Aujourd’hui, alors que le parc d’autocars français représente 66 000 véhicules, seule une centaine d’autocars zéro émission sont exploités, révèle une étude conjointe de France Hydrogène et l’Avere-France (1), première enquête française sur les autocars électriques à batterie et à hydrogène. En comparaison, 1500 autobus zéro émission étaient en circulation au 1er janvier 2023, alors que la flotte de véhicules est deux fois moins importante. Un écart qui s’explique notamment par une réglementation environnementale peu contraignante mais également par une offre de véhicules neufs limitée, un surcoût significatif, ou encore une infrastructure de recharge électrique ou hydrogène qui ne maille pas le territoire. En conséquence, « la quasi-totalité des autocars fonctionne toujours avec une motorisation diesel (98%) », indique l’étude.

Sur la totalité du parc en opération en France, 90 % des autocars sont répartis entre le transport scolaire et les lignes régulières. Ces derniers sont exploités sous l’autorité des conseils régionaux. Mais les Régions sont rarement propriétaires des véhicules, qui sont détenus à plus de 90 % par 3 000 entreprises privées. Les 10 % restants assurent quant à eux le transport de tourisme ou du service librement organisé. « Ces véhicules ont toute leur place pour accélérer le verdissement du transport de voyageurs, estime Valérie Bouillon-Delporte, 1ère Vice-Présidente de France Hydrogène et Antoine Herteman, Président de l’Avere-France. Et l’électrification, avec la complémentarité de deux technologies, apparaît comme la solution la plus pertinente pour répondre aux besoins des opérateurs. »

Une feuille de route nationale plus ambitieuse

Les premiers déploiements d’autocars électriques à batterie ont pourtant été initiés dès 2017 dans plusieurs territoires français. « Leurs performances opérationnelles sont alignées avec les besoins d’exploitation du transport scolaire, ou des lignes requérant une autonomie journalière jusqu’à 250 km. Les modèles les plus récents offrent des perspectives d'autonomie allant jusqu’à 400 km », soulignent France Hydrogène et l’Avere France. D’autant que, dès 2024, les premiers autocars à hydrogène seront mis sur la route avec une autonomie pouvant atteindre jusqu’à 1000 km. Ainsi, environ 36,000 autocars parcourant moins de 200 km/jour pourraient passer à l'électrique à batterie. Et 15 000 véhicules parcourant plus de 250 km/jour pourraient être convertis à l'électrique à hydrogène.

Pour accélérer la décarbonation du secteur, les deux associations préconisent de replacer le segment de l’autocar au cœur des politiques environnementales en publiant une feuille de route nationale plus ambitieuse. L’enjeu est également de donner de la visibilité aux constructeurs pour développer leur offre et consolider une filière européenne.

En parallèle, les véhicules rétrofités à batteries et à hydrogène peuvent être une solution pour compenser le manque d’offre en véhicules neufs. Enfin, « le surcoût des autocars zéro émission reste un frein majeur à l’adoption de ces solutions, soulignent les deux acteurs. Les aides à l’achat pourraient permettre une diminution du prix des sources d’énergie, de l’hydrogène comme de l’électricité. »

(1) Etude de France Hydrogène et l’Avere-France : La transition de l’autocar vers des technologies zéro émission : quels besoins et perspectives en France ?