L’impact climatique que nous subissons est généré par les émissions de polluants, notamment celles issues du secteur des transports ou des déplacements, qu’ils soient professionnels ou particuliers, collectifs ou individuels. Face à ce constat, les professionnels ont enclenché une transition depuis plusieurs années avec comme objectif de santé publique l'amélioration de la qualité de l'air dans les agglomérations. Néanmoins, une politique plus globale de transport responsable devient urgente.
La vignette Crit’Air, à l’origine parisienne, s’étend désormais à toutes les ZFE. En vigueur depuis 2017, elle catégorise les véhicules selon leurs émissions, laissant uniquement les véhicules les moins polluants pénétrer le cœur des métropoles. La mesure s’adresse aux véhicules de particuliers comme à ceux des professionnels, de toutes nationalités et de tous gabarits.
Des changements qui ne datent pas d’hier mais accélérés par la réglementation
Alors que la réglementation s’étend sur tout le territoire, il est impératif d’adapter les habitudes d’organisation ou les flottes de véhicules, ainsi que la logistique de tous les professionnels intervenant dans ces zones. Certains optent pour le rétrofit qui engage de modifier la motorisation d’un véhicule pour le rendre compatible à la réglementation sur les ZFE. D’autres changent leur flotte pour des véhicules à énergie alternative : électrique, à hydrogène ou fonctionnant au biocarburant. Ainsi, l’acheminement de marchandises ou de voyageurs peut continuer au sein même des agglomérations tout en respectant les normes écologiques imposées.
Gil Doat, Directeur du Déploiement chez Eco CO2 et expert en éco-mobilités |
Cependant, outre l’adaptation des véhicules, toute l’offre de transport est à développer massivement dans ce renouveau. La multimodalité permet de proposer plusieurs options pour les mêmes trajets et ses bénéfices sont nombreux. Pour un même parcours, il existe toujours différents itinéraires qui peuvent se faire via divers moyens de transport. En rendant ces informations plus claires et plus accessibles, les usagers peuvent plus facilement adopter de nouvelles habitudes lors de leurs déplacements. Cela vaut également pour les professionnels qui revoient leur organisation pour fonctionner avec des moyens alternatifs répondant aux exigences et aux enjeux des ZFE.
La multimodalité est-elle la réponse ?
Pourquoi se contenter d’avoir recours au “tout routier” lorsque l’on peut utiliser les voies ferrées, fluviales, cyclables, etc. ? Aujourd’hui, il est indispensable de varier l’offre de transport pour répartir les flux de manière plus large. Le brassage de marchandises et de voyageurs paraît moindre quand il est équilibré sur les différents modes de transport tout en ne perdant pas en efficacité.
Dans la logistique du dernier kilomètre, les transporteurs ont depuis plusieurs années l’habitude du transfert modal via lequel les entreprises intègrent des livraisons vertes par le biais de véhicules électriques ou à vélo. La cyclologistique continue d’étonner car elle permet de transporter des marchandises bien plus lourdes et encombrantes que ce que l’on pourrait imaginer. De ce fait, c’est une solution de livraison efficace dans le cadre des ZFE pour un grand nombre de marchandises. En revanche, il convient de rappeler que la cyclologistique ne peut être que complémentaire à celle du transport lourd car la massification restant un outil prépondérant de l'efficience écologique du transport de fret en milieu urbain.
Aussi, quelques initiatives de tram-fret ou de bus-fret (combinaison de voyageurs et de marchandises) ont également été testées et ont démontré leur pertinence. L’approche des cœurs de métropole en train ou par voie fluviale est également intéressante à développer.
Cependant, l’offre multimodale n’est pas uniquement réservée au “dernier kilomètre”. Il est de la responsabilité de tous, en tant que citoyen, de considérer tous les modes de transport pour revoir ses propres habitudes de déplacement. Les transporteurs sont amenés à adapter leur offre pour la diversifier et la rendre à la fois plus efficace et plus verte. C’est aussi aux usagers de revoir leurs priorités pour choisir les offres qui répondent le mieux à leurs besoins individuels et aux enjeux environnementaux.
Mise en garde : le “mieux” a un coût !
Chaque changement a et continuera d’avoir un coût, pour les professionnels comme pour le contribuable, qu’il faut percevoir comme un investissement, plutôt que comme une contrainte. Si repenser nos modes de fonctionnement donne obligatoirement lieu à une répercussion économique sur le citoyen, n’oublions pas que ce coût sera largement compensé par la réduction des émissions de polluants locaux, de gaz à effet de serre et d’autres nuisances. Nous entendons souvent que notre santé et notre environnement n’ont pas de prix : ça doit aussi être le cas ici et la réglementation vise à traiter ce sujet.
Nous sommes en pleine transformation de notre cadre de vie. Une baisse de 40% des émissions de GES est attendue à l’horizon 2030. La mise en place des ZFE y contribuera et, pour cela, il est absolument nécessaire que tout le monde prenne sa part de responsabilité. Peu importe le coût de l’adaptation à la conformité, nous sommes tous appelés à faire des efforts pour vivre dans un environnement de meilleure qualité qu’aujourd’hui.