A Dijon, le quartier Fontaine d’Ouche fait désormais figure de modèle en Europe. Il est devenu, avec ses 55 hectares, le plus grand quartier urbain à énergie positive de France, produisant 118% de ses besoins. Ce sont 648 logements dans cinq bâtiments résidentiels, trois groupes scolaires, deux sites sportifs et des espaces de voirie qui produisent de l’énergie renouvelable et la partagent à une vingtaine de bâtiments publics. Les installations d’autoconsommation collective (ACC) étant aujourd’hui toutes opérationnelles, le projet a été inauguré ce vendredi 23 mai par le président de la métropole, François Rebsamen, aux côtés de Nathalie Koenders, maire de Dijon, et Xavier Ursat, directeur exécutif d’EDF, le groupe ayant coordonné les actions du consortium de 53 partenaires à travers l’institut européen de recherche sur l’énergie Eifer.
Rappelons que ce quartier populaire a commencé sa mue il y a cinq ans dans le cadre du projet Response, soutenu par la Commission européenne dans le cadre du programme Horizon 2020 afin d’atteindre la neutralité carbone en Europe d’ici 2050. L’objectif : démontrer par ce pilote, et celui de Turku en Finlande mené en parallèle, la faisabilité de quartiers rénovés résilients, décarbonés et réplicables. Près de 80 solutions ont été testées, l’ensemble étant supervisé par un outil de management de l’énergie (EMS) pour assurer le pilotage de l’énergie. Response, dont le coût s’élève à 36 millions d’euros, a abouti à la réduction de 75% des émissions de CO2 sur le quartier.
Des panneaux bifaciaux évalués
Pour réussir ce projet d’autoconsommation collective, Dijon a installé 4 559 panneaux photovoltaïques de types différents pour maximiser les apports : des panneaux en toiture, des pergolas photovoltaïques, des panneaux bifaciaux, etc. L’ensemble produit 2 MWc d’énergie solaire sur 10 000 m². Une extension du réseau de chaleur et une rénovation thermique des bâtiments a été menée en parallèle, avec l’intégration d’un pilotage intelligent par objets connectés et Building Operating System (BOS), qui a abouti à une réduction de 30% de la consommation énergétique. Dijon expérimente également une solution de stockage de l’énergie avec l’entreprise Sirea. « Nous avons assemblé des batteries de la filière automobile en surplus, donc neuves mais destinées à la déchetterie, pour leur donner une deuxième vie en batterie stationnaire et stocker l’énergie produite par l’école Buffon participant à l’ACC », explique Bruno Bouteille, le dirigeant de Sirea.
L’un des défis rencontrés a été d’ordre réglementaire. « Sur les toits des bâtiments, nous voulions installer les panneaux photovoltaïques sur les barrières de sécurité pour maximiser les surfaces. Il nous a fallu deux ans d’attente pour obtenir l’avis favorable du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). L’Europe nous demandait de réaliser le projet en cinq ans mais dans les faits, tout ne se passe pas comme souhaité pour tenir les délais », raconte Jean-Patrick Masson, vice-président à la transition écologique de Dijon Métropole. Dijon a par ailleurs dû obtenir une modification législative, qui s’est traduite par l’Arrêté du 21 février 2025, pour étendre le rayon de l’autoconsommation collective au-delà du périmètre fixé à 1 km par la loi française.
L’ACC étendue au site de traitement des eaux usées
A l’issue des cinq ans du projet Response, la métropole et la ville de Dijon se félicitent d’avoir réussi à impliquer les citoyens. 618 logements se sont portés volontaires pour recourir à l’autoconsommation collective depuis le 1er mai 2025, soit 1 100 habitants sur les 10 000 que compte le quartier Fontaine d’Ouche. « Nous anticipons une économie entre 45 et 80 euros par an et par appartement sur la facture d’électricité des locataires adhérents », précise Nathalie Koenders. Dijon s’est inspiré de la création à Turku d’un réseau d’ambassadeurs pour mettre en place la même initiative avec les habitants du quartier : 80 personnes se sont engagées à promouvoir le projet.
Le démonstrateur Response devait s’achever fin 2025. Il sera prolongé d’un an par la Commission européenne, jusqu’à fin 2026, pour bénéficier d’une analyse complète des résultats sur deux années. Pour le territoire s’ouvre une nouvelle période de réplicabilité du projet. Dans un premier temps à d’autres quartiers de la ville. L’autoconsommation collective sera notamment étendue au site de traitement des eaux usées fin 2027.
Et à d’autres villes européennes : cinq ont été sélectionnées par la Commission européennes pour répliquer des solutions en fonction de leur contexte local. Jean-Patrick Masson échange ainsi avec des représentants de la ville de Bruxelles. « Depuis 2001 je me suis engagé à faire de Dijon une métropole écologique modèle en Europe, ce projet nous permet d’être tête de réseau », se félicite François Rebsamen. Pour récompenser ce dynamisme, la Commission européenne a décerné début mai à Dijon et à huit autres villes françaises le label des « 100 villes intelligentes et neutres en carbone ».