Des six candidats au départ, ils ne sont plus maintenant que quatre à être toujours en course pour le rachat d’Equans. Avec 74 000 collaborateurs à travers le monde - dont 27 000 en France –, quelque 12,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une position de leader mondial des services multi-techniques, Equans est décidément LE sujet qui polarise l’attention du monde des affaires, des services multitechniques et des acteurs des territoires. Le prix de cession devrait se situer aux alentours des 6 milliards d’euros.
Pour Engie, ce mouvement stratégique de cession vise à renforcer le groupe dans les infrastructures et les énergies renouvelables, deux secteurs dans lesquels l’ex-GDF –Suez est en retard par rapport à ses concurrents européens, comme l’italien Enel ou l’espagnol Iberdrola.
Pour les acquéreurs potentiels – et notamment les trois groupes industriels français – mettre la main sur Equans signifie un changement d’échelle considérable, grâce au levier qu’une telle acquisition représentera pour les secteurs dans lesquels ils sont déjà présents.

« Nous voulons être leader des offres globales »

Christophe Maufoux, directeur général de la division Villes et Territoires connectés d'Equans

La partie VTC (Villes et Territoires connectés) d’Equans compte pour sa part quelque 4000 collaborateurs, une centaine d’implantations et 50 agences pour un chiffre d’affaires de 720 millions d’euros. Dirigée par Christophe Maufoux, cette division a pour objectif, grâce à cette organisation nouvelle, de « mieux répondre aux besoins des projets des territoires », en intégrant les notions de sobriété énergétique et économique, mais aussi de résilience.
Premier intégrateur de vidéo protection (700 collectivités clientes), Equans gère également 600 000 point lumineux, a déployé 420 000 prises FTTH en 2021 et compte un million de terminaux IP sous maintenance.
Ses domaines de compétence couvrent les réseaux électriques, les infrastructures IT et de télécommunications, les solutions numériques de services et de cybersécurité, les activités de sûreté (vidéo surveillance, contrôle d’accès, hypervision), la gestion des risques… Un positionnement que Christophe Maufoux résume en disant qu’Equans rassemble de nombreuses expertises dédiées aux territoires « hors réseaux de chaleur et de froid ».
Grâce à cette palette de compétences, la division VTC est capable de répondre en totalité aux appels d’offres de projets intégrés, mais elle est également au contact de réalités de terrain bien différentes. « La smart city peut aussi pousser par le bas, explique Christophe Maufoux. Un territoire peut par exemple se doter d’une infrastructure IoT [internet des objets] qu’on pourra être amenés à unifier. Nous intervenons alors pour assembler les briques ».

+ 6 % sur les cinq prochaines années

La division VTC d’Equans vise une croissance moyenne de son chiffre d’affaires de 6 % par an sur les cinq prochaines années, avec une partie de son portefeuille constituée de « petites affaires, poursuit le directeur général. Nous sommes par exemple présents dans les activités de déploiement de réseau dans les zones rurales. Nous sommes vraiment un partenaire de proximité ».
Et si ses points d’entrée sont souvent des secteurs traditionnels comme l’éclairage public et la video-protection, la division VTC est aussi présente sur des sujets plus novateurs comme les routes intelligentes ou les services de détection mixant vidéo protection et IA.
Si, comme c’est probable, c’est l’un des trois groupes français qui emporte le morceau, c’est tout le marché des « offreurs » de solutions smart city et territoires connectés qui en sera impacté. Mais, comme le dit en « off » un acteur de ce marché, dont l’entreprise fait partie des acheteurs potentiels, « ça va bouleverser le paysage, mais ça ne tuera pas le match ».