Depuis quand Las Rozas s’est lancée dans son projet de ville connectée et durable et quels sont ses résultats ?
José de la Uz. Cela fait 10 ans que l’équipe actuelle de gouvernement est en place avec l’objectif de transformer la mairie de l’intérieur, « du sol au plafond ». Dès le départ, nous avions anticipé la vague technologique qui arrivait et qui allait bouleverser notre quotidien. Nous avons échangé avec tous les secteurs et avons mis la ville en mouvement pour intégrer cette transformation. Cela inclut la numérisation des services de gestion urbaine, la gestion des bâtiments et du territoire, ainsi que la création de systèmes permettant l’intégration de ces technologies.
Le fruit de ce travail est la reconnaissance internationale : nous faisons partie des sept villes les plus intelligentes du monde selon l’Intelligent Community Forum. Nous sommes le dixième pôle technologique d’Espagne et avons remporté les premières éditions des prix de la digitalisation de la communauté de Madrid. Concrètement, cela se traduit par un commerce plus digitalisé, des jeunes qui entreprennent, des entreprises qui se développent dans la ville et un taux de chômage à 4,25 %. Las Rozas est l’une des villes avec le revenu par habitant le plus élevé d’Espagne, avec une population très qualifiée, attachée aux espaces verts, au cadre familial, à la sécurité et à la tranquillité.
Vous avez un système intelligent d’économie d’eau. En quoi consiste-t-il et quels sont les résultats attendus ?
Nous avons un système d’irrigation automatisée, qui nous permet déjà d’économiser l’équivalent de 50 piscines olympiques par an. Grâce à l’IA, nous pouvons interrompre l’arrosage en cas de pluie et améliorer les modèles prédictifs. Nous mettons également en place l’exploitation des aquifères. L’administration nationale nous a autorisés à utiliser trois puits. Le système de pompage modernisé, connecté à la plateforme de la ville et alimenté par panneaux solaires, est géré à distance. Il permet d’utiliser l’eau des aquifères pour irriguer les espaces naturels. Las Rozas est située à seulement 16 km de Madrid et la moitié de ses 100 000 habitants vit à proximité d’espaces verts. Cette solution permet d’économiser environ 16 000 m³ d’eau par an (soit 50 000 €).
Comment les habitants ont-ils accueilli le chatbot Miguel, lancé il y a un peu plus d’un an sur le site municipal ?
Au départ, nous avions un chatbot commun avec le Hub de Las Rozas Innova (l’entreprise publique en charge de l’innovation). Aujourd’hui, il est passé en version 2.0 avec de très bons résultats : 96 % d’évaluations positives et une hausse de 50 % des usages par rapport à l’an dernier. Par ailleurs, 10 % des conversations se font dans d’autres langues que l’espagnol, et seulement 4 % aboutissent à un contact humain. Cela est dû en partie à deux ans de travail sur l’unification et la fiabilisation des bases de données municipales.
Combien de caméras de sécurité y a-t-il à Las Rozas et quel est leur impact sur la criminalité et les accidents ? Y a-t-il consensus sur l’usage des algorithmes ?
Ce projet a commencé il y a sept ans avec 300 caméras qui tournent à 360°. 60 d’entre elles ont une autorisation spécifique de l’État pour la sécurité. Ces caméras sont utilisées par la Garde civile et la Police nationale. Elles permettent de tracer un véhicule via sa plaque ou sa couleur, ou de retrouver par exemple un malade d’Alzheimer qui s’est perdu. Avec peu de données, ces caméras apportent beaucoup d’informations et ont permis de résoudre des délits en quelques jours, voire quelques heures. Les cambriolages de maisons et de voitures ont baissé de 70 %. Il existe ici un consensus autour de l’usage des algorithmes car il ne s’agit pas de surveiller les habitants, mais d’obtenir des données utiles pour les enquêtes.
Las Rozas participe à une expérimentation pour sécuriser les passages piétons grâce à des capteurs, de l’IA et des systèmes satellitaires. Quels résultats ?
Las Rozas Innova a intégré la ville dans 15 projets européens avec 90 villes et universités. Dans le cas de cette expérimentation, nous avons servi de démonstrateur pour la start-up italienne Loki, qui a évalué la sécurité et l’accessibilité de nos 2 400 passages piétons grâce à l’IA, à des capteurs et à des données satellitaires. Il faut préciser que Las Rozas n’a aucun feu tricolore. Les résultats constituent une base de travail qui sera analysée, et un plan de mobilité urbaine accessible est prévu pour corriger les défauts signalés.
Extrait de notre échange avec José de la Uz, lire l’interview complète dans SCM n°69
