L’essor des voies vertes et des sentiers de randonnée dans les 24 espaces naturels sensibles du Cher est-il apprécié ? Pour en connaître la fréquentation, le Département a fait appel à son syndicat numérique, Berry Numérique. « Il s’agit d’un usage idéal pour notre réseau privé souverain en LoRaWAN », indique Pascal Bourdillon, directeur de Berry Numérique, qui a reçu une demande similaire de la part de la commune d’Apremont-sur-Allier, classée parmi les plus beaux villages de France et souhaitant analyser sa fréquentation touristique.
Berry Numérique s’est mis en quête il y a 18 mois d’une solution IoT répondant à ses critères d’utilisation : un capteur de mesure de fréquentation, fonctionnant sur pile pour être placé à l’extérieur, en LoRaWAN pour être compatible avec son réseau dédié et sans abonnement à une plateforme, le syndicat disposant de la sienne. Résultat : « Nous n’avons rien trouvé de satisfaisant. Soit les capteurs ne sont pas faits pour l’extérieur, soit ils sont en cellulaire, soit le capteur ne peut être dissocié de la connectivité et de la plateforme du fournisseur. Je suis déçu, je pensais que les solutions en LoRaWAN seraient plus matures, avec un écosystème plus large », regrette Pascal Bourdillon.
Qu’à cela ne tienne, Berry Numérique fait le pari d’élaborer sa propre solution. Pour l’épauler dans sa démarche, le syndicat numérique a fait appel à son intégrateur, Ubicité, dans le cadre de leur marché global de performances. « Nous nous sommes tournés vers nos partenaires pour nous aider à maximiser ce nouveau réseau IoT », indique Guillaume Rochette, directeur général d’Ubicité. Deux pistes sont à l’étude : adapter un capteur existant au besoin et créer un capteur sur-mesure.
Deux expérimentations menées en octobre
Le fabricant français Atim a été chargé de la première solution. « Nous avons opté pour un capteur du fabricant spécialisé sur la détection de présence Optex et nous faisons le design de la carte électronique et de son antenne pour qu’il fonctionne en LoRaWAN », explique Etienne Raimbert, technico-commercial. Ce capteur, à positionner par paire à une distance pouvant aller jusqu’à 100 mètres, émet une barrière photo-électrique pour compter les passages. Une expérimentation a débuté début octobre. « La distinction entre les vélos et les piétons n’est pas optimale car le comptage s’effectue selon une vitesse de passage », regrette Pascal Bourdillon. Atim travaille sur une deuxième version pour début 2026, plus économe en énergie.
Le fabricant français Watteco planche de son côté sur un capteur sur-mesure. « Concevoir un capteur sur-mesure nécessite de bien établir le cahier des charges pour ne pas qu’il y ait de déception : quel doit être la précision de comptage ? Doit-elle se faire dans les deux sens de passage sur le sentier ? », interroge Jean-Claude Le Bleis, dirigeant historique de la société, rappelant que de ces critères dépendra le prix de la solution. Un capteur en infrarouge, revenant à une centaine d’euros environ, est testé sur le terrain à partir de cette semaine. Le design a été adapté pour qu’il s’intègre dans l’environnement.
Le projet évoluera petit à petit sur un temps long en fonction des expérimentations. « Notre marché LoRa est sur dix ans, nous n’avons donc pas de calendrier pour finir à une date précise », reconnaît Pascal Bourdillon. Berry Numérique, volontaire pour tester de nouveaux usages répondant à des besoins sur le terrain, réalise en parallèle une expérimentation sur un capteur de mesure de la température de l’eau des rivières pour répondre à une demande de la fédération de la pêche. Ces projets illustrent, aux yeux de Guillaume Rochette, la stratégie qu’entend adopter Ubicité : « Il faut désormais proposer des solutions sur-mesure s’adaptant aux spécificités des territoires. »