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Projet ZEBRA : vers des pales d’éoliennes 100 % recyclables ?

Energies renouvelables

Les pales restent les éléments les plus difficiles à recycler des d’éoliennes. Le projet ZEBRA, qui regroupe plusieurs acteurs de l’écosystème, vise à produire d’ici 3 ans des pales 100 % recyclables. Et à améliorer encore le bilan carbone « cycle de vie » de ces équipements.

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Démontage éoliennes Port-la-Nouvelle. Crédit photo Satellite Multimédia

Les éoliennes font probablement partie des moyens de production d’énergies renouvelables qui font l’objet du plus grand nombre de critiques et controverses, qu'elles soient fondées ou non. Montrées du doigt par leur impact visuel sur le paysage, elles le sont aussi par le bruit que produisent les pales en tournant, par les perturbations et atteintes à l’environnement que provoque leur déploiement (1), ou par le bilan carbone de leur cycle de vie complet.
Et si ce dernier est plutôt dans le peloton de tête des énergies, renouvelables ou non (2), la question du recyclage des éoliennes – et notamment celui des pales – soulève encore des interrogations. Les pales restent en effet la partie la plus difficilement recyclable des ces équipements. Les matériaux qui les composent - un amalgame de fibre de verre ou de carbone et de résine – sont quasi impossibles à séparer pour être revalorisés. Les brûler provoque des émanations toxiques et les détruire mécaniquement génère également des microparticules indésirables.
C’est en partant de ce constat qu’Engie, premier exploitant éolien en France, s’est lancé en octobre 2020, dans un projet qui vise à produire d’ici trois ans des pales d’éoliennes 100 % recyclables. Baptisé ZEBRA (pour Zero WastE Blade ReseArch ou Recherche sur les pales zéro déchet en français) ce programme embarque à son bord d’autres acteurs de l’écosystème, tels que le chimiste Arkema, le fabricant de pales LM Wind Power, le fabricant de fibre Owens Corning, le Centre Technologique CANOE ou encore Suez pour la revalorisation des matériaux. Le tout, sous la coordination de l’Institut de Recherche Technologique Jules Verne basé à Bouguenais (44).


Améliorer l’acceptation des éoliennes

« Lors du démantèlement en 2019 d’une partie du parc éolien de Port-la-Nouvelle (Aude), qui était en service depuis 1991, nous avons atteint un taux de recyclage de 96 % », explique Vianney de Lavernée, Responsable Stratégie, RSE & Innovation chez ENGIE France Renouvelables. Mais pas pour les pales. Sur ces dernières, seulement 50 % de la résine avait été récupérée et valorisée. « L’objectif du projet ZEBRA est de faire un démonstrateur et de mobiliser la filière pour être exemplaire sur la durabilité des composants », ajoute le responsable.
Le premier pas de cette démarche passe par l’utilisation d’une nouvelle résine produite par Arkema, baptisée Elium®, dont la mise en œuvre se fait à une température plus basse que celle des résines traditionnelles. S’il n’est pas à ce stade possible d’estimer précisément le surcoût potentiel de cette nouvelle façon de faire, il apparait déjà « qu’une fabrication à moindre température réduit le temps de refroidissement du moule et permet ainsi de produire davantage », abonde Vianney de Lavernée. Cette hausse de la productivité devrait effacer le surcoût initial.
« Ainsi, les pales totalement recyclables de 60 mètres destinés à l’éolien terrestre sortiraient au même prix que les autres », ajoute Thibaud Uhl, Expert Exploitation & Maintenance Eolien chez Engie France Renouvelables. Par ailleurs, la maintenance préventive et les réparations des pales seraient également plus aisées du fait de cette mise en œuvre à plus faible température de la résine Elium® ».
Engie n’envisage pas à travers ce projet de se lancer dans la fabrication des pales ou de déposer des brevets. L’énergéticien souhaite se comporter en « acheteur éclairé » pour améliorer son propre bilan carbone et pour améliorer par là même l’acceptabilité sociétale des éoliennes, en effaçant au moins ce point de contestation.

(1) https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Parc-eolien-offshore-de-Saint-Brieuc-chronique-d-un-desastre-annonce-1752655
(2) 13 g de CO2 par kWh pour les éoliennes terrestres, versus 30 g pour les panneaux photovoltaïques ou 450 g par kWh pour les centrales à gaz, d’après l’ADEME

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