Plusieurs acteurs publics et privés ont annoncé le lancement d’un nouvel outil au service de la souveraineté numérique : l’IRN (Indice de Résilience Numérique). Précisément, ce dernier aura vocation à permettre la mesure de la dépendance numérique et de la résilience des organisations (entreprises et collectivités) vis-à-vis des solutions des grands acteurs mondiaux, notamment américains. Cela concerne les logiciels, les données, les infrastructures, les actifs technologiques, les compétences, la gouvernance…
RTE et Docaposte (filiale numérique du groupe La Poste) sont les entreprises pilotes de cette initiative, aux côtés d’Ascend Partners, Probabl et du think tank Digital New Deal. Mais d’autres acteurs ont déjà rejoint le projet (Ouest-France, Caisse des Dépôts, CMA-CGM, MAIF, SNCF, Groupe ADP, Orange).
« Nous sommes partis d’un constat que nous partageons tous, celui de la dépendance technologique à des solutions numériques étrangères, aujourd’hui seulement 1% des achats bénéficie à des acteurs nationaux », explique Olivier Vallet, PDG de Docaposte, « ce constat a été renforcé par l’élection de Donald Trump et, désormais, il existe une prise de conscience massive des entreprises et des collectivités sur ce sujet ». Le Cigref a d’ailleurs chiffré à 265 milliards d’euros le coût de la dépendance numérique de l’Europe, principalement vis-à-vis des États-Unis.
Des critères quantitatifs et qualitatifs
Concrètement, l’IRN mesurera des critères quantitatifs : lieux de stockage des données, part des achats de logiciels européens, recours à des technologies ouvertes et diversité des fournisseurs. Mais une approche qualitative est également prévue, notamment pour évaluer l’appropriation managériale des risques numériques, la préparation des organisations et leur capacité de résilience, le suivi opérationnel des évolutions réglementaires et le niveau d’autonomie.
« L'objectif n' est pas de distribuer des bons points ou de pointer des carences, mais il nous manquait un indicateur de référence susceptible d’aider les DSI à mesurer la concordance entre leur feuille de route stratégique et la réalité de ce qui se passe dans leur organisation », poursuit Olivier Vallet, « l’IRN va objectiver et cartographier les dépendances critiques ». En effet, des radars visuels et des rapports stratégiques auront vocation à permettre aux entreprises et collectivités d'identifier clairement les points qu’elles doivent améliorer et les actions qui doivent être engagées.
« Pour l'heure, l’indice IRN est dans une phase de co-construction, nous travaillons pour avoir un outil pertinent et simple d’utilisation pour toutes les structures », souligne Sébastien Henry, directeur exécutif R&D, SI et numérisation chez RTE, « nous nous sommes fixé l’échéance de mi-2026 pour le publier, mais toutes les entreprises et les collectivités territoriales qui souhaitent nous rejoindre dans cette phase de construction sont les bienvenues, car la pertinence de l’indice n’en sera que meilleure ».
À noter enfin que l’IRN sera adossé à un baromètre macroéconomique, le BSN (Baromètre de Souveraineté Numérique) qui mesurera, secteur par secteur, les axes d’améliorations technologiques possibles au niveau européen.