Faire payer plus cher le stationnement des gros véhicules, moins chez ceux à motorisation électrique, plus cher les visiteurs que les résidents, moins cher les familles nombreuses ou les personnes en situation de précarité … Voici quelques principes de la tarification progressive du stationnement, en vigueur depuis le 11 juin dans la ville de Lyon. Une innovation développée avec la société Flowbird (ex-Parkeon) via sa plateforme digitale de mobilité.
« La tarification progressive est une première mondiale : un système complet, plus juste, prenant en compte le poids et la motorisation des véhicules. Le modèle lyonnais du stationnement, c’est de créer un système innovant, de penser ensemble transition écologique et justice sociale et de simplifier la vie pour les acteurs économiques et de la santé», a déclaré Valentin Lungenstrass adjoint au Maire délégué aux Mobilités, à la Logistique urbaine et aux Espaces Publics, dans un communiqué.
Comment fonctionne le service ? Quand l’utilisateur enregistre sa plaque d’immatriculation sur un horodateur ou l’application mobile de paiement, une connexion est réalisée avec certaines bases de données, notamment le SIV (Système d'Immatriculation des Véhicules) du Ministère de l’Intérieur. « Cette connexion permet à la ville de définir une politique tarifaire, applicable aux véhicules stationnant sur son territoire, en tenant compte de certaines des caractéristiques techniques des véhicules comme sa catégorie de véhicule, son type de motorisation (électrique, hybride ou thermique), ou son poids à vide », résume FLowbird. « La ville peut ainsi favoriser l’utilisation sur ses voiries des véhicules électriques, des véhicules avec un poids à vide raisonnable, etc. » La plateforme va également croiser les données d’immatriculation avec celles du quotient familial pour savoir par exemple si le véhicule appartient à une famille nombreuse.
« Cette nouvelle tarification progressive sera à la fois écologique et solidaire, puisqu’elle prendra en compte la situation financière et familiale des résidents pour plus de justice sociale », indique pour sa part la ville de Lyon. « Les familles nombreuses (3 enfants à charge ou plus) et les résidents aux plus faibles revenus (tranches 1 à 3 du quotient familial municipal, soit actuellement un RFR par part par an inférieur à 13 800 €) bénéficieront ainsi d’un tarif solidaire et familial à 15€ par mois, au lieu de 20€ par mois aujourd’hui. Cela concernera près d’un foyer lyonnais sur 2 et 60% des familles lyonnaises. »
Justice sociale et environnement
En croisant, ces différents critères l’utilisateur du service va donc payer un tarif spécifique, selon une grille définie par la ville. « La tarification progressive du stationnement est une approche novatrice qui vise à aligner les tarifs de stationnement sur l'impact global des véhicules sur l'environnement et l'occupation du domaine public (…) Une tarification solidaire est également mise en place grâce à la prise en compte de la situation financière et familiale des résidents de la ville de Lyon pour plus de justice sociale », poursuit Flowbird.
Depuis le 8 avril dernier, la ville de Lyon proposait déjà un simulateur en ligne des tarifs de stationnement. L’utilisateur peut y calculer le prix du stationnement en fonction donc du type de véhicule et, pour les résidents, de certains critères sociaux.
Un projet similaire à Paris
Depuis 2023, la ville de Paris mène également un projet de tarification progressive du stationnement. La proposition est portée par David Belliard, adjoint à la maire de Paris. Il prévoit notamment un triplement du tarif pour les véhicules les plus lourds, dont les SUV. « On l'a dit, on le fait. Le 4 février, les Parisiennes et les Parisiens ont pu s'exprimer. Ils ont majoritairement dit OUI au stationnement différencié pour les véhicules les plus lourds. Nous venons de le voter au Conseil de Paris », indiquait David Belliard sur Linkedin en février dernier.
« Pourquoi une multiplication par trois du tarif pour ces véhicules ? (…) Parce qu'ils sont plus dangereux pour les piétons et les cyclistes, du fait d'une faible visibilité ; parce qu'ils ont un impact majeur et destructeur sur le climat (…) ; parce qu'ils ont des conséquences sur la santé et la pollution de l'air (…) ; parce qu'ils prennent trop de place et la place, on en a besoin dans une ville comme Paris pour planter des arbres ! », soulignait-il dans son message. Selon nos informations, ce service devrait être mis en place dès octobre prochain.