Plus de 4,1 millions de logements doivent être raccordés à un réseau de chaleur d’ici 2035. L’enjeu est de taille, selon l’association Amorce, qui a organisé tenu le 10 décembre dernier sa 21e édition des Rencontres des réseaux de chaleur et de froid. Des témoignages de collectivités ayant franchi le pas ont rythmé la journée pour inspirer et encourager les territoires dans cette transition. A l’image du Sidec du Jura (Syndicat mixte d'énergies, d'équipements et de e-communication), qui a constitué une société publique locale pour créer des réseaux de chaleur dans ses communes membres telle que Mouchard. À Angers, un nouveau tronçon de 7,6 km de réseau de chaleur urbain vient d’être achevé par NGE pour raccorder plusieurs établissements à une chaufferie biomasse.
Le financement des projets reste le gros point noir mis en avant par l’Amorce. « On ne peut pas doubler le nombre de logements raccordés avec seulement les 800 millions d’euros du Fonds Chaleur », a déploré Nicolas Garnier, délégué général en soulignant « l’asymétrie de la fiscalité énergétique : sur les quelque 42 milliards d’euros fiscalisés, la moitié est affectée à la transition énergétique mais est focalisée sur l’électrification, qui ne représente que 20% des besoins ». De son côté, Guillaume Planchot, trésorier de l’association et président de l’association Via Sèva, a regretté que « la France importe pour 50 milliards d’euros d’énergie fossile dans l’achat de combustible et renâcle à financer le Fonds Chaleur.
Le prix de la chaleur a par ailleurs été revu à la hausse, ce qui est inquiétant car cela met à mal les collectivités qui viennent de s’engager comme Chambéry et risque de faire redescendre l’intérêt d’élus avant les élections municipales ». Selon Amorce, l’insuffisance du Fonds chiffrée à 500 millions d’euros en 2025 et l’instauration de règles changeantes conduisent à un arrêt des projets.
Une aide des CEE
Au cours de l’événement, l’Ademe a évoqué l’idée de pouvoir financer le raccordement à une boucle d’eau chaude secondaire via des CEE (Certificats d'économie d'énergie). Amorce a quant à elle annoncé plusieurs propositions, comme l’instauration d’une TVA réduite sur les réseaux de froid ou d’un amortisseur socio-environnemental sur le prix du gaz. « Nous avons besoin d’une grande diversité de financements », a confirmé Géraldine Pflieger, maire de Saint-Gingolph, qui a investi 2,4 millions d’euros pour la création d’un réseau de chaleur lacustre, tirant 1 230 MWh du lac Léman depuis octobre 2022, et entièrement automatisé et télégéré par les technologies afin d’en assurer un contrôle par le numérique.
Les moyens sont d’autant plus nécessaires que les investissements dans les réseaux de chaleur vont au-delà des travaux de gros œuvre. Et Serge Nocodie, vice-président d’Amorce délégué aux réseaux de chaleur et aux énergies renouvelables de conclure : « Les collectivités doivent se saisir des Plans locaux de chaud et de froid pour établir, via une cartographie SIG, une stratégie de chauffage à l’échelle de leur territoire. »
Selon les derniers chiffres de la FEDENE (Fédération professionnelle des entreprises de services pour l’énergie et l’environnement), la France comptait en 2024 : 1041 réseaux de chaleur, raccordant 52 439 bâtiments. Le taux d’énergies renouvelables et de récupération de ces réseaux (chaleur fatale issue des unités de valorisation énergétique des déchets et des industries, biomasse, géothermie, etc.) atteint les 67 %, soit plus du double qu’en 2009 (31 %), date de création du Fonds chaleur.



