« Cette sélection de solutions d’IA ne prétend pas à l’exhaustivité. L’objectif est de partager une photographie des solutions disponibles et de donner un aperçu de l’écosystème qui les porte, afin d’aider les acteurs publics à identifier celles qui peuvent concrètement appuyer leurs missions », résume Victor Delavaud, responsable des relations institutionnelles IA à la Dinum.
La Direction interministérielle du numérique (Dinum), aux côtés de la Direction générale des entreprises (DGE), de la Direction des achats de l’État (DAE) et de la mission French Tech, viennent de publier une sélection d’environ 100 solutions d’intelligence artificielle, principalement des solutions françaises et européennes. Ce panorama se destine aux administrations centrales et déconcentrées comme aux collectivités territoriales. Il est le résultat de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) autour de solutions "sur étagère" d'intelligence artificielle générative (IAG) pour le secteur public, lancé en avril dernier.
L’AMI a reçu 435 candidatures de solutions déposées par 388 entreprises. À l’issue de l’analyse, environ 100 solutions ont donc été retenues et référencées dans une cartographie. Notons qu’il s’agit d’une sélection basée sur des données déclaratives et que certaines entreprises pertinentes n’ont pas candidaté dans les temps, d’où la dimension non exhaustive.
La sélection s’est appuyée sur plusieurs critères. Le principal est l’impact démontré sur les missions de service public (si possible avec des chiffres à l’appui). Autre critère : le niveau de maturité fonctionnelle (un des critères les plus discriminants). La capacité d’intégration aux SI existants et la conformité déclarée (sécurité, protection des données, accessibilité), ont également été prises en compte.
Au-delà des l’IA générative
Ce panorama présente des solutions d’IA générative, mais pas uniquement. Des filtres permettent ainsi d’identifier les solutions par familles fonctionnelles (conversation, RAG, vision par ordinateur, transcription, détection de fraude, etc.), thématiques (juridique, santé, culture…), nature (brique technologique ou solution applicative) et modalités d’hébergement (SecNumCloud, on-premise). Elle offre ainsi un point d’entrée rapide pour repérer des offres « prêtes à l’emploi » et inspirer les démarches d’achat, sans se substituer aux vérifications juridiques et techniques propres à chaque projet.
Parmi les cas d’usage directement utiles aux territoires figurent, par exemple, un assistant juridique dédié aux secrétaires de mairie, des agents conversationnels internes sécurisés pour la rédaction ou le tri des courriels, des outils d’analyse documentaire et de synthèse pour accélérer l’instruction, ou encore des briques de vision par ordinateur pour l’exploitation de flux vidéo en sécurité urbaine.
Des modèles économiques pas toujours adaptés
La réalisation de ce panorama permet d’établir plusieurs constats. Tout d’abord : « L’offre est aujourd’hui très abondante, souligne Victor Delavaud. Elle couvre une large diversité d’usages correspondant aux missions des administrations. Certaines solutions, toutefois, demeurent trop génériques et ne répondent pas pleinement aux besoins et exigences propres du secteur public ».
Par ailleurs : une part importante des solutions repose encore sur des modèles commerciaux conçus pour le B2B classique, avec des licences par utilisateur et des frais d’intégration parfois élevés. « C’est un point de vigilance pour les acheteurs publics : il leur revient de cadrer précisément leurs besoins et leurs clauses afin de sécuriser l’usage des données et la soutenabilité financière des entreprises avec lesquelles ils contractualiseront ».
Quelle sera la suite de la publication de ce panorama ? La Dinum évoque l’organisation prochaine de « speed meeting » entre les éditeurs lauréats et des administrations publiques, pour que « l’offre rencontre la demande et que chacun saisisse mieux les contraintes et attentes de l’autre ». Également en perspectives : la définition d’une stratégie d’achat autour des solutions d’IA, assortie de clauses types et des vecteurs d’achat, réalisée avec la DAE. « Les collectivités territoriales pourront bien entendu s’en inspirer », conclut Victor Delavaud.