Marqués du sceau du dragon mythique messin Graoully, des vélos noir et jaune en libre-service se répandent depuis une semaine sur le territoire de l’Eurométropole de Metz. La collectivité a inauguré son service GraouLib le 26 août dernier en mettant à disposition 150 vélos répartis dans 20 stations. D’ici fin décembre, ce sont 385 vélos dans 55 stations qui émailleront sept communes de l’Eurométropole (Metz, Montigny, Longeville, Woippy, Marly, Moulins-lès-Metz et Le Ban-Saint-Martin).

Ce lancement n’est pas tout à fait une première sur le territoire, Metz avait déjà introduit des vélos en libre-service en 2017. L’expérimentation menée avec Indigo avait avortée un an après son lancement en raison du nombre trop élevé de vandalisme. « La technologie a fortement évolué depuis, et les habitants et les touristes manifestaient une demande forte pour un tel service », explique Christophe Prévost, élu à l’Eurométropole en charge du Plan Vélo. Ce dernier travaille sur ce projet de vélos en libre-service depuis quatre ans, il a échangé longuement ces dernières années avec ses homologues pour recueillir leurs avis sur les meilleurs prestataires. Après avoir testé différents vélos, son choix s’est porté sur les vélos électriques de l’entreprise française Fifteen.

Une recharge des vélos en série

C’est la technologie matérielle et logicielle qui a démarqué Fifteen. Déjà, concernant la sécurité : les GraouLib sont sécurisés et dotés « d’un frein moteur les rendant inutilisables en cas de vol », précise Amira Haberah, cofondatrice de Fifteen. Ces vélos connectés sont monitorés à distance pour assurer un suivi de leur géolocalisation et de leur maintenance. « L’IoT nous permet par exemple de réduire le niveau d’assistance dans les zones piétonnes », ajoute-t-elle. Du point de vue énergétique, la recharge électrique s’effectue en série, chaque borne peut alimenter jusqu’à dix vélos.

Pour l’Eurométropole de Metz, le lancement de GraouLib – qui est revenu à un coût de 1,8 million d’euros – représente une brique supplémentaire pour inculquer une forte culture du vélo auprès de ses habitants. « Nous promouvons fortement le dispositif "Savoir rouler à vélo" qui touche 52% des classes d’âge ciblées, contre 25% à l’échelle nationale », met en avant Christophe Prévost, en citant également le partenariat avec la start-up Géovélo pour promouvoir via une application des itinéraires et des balades à deux roues. L’Eurométropole, qui détient la compétence vélo sur son territoire, accroît la densité de pistes cyclables de 50 km par an. « Nous avons installé 23 capteurs de passage à différents endroits de la ville pour estimer la fréquentation à vélo. Nous avons comptabilisé plus de deux millions de passage devant les capteurs en 2024 », se réjouit l’élu.

Une intermodalité train et vélo

Cette dynamique est accompagnée par la Région Grand Est, qui va déployer à partir du 19 septembre prochain 500 vélos dans 52 gares, fournis également par Fifteen, pour favoriser l’intermodalité train - vélo. Metz en fait partie, une dizaine de vélos, nommés pour leur part Fluo, seront mis à disposition à la sortie de la gare. Ils pourront être loués en libre-service par les utilisateurs pendant 14 heures consécutives. « Nous avons pu observer qu’il y a un avant et un après, quand des vélos sont couplés à l’usage du train », assure Amira Haberah. Alors que le Plan Vélo bat de l’aile à l’échelle du gouvernement, les initiatives locales se révèlent dynamiques. « Favoriser le vélo permet de créer une nouvelle économie sur le territoire, avec l’ouverture de nouveaux commerces », assure Christophe Prévost.

Pour aller plus loin, Christophe Prévost prévoit en 2026 une révision du schéma directeur avec les 46 communes de l’Eurométropole. Le report modal, évalué à seulement 1% en 2018, sera mesuré à l’horizon 2030 pour chiffrer les progrès accomplis. Christophe Prévost entend également s’impliquer dans l’essor de la vélo-route La Voie Bleue, reliant le Luxembourg à Lyon.

Une ambition similaire est partagée par le président de la Métropole du Grand Paris, qui entend pour sa part développer des pistes cyclables de Paris au Havre, le long de la Seine. Pour Amira Haberah, le prochain défi qui attend l’ensemble des collectivités est d’ordre organisationnel : il s’agit de trouver « comment bien intégrer les différents vélos (électriques, cargo, etc.) dans l’espace public. »