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Impacts environnementaux du numérique : attention aux effets rebonds, prévient l’Ademe

Environnement

Dans une récente étude baptisée « IT4Green », l’Ademe évalue les impacts environnementaux de plusieurs cas d’usages intégrant des solutions numériques, dont deux concernent les territoires : la digitalisation de l’éclairage public et le développement du télétravail. Conclusion : les bénéfices environnementaux du numérique sont indéniables, mais attention aux effets rebonds qui pourraient annuler le gain initial. Explications.

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La massification du télétravail génère un gain de 8 Kg de CO2 par an et par habitant, ce qui reste modeste , estime d'Ademe. Il ne constitue donc pas un levier essentiel de la transition écologique et énergétique d’un territoire. Photo générée par IA.

Quel est le bilan environnemental de la numérisation de l’éclairage public et du développement du télétravail sur un territoire ? L’étude « IT4Green » de l’Ademe fournit des éléments de réponses chiffrés à ces questionnements, en se basant sur la méthode d'analyse de cycle de vie (ACV). Concrètement, l’Ademe évalue les impacts environnementaux des solutions numériques sur les différentes phases de leur cycle de vie : fabrication, distribution, usage (exploitation) et fin de vie.


Résultat : « Le numérique peut être un allié, à condition de le piloter avec sobriété, d'anticiper ses potentiels effets néfastes comme le rebond, et de l'inscrire dans une stratégie de transition globale, plutôt que de le voir comme un unique levier d'optimisation », explique Erwann Fangeat, coordination technique de l'étude.


Selon l’agence, le principal danger du numérique est donc l’effet rebond, qui n’est pas toujours pris en compte. « Un effet rebond est la réallocation d’un gain financier, énergétique ou d’autre nature vers une autre activité qui risque d’annuler le gain initial de la solution », résume Erwann Fangeat. Par exemple, dans le cas de la numérisation de l’éclairage public (EP), un effet rebond serait de dépenser les gains financiers réalisés sur d’autres domaines, par exemple en construisant de nouveaux bâtiments publics. Pour ne pas "plomber" le bilan environnemental de cette modernisation, il faut que ce réinvestissement soit orienté vers des activités non polluantes. Construire une nouvelle école grâce aux économies de l’EP risque par exemple d’annuler le gain initial du projet.


Un bilan positif pour l’EP « low-tech »

L’étude se base sur différents scénarios de numérisation. Dans le cas de l’éclairage public, un premier scénario consiste à réaliser un passage à la LED (relamping) avec une simple programmation d’usine pour de la gradation nocturne (abaissement de luminosité en cœur de nuit). Le réseau d’éclairage n’est pas connecté et il n’y a donc aucun pilotage à distance. Résultat : cette approche « low-tech » génère des gains environnementaux sur l’ensemble des critères analysés. « Ces gains sont significatifs à l’échelle d’une ville de 50 000 habitants (…) L’abaissement simple semble être une solution pertinente afin de réduire les impacts environnementaux de l’éclairage public », peut-on lire dans l’étude.


Autre scénario : un réseau d’éclairage connecté au point lumineux (par exemple via la technologie LoRa) avec du pilotage à distance. Cette solution est plus complexe car elle intègre un réseau de communication, des échanges de données et une plateforme de supervision. « Les bénéfices nets sont inférieurs à ceux de la solution simple, notamment à cause des impacts des équipements déployés en voirie (nombre et complexité) », estime l’étude. D’un point de vue purement environnemental, la solution non connectée est donc plus pertinente que la solution avec un pilotage au point lumineux.


Notons cependant que l’étude ne traite pas d’une autre approche, pourtant très généralisée, qui est le pilotage à l’armoire. Cette approche est en revanche analysée par l’Observatoire des territoires connectés et durables réalisé à l’initiative d’InfraNum et de la FNCCR. Il conclut que l’EP piloté à l’armoire permet des économies d’environ 10% par an (en plus du passage à la LED), avec également des économies de déplacement des techniciens pour reprogrammer les scénarios d’éclairage (potentiellement 5,5 millions d’euros d’économies en France).


Des résultats très mitigés pour le télétravail

Concernant le télétravail, l’étude analyse les effets d’une massification sur un territoire, au niveau des entreprises comme des administrations publiques. Parmi les effets positifs : il y a bien entendu une diminution de la consommation de carburant, mais aussi une réduction des projets de construction de nouveaux espaces de travail ainsi qu’une moindre consommation d’énergie dans les bureaux.

 

Mais les effets négatifs sont nombreux avec notamment une hausse de la consommation d'énergie à domicile et un impact sur l’épuisement des ressources en métaux et minéraux (ADPe) lié aux équipements informatiques supplémentaires. Cela entraîne également une réduction des trajets à la sortie du travail (aller faire les courses, aller chercher les enfants à l’école) qui peuvent être parfois moins impactant que s’ils sont réalisés depuis son domicile. Au final, le bilan environnemental d’une massification du télétravail est donc mitigé.

 

« L'adoption massive du télétravail ne contribuerait qu'à hauteur de 2 à 4% aux efforts de décarbonation du secteur des voitures particulières, et ce gain est amené à s'atténuer avec l'électrification du parc automobile », souligne l’Ademe. « La massification du télétravail génère un gain de 8 Kg de CO2 par an et par habitant, ce qui reste modeste », précise Erwann Fangeat. « Il ne constitue donc pas un levier essentiel de la transition écologique et énergétique d’un territoire », conclut-il.

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