A chaque hiver resurgit la question de la résilience des réseaux électriques depuis la crise énergétique de 2022-2023. Point central pour le bon pilotage des installations : la flexibilité électrique. Si les industriels connaissent depuis longtemps cette capacité à moduler la puissance injectée ou soutirée sur le réseau, les particuliers ne l’ont découvert que récemment. De leur côté, « les collectivités connaissent peu le principe ou ne savent pas comment agir à leur échelle », témoigne Mathieu Galaup, directeur entreprises & collectivités chez Octopus Energy.
Le fournisseur d’énergie verte a ainsi décidé avant l’hiver de proposer une expérimentation aux collectivités françaises. Le principe de l’initiative nommée "Eco-session " : leur demander d’effacer, donc de réduire le plus possible, leur consommation énergétique lors des pics entre 8h et 13h et entre 18h et 20h contre une rémunération. Les volontaires dont le contrat couvrait la période allant de novembre 2024 à avril 2025 pouvaient y participer. Une trentaine de collectivités rassemblant 60 communes y ont pris part, représentant près 5 000 points de livraison et 14% du parc client BtoB d’Octopus Energy en France. Parmi elles, le syndicat intercommunal d'énergies de Maine-et-Loire et la ville de Pau. A chaque alerte émise par RTE, soit onze entre janvier et avril 2025, Octopus Energy a envoyé une demande d’effacement Eco-session à ses clients expérimentateurs, les rémunérant quatre centimes le kilowattheure effacé.
Près de 20 000 euros distribués
Résultat de l’expérimentation : Octopus Energy a pu effacer près de 47 megawatteur sur la période hivernale. « Ce n’est pas énorme mais nous pouvons affirmer que les collectivités participantes ont joué le jeu alors qu’elles ne sont pas habituées à ce fonctionnement », se réjouit Mathieu Galaup. L’entreprise a ainsi reversé 18 673 euros à ses membres via des avoirs sur leur facture, issus de ses propres fonds.
L’heure est maintenant venue pour Octopus Energy de dresser un bilan de l’expérimentation du point de vue du fonctionnement. « Les collectivités se sont posées beaucoup de questions, nous avons observé que c’est compliqué pour elles de n’être prévenues que la veille », analyse Mathieu Galaup. De nombreux syndicats d’énergie ont pour leur part demandé des retours sur ces éco-sessions et sur les modalités pour l’an prochain.
Pour Octopus Energy, « la flexibilité est l’avenir ». Une offre a été lancée pour les particuliers. Pour les collectivités, qui représentent 80% des clients BtoB d’Octopus Energy totalisant 100 000 points de livraison, le concept ne s’inscrit « pas encore dans la tendance ». « Il y a encore beaucoup de sensibilisation et d’accompagnement à faire pour expliquer comment consommer mieux et moins », reconnaît Mathieu Galaup, qui reste persuadé « qu’il y a quelque chose de nouveau à faire du côté des collectivités ».
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