LE MAGAZINE DES VILLES ET DES TERRITOIRES CONNECTÉS ET DURABLES

Bornes de recharge : Paris et Strasbourg misent sur des contrats de concession

Véhicule électrique

Après l’Eurométropole de Strasbourg, c’est au tour de la capitale d’attribuer un contrat de concession à un acteur privé pour le déploiement d’un réseau de bornes de recharge. Les avantages : aucun investissement pour la collectivité, une redevance pour l’occupation de l’espace public et des engagements du concessionnaire, notamment sur la qualité de service et le maillage du territoire. Amiens va également suivre cette nouvelle tendance des "bornes en concession".

Rimg0
Le contrat de concession de l’Eurométropole de Strasbourg a été remporté, en mai dernier, par Engie Solutions et l’entreprise Freshmile, société strasbourgeoise spécialisée dans la mobilité électrique.

Ne plus financer l’installation des bornes de recharge pour véhicules électriques, mais confier cette charge à une entreprise privée via un contrat de concession. Telle est la formule retenue par la ville de Paris et l’Eurométropole de Strasbourg pour le déploiement de leurs nouveaux réseaux publics de bornes de recharge. Ce modèle concessif, bien connu dans le secteur de l’eau ou de l’énergie, se décline ainsi progressivement sur celui de l’électromobilité. « C’est un modèle qui intéresse de plus en plus les collectivités. Nous sommes en discussion avec une dizaine de territoires sur ce sujet, dont des villes moyennes », confie Denis Héchard, directeur du projet en charge de marché des collectivités chez Engie, qui a remporté le marché strasbourgeois. Pourquoi cette tendance ? « Il y a bien entendu un intérêt économique pour la collectivité, puisque le risque financier est à la charge du concessionnaire, explique Alain Jund, vice-président en charge des mobilités à l’Eurométropole. Mais c’est aussi un bon moyen de mobiliser un partenaire industriel sur la durée. Nous lui assurons une exclusivité, en échange de laquelle il prend des engagements en matière de maillage du territoire et de qualité de service. »
Le contrat de concession de l’Eurométropole de Strasbourg a été remporté, en mai dernier, par Engie Solutions et l’entreprise Freshmile, société strasbourgeoise spécialisée dans la mobilité électrique. Il porte sur le déploiement, l’exploitation et la maintenance d’un réseau de plus de 90 bornes, soit 150 points de charge de différentes puissances (normales, rapides et superchargeurs). Le contrat stipule notamment qu’au moins une borne doit être déployée dans chaque commune de l’Eurométropole et que les élus locaux seront systématiquement consultés sur les sites d’implantation. Les deux industriels pourront percevoir les recettes sur la recharge et bénéficieront d’une promotion du service assurée par la métropole. Elles devront bien entendu verser une redevance pour occupation de l’espace publique à la collectivité, dont le montant n’a pas été communiqué. Ce réseau doit être pleinement opérationnel au premier semestre 2022. À terme, c’est un millier de points de charge que prévoit ce contrat d’une durée de 15 ans. « Nous disposions déjà d’une vingtaine des bornes que nous avions financé, notamment avec les aides de l’Ademe. Mais pour changer d’échelle, le contrat de concession nous est apparu comme la seule option viable », estime Alain Jund.


Un minimum de 2,9 millions d’euros de redevance à Paris

A Paris, c’est le groupe Total qui vient de remporter un contrat de concession pour la modernisation et l’exploitation du réseau de recharge de la ville. La décision a été entérinée au conseil de Paris le 17 novembre. Huit dossiers de candidature avaient été déposés, notamment par les groupes Engie, Schneider Electric, Shell, Renault ou Bouygues E&S. Mais le contrat a finalement été remporté par Total Marketing France, filiale dédiée à l’exploitation des stations-service et aux activités de services énergétiques.
Elle devra moderniser le millier de bornes Autolib’, abandonnées en 2019 par le groupe Bolloré, mais aussi ajouter près de deux mille nouveaux points de charge. Plus précisément : il s’agira de 1 830 bornes neuves de 7 kW en surface, ainsi que de 70 bornes doubles de 3 kW pour les deux-roues motorisés et de 80 bornes de recharge rapide (50 kW) réparties dans 10 parcs de stationnement souterrain. Un déploiement qui doit être réalisé dans les 13 prochains mois. Côté qualité de service : le contrat prévoit un « taux minimum de bon fonctionnement de 95 % des points de charge fonctionnels à tout instant ». Enfin, ces bornes doivent être alimentées à 100 % en électricité verte d’ici 2024. « La ville de Paris ne participera pas au financement du service et n’assumera pas la maîtrise d’ouvrage des travaux. Le concessionnaire supportera seul le risque d’exploitation pendant la durée d’exécution de la concession, fixée à 10 ans, souligne le conseil de Paris. À l’issue du contrat, l’intégralité des ouvrages et aménagements deviendront la propriété de la ville de Paris. »
Outre disposer d’un service « fiable, robuste et accessible », bénéficiant d’une « exploitation de bonne qualité », ce contrat de concession permet aussi à la capitale de percevoir une redevance minimum garantie, pour l’occupation du domaine public et l’exploitation des stations, d’un montant de 2,9 millions d’euros en année pleine. Pour le groupe pétrolier, il s’agit d’une nouvelle étape dans son virage vers l’électromobilité. Le groupe français anticipe en effet une baisse de la demande en carburants fossiles et s’est fixé comme objectif d’opérer 125 000 points de charge électrique en Europe d’ici 2025. « Quand les collectivités vont se rendre compte qu’un financement privé peut fonctionner, le modèle concessif pour les bornes de recharge devrait faire de nombreux émules », conclut Denis Héchard. Amiens sera la prochaine collectivité à déployer des bornes de recharge selon ce modèle. L’appel d’offres a été lancé cette année et plusieurs acteurs ont candidaté, dont Engie et Total. Leurs dossiers sont actuellement en cours d’analyse. Le déploiement du réseau est attendu au printemps 2021.

 

A lire également, notre dossier "Mobilité électrique : une brique essentielle de la transition énergétique", paru dans Smart City Mag numéro 35.

A lire aussi
Le magazine
Contact annonceurs

Christine Doussot, directrice de clientèle
christine.doussot@smartcitymag.fr
Tél. + 33 7 69 21 82 45

RECEVOIR LA NEWSLETTER
Agenda
Ze5GDay
Le 23 avril 2024
Les Ateliers du Smart Cities Tour de Noisy-le-Grand
Le 23 mai 2024
Salon de l'Association des Maires de France (AMIF)
Du 28 au 29 mai 2024