« L’objectif principal de Smart Occitania c’est de faire de l’Occitanie une région à énergie positive en 2050. On en est loin, mais il y a du mieux » ramasse Isabel Garcia-Burrel, chef du projet chez Enedis. Smart Occitania a été lancé avec la région Occitanie en avril 2017, moyennant 8 millions d’euros (dont 2,5 millions d’euros proviennent de l’Ademe). Soit le développement d’un réseau électrique intelligent, ou smart grid, spécifique à la zone rurale. « Le but c’est de montrer que non seulement on peut faire mieux en milieu rural sur le plan énergétique, mais que c’est nécessaire » poursuit Isabel Garcia-Burrel qui n’hésite pas à parler de "smart ruralité".
Après un seul département en 2017-2018 - la Vendée -, c’est l’ensemble d’une région française, l’Occitanie, qui est concernée par l’expérimentation, en dehors de la métropole toulousaine. « D’un point de vue technique, la singularité est surtout liée à la densité. Dans les campagnes, on va avoir des surfaces plus longues et un réseau qui n’est jamais en souterrain ou presque » situe Matthieu Casaux, directeur régional d’Enedis Midi-Pyrénées Sud. Près de 2300 habitants ont ainsi accepté d’être sensibilisés régulièrement à une meilleure consommation énergétique, via des réunions puis la communication d’actions concrètes et de cas concrets. Une « demande forte de la population » dans l’Aude, l’Aveyron et la Haute-Garonne, avant une extension en Ariège, en Lozère et dans le Tarn. Le temps de connexion au réseau électrique a été réduit de 10 % sur ce bassin de population.
Stockage énergétique sans batteries
« Chacun doit pouvoir bénéficier d’un bon fonctionnement de son chauffage et de son électricité tout en respectant la planète » appuie Nadia Pellefigue, vice-présidente de la région Occitanie, en charge du développement économique et de l’innovation. Autre problématique identifiée : celle de la formation aux énergies renouvelables des fonctionnaires territoriaux des petites communes. Prodiguée dans le cadre de Smart Occitania, elle a été, il y a peu, intégrée à la formation obligatoire du CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale).
Quelques 2 000 détecteurs de défauts communicants et une dizaine de centralisateurs de données fabriqués par Cahors ont aussi été déployé sur deux départements. « Il s’agit d’augmenter l’observabilité du réseau pour dépanner plus vite » explicite-t-on du côté de ce groupe local. Mais aussi de générer des fichiers de prévisions, envoyés à cinq méthaniseurs et sept sites de stations de pompages. « En fonction de la consommation électrique prévue dans les prochains jours, vous pouvez stocker l’énergie sous forme de gaz dans l’unité de méthanisation ou d’eau retenue à un barrage. Pas besoin de packs de batteries ! », s’exclame Matthieu Casaux, directeur régional d’Enedis.
Des négociations ont débuté avec la Commission de régulation de l’énergie (CRE) pour que ces expérimentations techniques puissent être industrialisées à l’échelle nationale. Retardé en 2020 pour cause de crise du Covid-19, le projet Smart Occitania va se poursuivre au-delà des trois ans et demi initialement prévus.