Les collectivités sont aujourd’hui confrontées à une équation complexe : gérer la croissance continue des volumes de données tout en faisant face à des exigences accrues en matière de sécurité, de souveraineté, de performances et de continuité de service. C’est dans ce contexte que TDF et Inetum (1) ont décidé de s’associer pour proposer une offre commune d’hébergement de proximité, structurée autour des data centers régionaux opérés par le premier, et des capacités d’intégration et d’exploitation IT du second.
« Ce n’est pas forcément l’activité la plus connue de TDF, mais nous avons hérité, au moment du passage à la TNT, de milliers de mètres carrés sécurisés que nous avons transformés en data centers », explique Rémi de Montgolfier, directeur des edge data centers chez TDF, « aujourd’hui, avec la digitalisation croissante des entreprises et des collectivités, combinée aux attentes de souveraineté, la demande en hébergement régional s’accélère. »
En effet, de nombreuses collectivités réfléchissent à l’optimisation de leur hébergement de données en fonction de leurs besoins : cloud public, cloud privé, on premise, hybridation… Les stratégies convergent rarement entre communes, départements ou régions, mais une constante revient : la nécessité de maîtriser les données sensibles.
Une demande boostée par l’IA
« Dans les collectivités, le sujet de la souveraineté, ou plus exactement de l’autonomie stratégique, est devenu essentiel », souligne Jérôme Morlier, directeur des alliances chez Inetum France, « certaines d’entre elles avaient fait le choix d’un hyperscaler et commencent à remettre en question certaines certitudes, notre rôle est de les accompagner pour qu’elles disposent de la bonne lecture des choses, car toutes les données n’ont pas besoin du même niveau de sécurisation ».
Au-delà de la souveraineté, l’IA constitue incontestablement un autre moteur majeur de la demande en hébergement régional. « Globalement, nous sommes encore dans une phase d’entraînement des modèles d’IA, mais lorsque nous allons réellement commencer à jouer avec ces modèles (la phase d’inférence), il va devenir important de rapprocher les données de la puissance de calcul », souligne Rémi de Montgolfier.
Départements et régions comme cibles principales
TDF exploite actuellement cinq data centers régionaux, situés à Paris, Lille, Rennes, Bordeaux et Marseille. Plusieurs collectivités y hébergent déjà tout ou partie de leur système d’information : les métropoles de Lille, Bordeaux et Aix-Marseille, la région Bretagne, le département du Nord, entre autres. « Aujourd’hui, nous louons des mètres carrés sécurisés, alimentés et connectés », résume Rémi de Montgolfier, « derrière Inetum installe le matériel informatique et opère les infrastructures IT ». Les deux partenaires ciblent particulièrement les régions et départements, souvent confrontés à des SI complexes, hétérogènes et multiconnectés (établissements de santé, collèges/lycées, infrastructures territoriales…).
À moyen terme, TDF ambitionne d'élargir sa couverture nationale, précisément en construisant deux nouveaux data centers à Lyon et Toulouse. « Il s’agira cette fois-ci de constructions neuves, ce qui facilitera l’acceptabilité locale », indique Rémi de Montgolfier, « mais nous ne pouvons encore annoncer dans quels délais ces bâtiments sortiront de terre ».
(1) Il faut noter que l'actionnariat de TDF est aujourd’hui majoritairement composé de fonds d’investissement canadien, néerlandais et britannique, alors qu’Inetum est détenu en grande partie par l’Américain Bain Capital Private Equity.



