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Produire de l’électricité avec les tourniquets du métro ?

Eolien

Pour sensibiliser le grand public au fonctionnement et au rôle de l’éolien, l’énergéticien espagnol Iberdrola a mis en place, avec le concours de l’école d’ingénieurs Junia HEI, un dispositif de test pour produire de l’électricité grâce au mouvement imprimé par les voyageurs aux tourniquets du métro.

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Gaëlle le Borgne et VIncent Hongre, de l'école d'ingénieurs Junia HEI, qui ont travaillé sur ce projet.

Farouches opposants aux éoliennes, les Français ? Pas tant que cela, si l’on croit l’étude réalisée par l’institut IFOP pour le compte du géant espagnol de l’énergie Iberdrola. D’après cette étude (1) qui sonde les sentiments des français sur l’« importance accordée à différents sujets autour de l’énergie », 54 % des personnes interrogées ont un à priori « plutôt positif » sur l’éolien, contre 46 % qui sont d’avis contraire. Dans les arguments des « anti », le bruit, la dégradation du paysage et la destruction de la faune occupent les trois premières places.
Parmi ceux qui ont plutôt une bonne image de ce moyen de production d’énergie, on trouve sans grande surprise des sympathisants EELV (68 %), les moins de 25 ans (63 %), les très sensibles à l’environnement (61 %)… mais aussi les riverains d’installations éoliennes (60 %).
Explication de cette « bizarrerie », eu égard au bruit suscité par les « anti », notamment dans les réseaux sociaux : plus les gens sont informés sur le sujet, plus cela désamorce les motifs d’opposition. Et plus ils sont proches des éoliennes, plus ils sont informés. « Nous trouvons effectivement davantage d’opposants lorsqu’on s’éloigne des installations », confirme Marion Chasles-Parot, directrice de clientèle de l’IFOP, responsable de l’étude. Pour Emmanuel Rollin, directeur offshore Iberdrola Renouvelables France, qui gère entre autres le projet d’éolien off shore de la baie de St Brieuc, « Il y a eu beaucoup d’agitation médiatique et de récupération politique, notamment à travers les réseaux sociaux, qui ont crée un phénomène d’amplification du phénomène ».


De fausses éoliennes dans le métro

Réginald Thiebaut, directeur général d’Iberdrola Énergie France

Pour déjouer les à priori négatifs des « anti » et sensibiliser plus largement le public au fonctionnement des éoliennes et aux services qu’elles rendent, l’énergéticien ibère s’est associé à l’école d’ingénieurs Junia pour mettre en place un dispositif plutôt orig HEIinal qui a pour but de transformer les tourniquets d’entrée du métro parisien en sources de production d’énergie. Pour cela, les élèves ingénieurs ont modifié le mécanisme habituel des tourniquets en ajoutant un volant d’inertie qui permet de prolonger quelque peu le mouvement imprimé aux barres du tourniquet . Chaque passage génère un (tout petit peu) d’énergie (0,08 Watt précisément). Et pour faire le lien avec les éoliennes, les barres des tourniquets ont été remplacées par des mini-pâles d’éoliennes, même si le vent ne joue ici aucun rôle.
Une rangée de six tourniquets, encadrée par deux écrans qui expliquent la démarche, a été installée non pas à l’entrée mais dans un lieu de passage de la station de métro Miromesnil (75008). Leur utilisation reste donc facultative par les voyageurs. Mais ces derniers ont bien joué le jeu. Sur deux jours, le dispositif a généré 27 000 passages, produisant ainsi 2160 Watts.
Extrapolé à l’ensemble du réseau du métro (1,7 milliard de passages par an), un tel dispositif génèrerait 136 MW, de quoi faire « 24 tours du monde en Tesla ou alimenter en chauffage 56 foyers de 4 personnes », comme l’explique un communiqué d’Iberdrola. Pas de quoi révolutionner le monde de l’énergie, donc, mais cette opération aura gagné son pari si elle « évangélise » les citadins à l’énergie éolienne


La crise, une bonne opportunité pour les EnR

Le message vaut également pour les politiques, lesquels ne sont pas mieux lotis, d’après Jean-Louis Bal, président du syndicat des Énergies Renouvelables. « Ils connaissent mal le sujet et beaucoup pensent qu’on n’a pas besoin d’EnR car on a du nucléaire décarboné. Or, le nucléaire, ce n’est que 28 % de l’énergie » [et 70 % de l’électricité].
Par ailleurs, sur un plan plus général, l’étude IFOP mentionnée plus haut révèle que, dans un contexte énergétique et géopolitique tendu, quelques sujets émergent comme étant « tout à fait prioritaires ». C’est le cas de la souveraineté énergétique (73 %), de la sécurité nucléaire (69 %), de la hausse des factures d’énergie et du développement des énergies renouvelables (61 %).
« La crise du marché telle qu’on la voit aujourd’hui est inédite, conclut Réginald Thiebaut, directeur général d’Iberdrola Énergie France. A notre avis, elle va durer au moins jusqu’à l’hiver 2023. Cela pose la question de l’arrêt potentiel du gaz russe et de la disponibilité des centrales nucléaires françaises. Si nous avons un hiver froid, les prix vont exploser, et le « bouclier tarifaire aura une fin. Cette fin, ce sera une opportunité pour les énergies renouvelables ».

 


(1) Étude réalisée du 11 au 18 mai 2022 auprès d’un échantillon de 2019 personnes par enquête auto administrée en ligne.

 

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