Chauffer l’hiver avec le soleil de l’été. C’est en ces termes que l’on pourrait résumer l’ambition que poursuit la société francilienne Accenta en déployant, sur le campus de l’École Polytechnique de Palaiseau, une technologie de stockage intersaisonnier de chaleur. Le projet, qui s’inscrit dans le cadre du démonstrateur Smart-Grid Thermique & Électrique initié par le Centre interdisciplinaire Energy4Climate, concerne une résidence de 4 800 m² destinée aux membres du personnel de l’X et à des étudiants mariés. Il repose sur un mix énergétique inédit, associant géothermie de surface, panneaux solaires photovoltaïques, pompes à chaleur et pilotage intelligent de l’ensemble.
Précisément, 14 sondes verticales de 185 mètres, couplées à deux pompes à chaleur géothermiques, vont être installées. Un complément aérothermique est prévu, ainsi que deux centrales solaires de 286 m² en toiture. « Cette expérimentation va nous permettre d’aller plus loin en matière de stockage intersaisonnier en ajoutant cette fois-ci de la production d'électricité photovoltaïque que nous pourrons stocker sous forme thermique et non pas dans des batteries », explique Jean Wimmer, business development manager d’Accenta. Autant dire une révolution sur un marché qui bute justement sur le stockage de l’énergie photovoltaïque ! Mais alors, sur quoi repose le stockage intersaisonnier ? Le principe est relativement simple : durant l’été, des calories sont réinjectées dans les sondes géothermiques installées, avec l’objectif de faire remonter la température du sous-sol et de maintenir cette dernière jusqu’à l’hiver.
Hybrider les systèmes pour ne pas gaspiller d’énergie
« D’une manière générale, la géothermie, en pompant la chaleur en hiver, refroidit le sous-sol », poursuit Jean Wimmer, « il existe bien sûr un réchauffement naturel en été, mais il n’est pas suffisant, sauf à installer de très grands champs de sondes ». Le géostockage permet donc de limiter le nombre de sondes nécessaires, ce qui allège mécaniquement l’investissement initial à consentir. « Il a aussi l’avantage de permettre de piloter et garantir dans le temps la température du sous-sol, alors qu’il n’est pas possible de maîtriser le réchauffement naturel », souligne Jean Wimmer.
Accenta a déjà réalisé plusieurs déploiements de ce type en France. Pour réchauffer l’eau des sondes géothermiques durant la saison estivale, plusieurs solutions peuvent être utilisées, comme l’installation d'équipements solaires thermiques, ou encore la récupération de la chaleur fatale de systèmes de climatisation. À Palaiseau, le surplus d’électricité produite par les panneaux photovoltaïques servira à alimenter (gratuitement) des pompes à chaleur destinées à convertir l’énergie en calories. « L’idée générale est toujours d’hybrider plusieurs systèmes afin de ne plus gaspiller d’énergie », résume Jean Wimmer. L'expérimentation est prévue sur plusieurs années, avec un objectif ambitieux : une réduction de 78 % des émissions de CO2 et de 60 % de la consommation énergétique finale.
Pour l’instant, le stockage intersaisonnier a été déployé uniquement sur des bâtiments privés, mais il s’adresse également aux collectivités. « Nous pouvons garantir les objectifs visés dans le cadre de contrats de performances énergétiques », indique Jean Wimmer, « les marchés publics envisagent de nous faire fonctionner non pas par lots, mais d’une manière globale, il faut effectivement que nous soyons impliqués dès la conception des projets ».