La désertification des centres-villes est devenue une préoccupation politique, on le voit avec le programme étatique Action cœur de ville dans 222 communes. Qu'en est-il du côté des entreprises ?
Le retour que nous avons, c’est que les porteurs de projets se disent perdus dans le parcours entrepreneurial. Ils se fatiguent à trouver les bons interlocuteurs officiels. Entre la DGE [direction générale des entreprises], le réseau associatif Initiative, la Chambre des métiers, la CCI, etc. Par où je commence ? Où vais-je pour toucher les communes ? Avec toutes les incertitudes humaines que cela pose. Via un site sur inscription comme le nôtre, le porteur de projet passe directement par l’entrée territoire, avec la personne en charge du développement économique de celui-ci. Ça n'est pas le pharmacien qui vend son pas de porte, c’est plutôt la commune qui cherche un pharmacien, un boulanger, etc. C’est une demande bien précise de la collectivité locale. Ou un entrepreneur qui peut de son côté cibler un territoire.
Quelle est la typologie des collectivités qui payent votre service digital ?
Nous travaillons beaucoup avec les services de développement économique de communautés de communes ou d’agglomérations, comme notre premier client qui était Pornic agglomération Pays de Retz [Loire-Atlantique]. C’est la vraie porte d’entrée vers les villages. Car un maire de petit village va plus difficilement s’emparer directement de l’outil. Il a 20 problèmes du quotidien à gérer et pas de services pléthoriques à base de chargés de mission. Sans compter qu’un stand sur un salon dédié est hors budget. Pour schématiser, c’est l’ancien instituteur qui a seulement sa secrétaire en mairie. Sont-ils à l’aise avec l’outil Internet ? Vont-ils oser prendre la parole "au nom de" ? Nous avons donc développé à un accompagnement rédactionnel spécifique. Les villes comme La Roche-sur-Yon [Vendée] ou Les Mureaux [Yvelines] engagent, elles, d’importants travaux en centre-ville avec des budgets dédiés. Elles ont besoin de trouver des projets exogènes, qu’elles ne savent pas trouver en interne. C’est aussi clairement un besoin de marketing territorial, de travailler leur image. Mais nous restons là-aussi dans un contact d’humain à humain, plutôt des petits porteurs de projets que de franchises. Ces dernières cherchent surtout à s’implanter dans les centres commerciaux en périphérie.
Votre plate-forme, ne devrait-elle pas finalement être publique, portée par l’État ?
On en serait ravis ! Notre force demeure néanmoins que nous sommes plus souples et proactifs, avec une possibilité d’agir rapidement qui pourrait manquer au niveau des institutions. Certaines y pensent à horizon deux ou trois ans, alors que nous sommes déjà opérationnels en ligne. Ce qui les intéresse, forcément. Pour l’instant nous ne sommes pas soutenus de manière officielle, mais nous avons des liens informels avec la Banque des territoires ou BPI France.