Six ans après la dernière édition, la société Copenhagenize (conseil en urbanisme cyclable) a publié un nouveau classement des villes cyclables dans le monde, en partenariat avec EIT Urban Mobility. Fruit d’un travail de fond (150 villes de plus de 250 000 habitants contactés dans près de 50 pays), cette étude évalue de manière détaillée la cyclabilité des villes à travers 13 critères mêlant infrastructures, usages, et gouvernance.
Les villes françaises sont très bien classées puisque Paris (5e), Bordeaux (9e), Nantes (10e), Strasbourg (13e) et Lyon (14e) figurent dans le top 15 (à noter que seules 5 villes par pays ont été prises en compte). « Cette forte présence s’explique par l’approche très globale des politiques cyclables en France, qui mêlent infrastructures, services, stationnement, associations… » explique Clotilde Imbert, directrice de Copenhagenize, « du coup, les villes cochent un grand nombre de cases dans nos critères, pour autant elles ne sont pas toutes excellentes sur tous les paramètres ». Selon l’étude, si les métropoles françaises concernées bénéficient notamment des politiques volontaristes de réduction de la vitesse des voitures (à 30 km/h), elles pâtissent en revanche d'une qualité des infrastructures (pistes cyclables) restant à améliorer. Sur certains critères, certaines d'entre elles se distinguent : Strasbourg pour le nombre d’arceaux par habitant, Paris pour le nombre de vélos en libre-service.
À Paris, la part modale du vélo progresse
Par ailleurs, le Copenhagenize Index nous enseigne que chaque ville a développé une politique vélo qui lui est propre, selon ses contraintes et objectifs. « C’est d’ailleurs tout l'intérêt de ce classement qui n’est pas tellement d’établir un palmarès, mais surtout d’inspirer les villes en racontant les histoires de celles qui font du vélo un pilier de leur mobilité urbaine », poursuit Clotilde Imbert. Par exemple, Paris s’est engagé dans un modèle de développement rapide de la place du vélo ces dernières années. La ville enregistre une des plus fortes progressions dans le classement avec une part modale du vélo qui a augmenté de 6,2 points. « Cette évolution rapide est directement liée à la forte volonté politique de la municipalité », souligne Clotilde Imbert, « dans ce modèle, l’écueil est de sous-estimer l’importance des moyens à mettre en œuvre sur la communication et l’accompagnement des usagers, ce qui peut créer des situations de tensions ».
Arrivée en tête du classement, Utrecht se distingue par des investissements massifs (par exemple, on y trouve 89 places de stationnement vélo pour 1 000 habitants, la plus forte densité au monde). « La ville a compris que son développement passait par la mobilité, et surtout par les transports en commun et le vélo », observe Clotilde Imbert, « aujourd'hui, dans certains quartiers, la municipalité supprime des pistes cyclables afin de libérer des rues entières pour la circulation des vélos ».
L’importance de la volonté politique
De son côté, Copenhague a voté pour 2026 le plus gros budget vélo de son histoire, notamment pour construire de nouvelles passerelles et des itinéraires sécurisés pour les enfants. La ville de Gand a procédé à une refonte radicale de son plan de circulation avec l'objectif de réduire drastiquement les trajets automobiles dans le centre-ville, ce qui a fait bondir la part du vélo. Amsterdam, ville cyclable par définition, s’interroge aujourd’hui sur la gestion des flux vélo dans son centre-ville très touristique.
Ainsi, même les villes où la part modale du vélo est la plus forte continuent à améliorer leur dispositif en fonction de leurs spécificités. Dans sa conclusion, le Copenhagenize Index 2025 met en évidence d’autres points communs des villes les mieux classées : des normes d’aménagement spécifiques (pistes cyclables plus larges, séparation efficace du trafic motorisé, transformation de grands axes urbains en rues cyclables), un développement important de l’intermodalité, et une capacité à transformer la volonté politique en résultats concrets.



