Le concept même de ville intelligente est parfois difficile à saisir ou à définir. David Lacombled, président du think tank Villa Numéris et président du chapitre français de l'IAB (Interactive Advertising Bureau), préfère, lui, parler de « territoire connecté » où « l’on fait attention à l'écomobilité, au respect de l'environnement... ». Invité à parler des habitants de la ville du futur lors de la Nantes Digital Week, le rendez-vous des cultures numériques (14 au 24 septembre 2017), ce dernier ajoute que « la ville de demain, c’est un pari à trois : collectivités, citoyens et entreprises. Si on exclut l’un de ces acteurs, ça ne fonctionnera pas ». Au cœur de cette gouvernance collaborative, il est donc capital « d’embarquer » un maximum de parties prenantes sur le sujet, selon lui. C’est le principe de l’open innovation, c’est-à-dire « l’innovation tournée vers le monde d’extérieur », complète, à ses côtés, Patrice Slupowski, directeur de l'Innovation Orange Business Services. Avant de constater que « l’innovation ouverte n’est pas encore la notion dominante de notre économie ».
Le hic, prolonge David Lacombled, c’est que « les entreprises, comme les collectivités territoriales, sont mal préparées à la culture du digital » et qu’ « une grande partie de la population ne sait pas encore comment oeuvrer dans le monde digital ». La formation, c’est donc un véritable enjeu selon lui. « Aux entreprises de former leurs salariés aux outils du digital », poursuit-il, et de leur assurer un socle commun de connaissances numériques. Chez Orange, par exemple, réduire la fracture numérique passe par le "Passeport digital" [dispositif lancé en 2014, NDLR] permettant à chaque salarié de vérifier ses acquis.
De la donnée brute vers une information intelligente
Pour Patrice Slupowski, la ville intelligente sera davantage connectée mais pas seulement. Elle devra proposer de nouveaux services pour améliorer le quotidien des citoyens. Car la numérisation des flux allant bon train, le volume des données disponible s'accroît pour « doubler tous les 14 mois ». Tout l’enjeu réside dans la faculté à savoir collecter et traiter ces gros volumes de données mais aussi à les transformer en informations intelligentes. « La donnée est le nouveau pétrole de l'économie de demain. Mais si elle est le graal des entreprises, elle est inexploitable si elle est brute. Et c’est grâce à l’intelligence artificielle que l’on va pouvoir transformer cette donnée en information », explique-t-il et ainsi inventer la ville servicielle de demain. Et c’est là que les entreprises auront aussi un rôle à jouer. « La ville du futur se construit en s'appuyant sur un écosystème d'entreprises qui seront là pour apporter des services », conclut Patrice Slupowski.