maires de la Côte d’Or. L’interopérabilité avec les systèmes existants était la troisième demande, le projet devant servir à enrichir le jumeau numérique du bâtiment créé pour avoir une visualisation en temps réel des données du bâtiment.
Enfin, le commanditaire souhaitait que la solution puisse évoluer vers l’intégration de l’intelligence artificielle. « Nous voulons améliorer grâce à l’IA la gestion de l’énergie et le ressenti des usagers en fonction des installations, par exemple si telle pièce dispose d’un chauffage en fonte. Et par la suite nos voulons réaliser le bilan environnemental du cycle de vie de la solution », a ajouté Gérôme Aubert.
200 capteurs sur 8 200 m²
Deux antennes indoor et une outdoor en LoRaWAN, fournies par Kerlink, ont été installées par Requea, chargé du cœur de réseau. Leur rôle est de faire communiquer près de 200 capteurs sur les 8 200 m² de la Cité départementale Henry Berger, déployés dans l’objectif de suivre six usages liés à l’énergie et au confort dans le bâtiment : l’occupation des salles, la gestion de leur température et de leur qualité de l’air, le monitoring de l’éclairage, le suivi des fluides énergétiques et la production des panneaux photovoltaïques installés sur le toit de l’édifice public. « Il nous faut de nouveaux process et nous structurer en interne pour réaliser une bonne gestion de données en temps réel », nous a précisé Gilles Grisard, ingénieur R&D appliquée au numérique et à l'innovation du département de la Côte d'Or.
L’éditeur Kuzzle s’est pour sa part focalisé sur la simplicité d’usage de la plateforme : « Une photo du capteur apparaît en haut de chaque tableau de bord pour que l’utilisateur face le lien entre le matériel sur site et les données analysées. Nous avons travaillé sur l’aspect ludique de la plateforme pour faciliter l’exploitation de la donnée par des personnes qui ne sont pas forcément familière de cet usage », nous a raconté Nicolas Charlier de Chily avant d’ajouter : « Ce point est souvent un élément d’échec des projets de territoire connecté et durable : une restitution telle quelle d’une donnée technique conduit à manipulation dans un autre Excel. Par manque de temps, les utilisateurs abandonnent le projet. »
Ces six mois d’expérimentation, qui s’achève le 16 octobre, ont permis de valider l’architecture IoT, qui est revenu à un montant inférieur à 50 000 euros. Le Conseil départemental de la Côte d’Or prévoit d’étendre les usages testés à « l’optimisation des stationnements, au pilotage des énergies renouvelables et à l’analyse par IA », a indiqué Bernard Bourin, directeur du développement chez Ubicité. Puis la solution passera à l’échelle, sur l’ensemble de ses quelque 150 bâtiments publics, comme le futur campus territorial. Les collectivités du territoire sont invitées à observer les résultats de la solution pour la déployer à leur tour.