Située à 12 km du port d’embarquement du Conquet, dans le Finistère Nord, Molène compte 150 habitants à l’année. Cette petite île de 75 hectares, moins connue que sa voisine Ouessant, accueille malgré tout 20 000 visiteurs par an. Toutefois, aucun raccordement avec le continent ne lui permet d’avoir de l’électricité. L’îlot, membre de la communauté de communes du Pays d’Iroise, produit donc de l’énergie via une centrale fioul, particulièrement polluante. En 2018, environ 280 m3 ont été consommés à la centrale. Ce qui représente une énergie de 1 200 MWh dont 9 600 kW pour l’éclairage public. L’électricité nécessaire à la vie insulaire est ainsi à l’origine d’environ 1500 tonnes de CO2 par an.
Un éclairage public solaire
Pour réduire ses émissions et devenir plus « propre », Molène veut donc désormais produire et consommer une énergie verte. Un « engagement pour la transition énergétique » a été signé aux côtés des îles de Sein et Ouessant – non raccordées au continent également - mais aussi de l’Ademe, la Région Bretagne ou EDF. L’objectif : atteindre 100 % d'énergies renouvelables sur les îles à l'horizon 2030. Un engagement qui commence à prendre forme à Molène. Depuis cet été, l’île finistérienne bénéficie d’un éclairage public solaire. La commune a en effet travaillé avec le syndicat départemental d’énergie et d’équipement du Finistère (Sdef), concessionnaire du réseau de distribution d’électricité sur l’île. Le Sdef a ainsi installé 30 m2 de panneaux photovoltaïques sur le toit de la centrale thermique EDF, ainsi qu’un système de stockage de l’électricité pour alimenter les luminaires de l’île. Le surplus non consommé sera réinjecté sur le réseau. L’objectif avec ce nouveau système : « produire 8000 kWh par an et baisser la facture énergétique de 500€ par an », précise le syndicat départemental d'énergie et d'équipement du Finistère. En 2018, l’île avait déjà remplacé ses lampadaires vieillissants par des éclairages à LED pour réduire sa consommation énergétique. Un équipement innovant, dont très peu d’îles disposent, selon le Sdef.
4 500 m2 de panneaux solaires
Et Molène ne veut pas s’arrêter là. Pour atteindre 30 % d’énergie renouvelable dans son mix énergétique d’ici 2023, puis 70 % en 2028, elle envisage d’équiper son impluvium - une installation permettant de récolter l’eau de pluie et d’alimenter les habitations de l’île en eau potable – de panneaux solaires. 4 500 m2 devraient bientôt être installés sur cet ouvrage en béton par le syndicat d’énergie du Finistère, pour une mise en service prévue fin 2023. Avant cela, le Sdef doit toutefois mener une étude sur les impacts que cette installation pourrait avoir sur la faune et la flore. Et répondre aux inquiétudes de l’Agence régionale de santé (ARS). Cette dernière se demande en effet si l’eau récupérée par l’installation sera toujours propre à la consommation après avoir glissé sur les panneaux photovoltaïques. Car l’activité électrique pourrait avoir une incidence. Une contrainte supplémentaire, sur une île où produire de l’énergie n’est déjà pas simple.
