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Les collectivités locales au secours de l’Accord de Paris ?

Environnement

Tribune rédigée par Guillaume Bonnentien, expert Villes Territoires, Energie et Changement climatique chez EcoAct, et Vanessa Logerais, CEO de Parangone, conseil en leadership sociétal.

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Ouverte sur un bilan mondial très inquiétant avec une hausse de 2 à 3 % des émissions de CO2, la COP 24 s’est clôturée sur un constat de mobilisation insuffisante des Etats autour de l’objectif de neutralité carbone directement issu de l’Accord de Paris de 2015.

Guillaume Bonnentien, expert Villes Territoires, Energie et Changement climatique chez EcoAct

Sous l’effet conjugué de la pression de pays réfractaires et de la faible mobilisation de pays traditionnellement leaders, l’objectif de maintenir le réchauffement du climat en dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels s’éloigne un peu plus.
Cet objectif de long terme traduit dans la Stratégie Climatique de la Commission européenne et dans la Stratégie Nationale Bas Carbone de la France (SNBC), sera difficilement atteignable à l’horizon 2050 sans une ambition politique forte avec des actions concrètes menées dès aujourd’hui.Les émissions de GES de la France sont reparties à la hausse depuis 2015 et il faudrait dorénavant les diviser par 8 pour y parvenir (1).
L’Accord de Paris est-il plus réaliste à l’échelle locale ? 32 villes à travers le monde sont aujourd’hui engagées à devenir neutres en carbone en 2050. Selon une étude (2) menée conjointement par WWF et EcoAct en 2018, il faut multiplier par deux à trois les engagements actuels des métropoles françaises pour arriver à un respect du "budget carbone" (3) en 2050 et rester sous la barre des 2°C.
Pour EcoAct, relever ce défi passe par un scénario de rupture et par la mobilisation de tout l’éco-système local : le territoire peut et doit devenir le creuset des transitions énergétiques sectorielles majeures, à travers une trajectoire rigoureuseet la projection des bénéfices concrets de cette démarche de transformation et de résilience.


Territoires neutres en carbone : y a-t-il un mode d’emploi ?

Vanessa Logerais, CEO de Parangone, conseil en leadership sociétal

La stratégie de neutralité carbone d’une collectivité territoriale et d’un territoire se construit par trois actions indissociables:
- La mesure et le reporting de l’ensemble de ses émissions de GES (directes et indirectes) pour comprendre l’empreinte carbone de son organisation et de son territoire (4) ;
- La réduction et la séquestration de ses émissions de GES dans son périmètre de suivi, pour atteindre un objectif fixé en accord avec la science et aligné sur l’objectif mondial de maintien de la température moyenne globale en deçà de 2°C voire 1,5°C ;
- Le financement de la transition vers un monde neutre en carbone et résilient aux impacts du changement climatique au-delà de son périmètre notamment par les mécanismes de coopération, entre territoires urbains/ruraux, ou à l’échelle internationale et/ou à travers l’investissement en R&D (5).


Mobiliser autour de bénéfices tangibles pour le territoire

L’autre facteur de réussite tient à la capacité des collectivités à décliner cette stratégie en programmes de transformation, aux réels impacts et aux bénéfices concrets et à travers les usages du quotidien : l’amélioration de la qualité de l’air, la rénovation énergétique et solidaire du bâti, ou encore la mise en place de mobilités douces sont autant d’opportunités pour améliorer le cadre de vie, promouvoir l’attractivité du territoire et, au-delà, créer des richesses économiques et de l’emploi local (6).
Les collectivités locales doiventêtre les chefs d’orchestre de la réduction des émissions et de la résilience de leur territoire à travers une action coordonnée avec l’ensemble des acteurs territoriaux (collectivités, institutionnels, acteurs économiques, citoyens, associations…). Le changement d’échelle nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris réside dans leur capacité à entraîner tous les acteurs dans cette transformation collective, sans se laisser freiner par la difficile négociation des Etats.

 

 

1 Source : Ministère de la Transition écologique et solidaire – SNBC décembre 2018
2 « Le défi climatique des villes », WWF France &EcoAct, 2018 - https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-07/20180731_Etude-defi-climatique-villes.pdf
3 Volume maximal d'émissions de GES alloué au territoire dans un objectif de limitation de l’élévation de la température moyenne mondiale bien en-dessous de 2°C voire 1,5°C sur la période 2018-2100
4 Exemple : dans la Métropole du Grand Paris, 39 % des émissions de GES sont imputables aux logements résidentiels, 24 % au transport routier, et 23 % aux activités tertiaires ; sur la Métropole d’Aix Marseille-Provence, 70 % des émissions de GES sont liées à l’industrie.

5 La coopération entre territoires urbains/ruraux d’une part, et entre territoires français/monde d’autre part joue un rôle essentiel pour atteindre la neutralité carbone.
6 L’ambition de la Région Occitanie de devenir une région à énergie positive d’ici 2050 pourrait augmenter son PIB de 3,9 % ; réduire la facture énergétique des ménages de 56 % ; et créer quelque 90 000 emplois ETP en 2050.

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