Depuis janvier dernier, la ville d’Istres teste un réseau privé 5G autour de deux premiers cas d’usage : les caméras de vidéoprotection et les communications téléphoniques d’urgence. « En cas de gestion de crise, l’objectif est de disposer d’un réseau téléphonique à part, garantissant ainsi la fiabilité des communications », explique Nicolas Davini, Directeur Général des Services. La ville s’est en effet retrouvée, à deux reprises, sans réseau mobile fonctionnel alors qu’elle faisait face à des incendies. 

« Nous voulions également disposer d’une plus grande souplesse dans la gestion de notre réseau de vidéoprotection. Sans connexion physique, le déploiement des caméras est plus rapide et nous pouvons les installer là où il n’y a pas de fibre. Économiquement : cela est également plus rentable ».

Selon la commune, le déploiement d’une caméra 5G revient à environ 5000 euros (incluant l’installation, un routeur 5G et la caméra), contre de 30 000 à 80 000 euros avec des caméras filaires (en intégrant les travaux de génie civil).

Notons qu’Istres ne dispose pas d’un réseau fibre privé, mais loue l’infrastructure de Completel. C’est à l’occasion du renouvellement de ce marché fibre, fin 2024, qu’Istres a décidé d’intégrer le 5G dans le nouveau contrat. Le marché a été remporté par Spie, Unitel Group et Ericsson pour le déploiement de la 5G et toujours Completel pour la fibre optique.

Un ROI dès 10 caméras

« Istres voulait éviter des frais de fonctionnement tout en raccordant à la 5G ses bâtiments municipaux au lieu de payer un opérateur télécom », précise Kevin Polizzi, Président d'Unitel Group. « Istres n'a qu'à ajouter une carte SIM dans les caméras, il n'y a pas d'abonnement en réseau privé et donc pas de frais de fonctionnement. Le déploiement du réseau privé a un ROI dès 10 caméras et il sera disponible pour de futurs usages smart city. »

Pour l’heure, quatre antennes 5G ont été déployées, couvrant environ 60% du territoire. Quatre caméras 5G sont testées ainsi que quatre smartphones 5G pour les communications d’urgence. Le cœur de réseau a été installé sur deux serveurs redondés pour garantir la résilience de l’infrastructure

Le coût du déploiement du réseau est de 200 000 euros, dont 50 000 euros de financement issu de la Banque des Territoires, dans le cadre de son programme Territoires d'innovation.

Un bilan positif

« Nous sommes très satisfaits de cette expérimentation », confie Nicolas Davini. La ville n’a pas rencontré de problèmes techniques particuliers durant les tests et les performances du réseau, notamment sur les débits, ont répondu aux attentes. La commune a donc décidé d’industrialiser le déploiement de la 5G dès cet été. Une douzaine de caméras devraient être installées ainsi qu’une dizaine d’antennes. L’idée n’est pas de couvrir 100% du territoire mais toutes les zones où tirer de la fibre optique ne serait pas rentable.

D’autres cas d’usages sont envisagés comme connecter les alarmes anti-intrusion des bâtiments publics, déployer des points de surveillance mobiles (via des caméras 5G) pour lutter contre les dépôts sauvages de déchets ou encore utiliser le réseau 5G pour les communications entre agents, même en dehors des situations de crise.
Les actuelles cartes SIM 4G des corbeilles connectées et de capteur de pollen, devraient également être changées par des cartes 5G afin d’exploiter le réseau privé local.

Une utilisation par l’industrie locale ?

« A terme, les domaines de la santé, des transports et aussi de l’industrie pourraient également bénéficier de la technologie 5G, peut-être avec une approche au niveau métropolitain (Aix-Marseille-Provence, NDLR) », conclut Nicolas Davini. Il évoque les industries locales de défense situées à côté de la base aérienne d’Istres. Rappelons également que la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (ZIP) est située à seulement quelques dizaines de kilomètres d’Istres.

Enfin, l’actuel réseau LoRaWan déployé dans le cadre du projet smart city de la ville (lire SCM N°52) devrait perdurer. Il connecte notamment l’éclairage public et les capteurs de qualité de l’air des écoles. La 5G serait alors un réseau complémentaire pour les usages nécessitant du débit et des communications résilientes.