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Un utilitaire électrique et hydrogène adapté aux besoins des villes

Mobilité

Le fabricant de véhicules électriques, LMI, vient d’être racheté par le fournisseur d’énergie verte, Powidian, spécialisé dans l’hydrogène. Ensemble, les deux sociétés planchaient sur le lancement d’un utilitaire hybride. Un véhicule « hyper adaptable » destiné, en premier lieu, aux collectivités. La filiale Powidian Mobility vient de naître de cette union pour avancer sur ce projet. Entretien avec Jean-Marie Bourgeais et Michel Lecomte, respectivement dirigeant de Powidian et fondateur de Leverage Mobility Innovation (LMI).

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Smart City Mag : Ensemble, vous avez imaginé un véhicule utilitaire mêlant hydrogène et électricité. Comment est née cette innovation ?
Jean-Marie Bourgeais (Powidian) : Au départ, il s’agit d’un projet porté par l’entreprise LMI, qui cherchait une expertise sur l’hydrogène. Mais Powidian avait aussi la volonté d’ouvrir son portefeuille et d’aller vers des solutions de mobilité. Et puis avec l’engouement du gouvernement pour décarboner les véhicules, nous nous sommes dit que nous avions une carte à jouer.

Michel Lecomte (LMI) : Les réglementations au sujet du dernier kilomètre et la limitation de vitesse en ville, comme à Paris, à 30 km/heure, le montrent bien : les collectivités veulent décarboner leurs centre-villes.

 

Quel est l’intérêt d’un véhicule roulant à la fois à l’électrique et à l’hydrogène ?
Jean-Marie Bourgeais : Le problème est que les véhicules électrique classique n’ont pas la capacité de rouler pendant plus de 8 heures. Avec notre utilitaire hybride, nous pouvons multiplier par 2 voire 2,5 l’autonomie, car l’hydrogène permet de recharger les batteries.

Michel Lecomte : Quand un véhicule électrique permet de faire 80 kilomètres, notre utilitaire hybride peut réaliser plus de 200 kilomètres. Et l’hydrogène permet également de diminuer la taille des batteries pour éviter qu’elles ne prennent plus de place que la charge utile.

 

Avec cette innovation, vous ciblez en priorité les collectivités ?
Michel Lecomte : En effet. Pour se faire une place sur le marché, aux côtés des gros constructeurs, nous souhaitons proposer des véhicules très adaptables, aux Métropoles et aux collectivités en général. L’idée est par exemple de concevoir des véhicules très étroits pour aller dans les cœurs de villes historiques ou pour l’entretien des espaces verts.

Jean-Marie Bourgeais : Nous pouvons par exemple concevoir une balayeuse ou une désherbeuse. L’idée est que ces véhicules soient multimodales et qu’ils puissent embarquer plusieurs outils afin d’éviter l’achat de plusieurs véhicules. D’autant que certains équipements ne servent que quelques mois dans l’année, il est donc tout à fait possible d’imaginer des utilitaires ayant plusieurs fonctions. Il faut aussi prendre en compte le fait qu’il y ait peu de bornes de recharge pour le moment. Les véhicules doivent donc revenir à un endroit pour être rechargé.

 

Par la suite, quels pourront-être les autres usages ?
Jean-Marie Bourgeais : Notre volonté est ensuite d’imaginer des applications sur des sites agricoles, ou pour la livraison du dernier kilomètre. L’idée pourrait même être de les utiliser comme véhicule partagé, pour les habitants d’un territoire, en développant une application pour les déverrouiller.

 

Avez-vous déjà séduit certaines collectivités ?
Michel Lecomte : Nous discutons en effet avec la Ville du Mans qui veut changer quatre de ses véhicules. Et nous sommes en négociation avec plusieurs Villes en Bretagne. Il y a des tas de besoins et pour l’instant, rien n’est disponible sur le marché. De nombreuses fonctions ne sont, en effet, pas couvertes par les véhicules électriques dans la mesure où leur autonomie n’est pas suffisante.

 

Le tarif de votre véhicule s’alignera-t-il sur celui des véhicules électriques ?
Michel Lecomte : Aujourd’hui, étant donné que la technologie est très récente, les tarifs sont entre 1,5 et 2 fois plus élevés que ceux des voitures électriques. Mais dans deux ans, les prix auront évolué.

 

Vous allez construire une usine pour lancer la production en Sarthe. Quand les premiers véhicules seront-ils produits ?
Michel Lecomte : Nous allons construire un nouveau bâtiment de 3 000 à 4 000 m2 pour réaliser entre 300 et 500 véhicules par an. Si la cadence augmente, nous pourrons décentraliser l’assemblage sur d’autres sites, en Europe par exemple, pour éviter également le transport de véhicules. Pour l’instant, nous sommes dans un bâtiment existant, nous avons mis au point un premier prototype, développé en partenariat avec Symbio, une entreprise spécialisée dans la mobilité hydrogène et détenue par Faurecia et Michelin. Nous devrions construire le nouveau bâtiment en 2022 ou 2023 pour que les premiers véhicules voient le jour d’ici début 2024. Au total, cela devrait générer la création de plus d’une centaine d’emplois.

 

Comment allez-vous financer cette usine ?
Jean-Marie Bourgeais : Xerys, l'actionnaire majoritaire de Powidian, portera ce projet et y investira plusieurs dizaines de millions d’euros.

 

 

 

 

 

 

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