Le 18 novembre dernier, à l’occasion du Salon des Maires, le Cerema et le CNES (Centre national d'études spatiales) ont signé un accord-cadre de partenariat pour renforcer leur collaboration autour des données et services d’imagerie satellitaire, notamment à destination des collectivités. « Ce partenariat unit l’expertise spatiale du CNES et la connaissance opérationnelle des territoires du Cerema pour délivrer des services concrets aux acteurs publics et aux collectivités », a déclaré Pascal Berteaud, Directeur général du Cerema.

Conclu pour une durée de cinq ans, ce partenariat a pour objectif de consolider une coopération déjà établie depuis plusieurs années dans différents domaines. Parmi eux : le Space for Climate Observatory (SCO), une initiative internationale lancée en 2019 pour lutter contre les impacts du changement climatique et s'y adapter grâce aux données satellitaires. Dans ce cadre, le CNES et le Cerema ont par exemple travaillé sur l’observation de l'évolution d'une zone humide littorale par imagerie satellite. Les deux acteurs collaborent également dans le cadre du Laboratoire Observation de la Terre (Lab'OT) qui accompagne les entreprises et les acteurs publics dans l'utilisation des technologies spatiales d'observation.

Développer de nouveaux services et jeux de données

« Nous travaillons déjà régulièrement avec le CNES. Grâce à ce partenariat nous allons rendre encore plus concrète cette collaboration », résume Arnaud Ceyte, responsable du pôle satellite du Cerema. « Nous sommes experts dans la télédétection, c’est-à-dire le traitement de différents types d’imageries satellitaires. Grâce à l’appui technique et financier du CNES (via le SCO) nous allons pouvoir développer de nouveaux services et jeux de données que les collectivités pourront exploiter, notamment dans leur mission d’aménagement du territoire ».

Parmi les principaux domaines dans lesquels ces données et services satellitaires seront développés sont : les jumeaux numériques de territoires, la surveillance des infrastructures et la cartographie de la surchauffe urbaine.

Concernant les « digital twins », les images satellites font partie des données exploitées pour le rendu du terrain, aux côtés notamment de données topographiques qui ajoutent la dimension 3D (MESH 3D ou ORTHO 3D) ou encore de données issues de la captation LiDAR. Rappelons que les jumeaux numériques de territoires sont utilisés par exemple pour du cadastre solaire, la simulation d’inondations ou de submersion marine, l’identification des îlots de chaleur et bien entendu pour tester différents scénarios d’aménagements urbains (lire SCM N°66). « Nous allons étudier comment les images satellites et indicateurs dérivés d’images satellite peuvent contribuer à enrichir des jumeaux numériques », explique-t-on au Cerema.

Surveiller les routes et les voies ferrées

Autre grand domaine d’application du partenariat : la surveillance des infrastructures. Il s’agit ici principalement de la surveillance des routes et voies ferrées. « Les technologies radar des satellites permettent de comparer deux images pour identifier des évolutions des routes ou voies ferrées de l’ordre de quelques centimètres à quelques millimètres. Ces évolutions résultent par exemple de mouvements du sol ou de retrait-gonflement des argiles », précise Arnaud Ceyte.

La cartographie de la surchauffe urbaine est également évoquée par les deux partenaires. Rappelons que l’imagerie satellite peut participer à l’identification des îlots de chaleur urbains (ICU) au niveau de la classification des zones climatiques locales (LCZ). Cette classification, reconnue internationalement, décrit des zones selon 17 classes, caractérisées notamment la morphologie des rues, celle du bâti, les revêtements du sol, etc. C’est en se basant sur cette classification LCZ que des territoires cartographient les îlots de chaleur, en leur ajoutant notamment des données locales de températures.

D’autres domaines sont également couverts par ce partenariat dont la production de données détaillées de végétation, l’identification de secteurs pertinents à désimperméabiliser, la prévention des risques d’inondation, la surveillance du recul du trait de côte ou l’analyse de l’éclairage artificiel nocturne. Autant de sujets déjà traités par le pôle satellite du Cerema, mais l’idée est de continuer à les valoriser et à les affiner, explique Arnaud Ceyte.

La gouvernance du partenariat repose sur un comité de pilotage annuel et un comité technique se réunissant au moins deux fois par an. Des groupes de travail dédiés et des accords de coopération spécifiques pour les projets majeurs sont également prévus. Enfin, s’il s’agit principalement d’un échange de compétences, le partenariat prévoit également un renforcement de la collaboration autour du Space for Climate Observatory (SCO) qui intègre un appui financier du CNES auprès du Cerema.