« Pour décarbonner les flottes de véhicules, il faut des solutions mixtes, il n’y a pas qu’une seule réponse », a affirmé Alexandre Magny, directeur général du Groupement des autorités responsables de transport, le Gart, en conférence de presse le 1er juillet dernier. Et pour faire émerger les bonnes solutions de mobilité en fonction des territoires, le Gart et la FNCCR, associés aux Clubs mobilité durable & territoires et logistique durable & territoire, ont présenté dix mesures de financement dédiées à la transition énergétique du secteur. Celles-ci ont été définies lors de deux ateliers du Gart en mai et en juin, et ont été compilées dans un livre-blanc, rédigé par 34 contributeurs adhérents.
La première mesure martelée est de planifier l’avenir des mobilités sur le long-terme pour encourager l’investissement dans la transition énergétique. « L’Etat manque de vision stratégique. Or, le secteur a besoin de stabilité. Il faudrait un grand plan sur les mobilités, comme ce que connaît le nucléaire », a déclaré Alexandre Magny. Une vision détaillée dans le livre-blanc par François Rage, vice-président de Clermont Auvergne Métropole.
Le Gart et la FNCCR recommande de dégager des fonds pour la transition énergétique en jouant sur les taxes, notamment en appliquant une TVA à 5,5% pour les transports en commun, au lieu des 10% actuels. Les deux partenaires suggèrent également de créer un fond d’innovation pour couvrir, à la place des collectivités, le risque pris par les AOM en innovant. La valorisation financière des externalités positives est également recommandée.
« Le coût social du bruit en France a été évalué à 147 milliards d’euros par an, dont 66% liés au transport. Il y a des choses à imaginer pour valoriser les gains sur le bruit », a justifié Marc Teyssier d’Orfeuil, président des Clubs mobilité durable & territoires et logistique durable & territoire. Une contribution financière aux clients est réclamée lors des livraisons en moins de 24 heures pour financer la logistique durable sur le dernier kilomètre, comme la cyclologistique qu’est venue mettre en exergue l’association Boites à vélo. Enfin, le leasing social professionnel est proposé pour favoriser le verdissement des flottes des petites entreprises.
Défendre le biogaz à l’échelle européenne
Côté organisation du territoire, le livre-blanc préconise de rendre opposables les schémas directeurs d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques aux tiers. L’une des mesures porte sur l’intermodalité : « On parle beaucoup des services express régionaux métropolitains (Serm) mais on ne peut faire de l’intermodalité avec qu’un seul mode de transport », a mis en avant Victor Andraud, chief Impact & Marketing officer chez Karos, entreprise qui promeut le covoiturage. « Il faut par ailleurs défendre le biogaz à l’échelle européenne car les collectivités territoriales ont investi dans ce mode, à l’image de l’Orme qui dispose d’une cinquantaine de méthaniseurs », a ajouté Guy Hourcabie, vice-président à la FNCCR et président du Syndicat intercommunal d’énergies, d’équipement et d’environnement de la Nièvre.
Le Gart avait déjà énoncé 10 mesures en janvier 2025 sur le financement général des mobilités, celles-ci étant axées exclusivement sur la transition énergétique. Ce livre blanc a été présenté alors que s’est achevée la concertation du gouvernement Ambition France Transports pour associer les parties prenantes au financement des mobilités. « Nous voulons porter ces messages en amont des élections municipales de 2026 pour que les maires s’inspirent de nos propositions », a énoncé en conclusion Alexandre Magny.