La région Île-de-France souhaite s’appuyer sur des outils numériques pour objectiver les débats liés à la transition écologique et mieux anticiper les conséquences de ses projets d’aménagement. C’est tout l’enjeu de l’AMI « Question d’Intérêt Majeur Transitions 2024 », pour lequel un consortium piloté par l’institut de recherche technologique SystemX a été retenu afin d’explorer l’usage de jumeaux numériques. L’objectif : déterminer comment des outils de simulation pourraient aider à mesurer l’efficience écologique, énergétique et sociale des projets d’aménagement à venir, qu’ils concernent des quartiers urbains, des infrastructures ou des zones rurales.
En fait, l’ambition est double : disposer d’outils robustes pour éclairer la décision publique, mais aussi pouvoir mieux communiquer auprès des citoyens afin de réduire les tensions autour des projets. « Les jumeaux numériques pourraient permettre de jouer des scénarios visant à identifier les impacts des projets sur le long terme », explique Achraf Kallel, coordinateur du programme Jumeaux Numériques à l’IRT SystemX, « pour cela, nous allons nous baser sur des expertises techniques et scientifiques afin de présenter des modèles de causalité entre les indicateurs (émissions de CO2, qualité de l’air, pollution sonore, particules fines…) et les futures actions d’aménagement envisagées ». Avec en ligne de mire la volonté de pouvoir visualiser les conséquences des différentes options sur une durée suffisamment longue (10, 20 ou 30 ans) afin de tenir compte du réchauffement climatique.
« Le deuxième objectif est d’améliorer l’acceptabilité des projets d’aménagement en communiquant plus précisément auprès des citoyens », poursuit Achraf Kallel, « en effet, l’utilisation de messages factuels basés sur des expertises scientifiques et fondés sur des projections de scénarios peut permettre de lever certaines objections, et également contribuer à sensibiliser les gens aux problématiques de transition écologique ».
Une démarche engagée pour trois ans
Mais, pour l’heure, la démarche entreprise par la région et SystemX vise à évaluer la faisabilité technique, scientifique et organisationnelle du recours à des jumeaux numériques. Dans cette perspective, SystemX a embarqué dans l’aventure plusieurs organismes scientifiques : le Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), le Laboratoire Génie Industriel de CentraleSupélec (LGI) et le Laboratoire Universitaire de Recherche en Production Automatisée (LURPA).
Pendant les trois années qui viennent, les équipes mobilisées vont donc travailler au développement de jumeaux numériques dont les modèles seront alimentés par des données nationales ouvertes (cadastre, réseau géothermique, ensoleillement, nappes phréatiques, données de simulations climatiques) et issues d’études scientifiques. Cette phase aboutira à la présentation d'une analyse complète de faisabilité, de modèles scientifiques testés, d’un proof of concept (POC), et de recommandations pour d’éventuels futurs marchés publics.
Même si rien n’est encore acté, plusieurs cas d’usage sont déjà envisagés, notamment en ce qui concerne les projets liés à renaturation pour réduire les îlots de chaleur. « Nous pourrions en effet nous orienter vers plusieurs cas d’usage, pour lancer des scénarios liés à des problématiques dans différents domaines », souligne Achraf Kallel, « et nous pourrions aussi travailler sur une échelle plus grande qu’un quartier, par exemple au niveau de la région, cela serait notamment intéressant pour des scénarios de renaturation ».



