L’hydrogène vert a le vent en poupe auprès des collectivités territoriales (1) et Air Liquide entend bien renforcer son positionnement sur ce marché à fort potentiel. « Nous allons investir 8 milliards d’euros d’ici 2035 pour développer notre offre de H2 bas carbone », a indiqué Benoît Potier, p-dg du groupe. Il s’exprimait le 23 mars dernier lors d’une présentation des objectifs de développement durable de son entreprise. Cet investissement devrait permettre à Air Liquide de multiplier par trois son chiffre d’affaires lié à l’hydrogène, qui représente aujourd’hui environ 10 % de ses activités.
Air Liquide prévoit qu’un peu plus de la moitié des revenus du H2 provienne d’industriels souhaitant décarboner leurs activités, 40 % du secteur de la mobilité (avions, trains, voitures) et 10 % d’autres applications.
Seulement 15 % d’H2 renouvelable
Grâce aux 8 milliards d’investissement, Air Liquide entend produire « une majorité » d’hydrogène bas carbone à partir d’électrolyse de l’eau d’ici 2030/2040. Mais les électrolyseurs ne seront pas majoritairement alimentés en électricité issue d’énergies renouvelables (ENR). Cela constitue pourtant le procédé le plus vertueux d’un point de vue écologique. À l’horizon 2030, seuls 15 % du H2 produit en électrolyse de l’eau sera ainsi basé sur des ENR. Près de 35 % exploiteront du gaz avec captage et séquestration de CO2. Le reste sera basé sur des énergies fossiles avec « nécessité de décarboner », a indiqué le dirigeant d’Air Liquide. Le groupe explique ce choix par l’insuffisance des offres d’électricité basées sur les EnR, que ne seraient pas en mesure de couvrir ses besoins. « Nous poussons avec tout le Conseil hydrogène pour qu’il y ait plus d’investissements en matière d’énergies renouvelables », a souligné Benoît Potier.
Avec seulement 15 % de H2 « renouvelable », Air Liquide risque de ne pas pouvoir répondre à bon nombre d’appels d’offres des collectivités. Sur la centaine de projets H2 lancés dans les territoires, la quasi-totalité portent en effet sur de l‘hydrogène renouvelable. « Lancer aujourd’hui un projet autour d’une production d’hydrogène à base d’énergies non renouvelables n’aurait pas de sens », nous confiait récemment André Crocq, conseiller régional de Bretagne, en charge de la transition énergétique. « Nous donnons la priorité aux projets basés sur des EnR. Le vent et le soleil sont des atouts de notre région », indiquait également Bernard Gilabert, conseiller régional d’Occitanie, membre de la commission transition écologique et énergétique.
(1) Lire notre dossier complet sur « L’hydrogène renouvelable : une filière clé de la transition énergétique locale ? » paru dans Smart City Mag N°38.