Pièce centrale du projet Green River, le flotteur de la plateforme multi-énergie vient d’être mis à l’eau à Honfleur (Calvados). Il s’agit d’une étape importante dans l'avancée de ce projet lauréat de l’AMI « Transition écologique et valorisation économique » qui a été lancé conjointement par la région Normandie, la région Île-de-France et l’Ademe. L’expérimentation va durer deux ans.

« L’idée générale est de faire de la Vallée de la Seine un laboratoire d’innovations », explique Isabelle Lefavrais-Godart, en charge du suivi de l’action sur le contrat de plan Vallée de la Seine au sein de la région Normandie, « pour nous, le projet Green River coche toutes les cases puisqu'il est innovant, collaboratif et inclut un important volet énergétique ». Financé à hauteur de 550 000 € par la région Normandie (l’Ademe apportant 150 000 €), Green River a en effet pour objectif la création et l'optimisation d'une plateforme flottante récupératrice d’énergie, visant à produire dans les ports une électricité décarbonée.

Réduire la pollution de l’air dans les villes portuaires

Dans cette perspective, plusieurs dispositifs vont être installés dans les semaines qui viennent sur la plateforme, notamment des tensionneurs actifs intégrés aux systèmes hydrauliques afin de convertir le mouvement résiduel des amarres des navires en énergie électrique. Il y aura également des cellules à déformation (développées par la société normande Scienteama) qui seront destinées à récupérer l'énergie d’impacts des vagues et des ondes de batillage, ainsi que des turbines éoliennes et hydroliennes dites à « portance active ». Enfin, des panneaux solaires permettront d’assurer l’alimentation de l’ensemble du système de contrôle et d’acquisition de données de la plateforme.

« Un des objectifs est aussi de produire suffisamment d’énergie pour limiter l’usage des moteurs des navires dans les ports, afin de réduire la pollution de l’air dans les villes portuaires », explique Guillaume Carpentier, directeur des relations internationales et de l'ingénierie de l’école d'ingénieurs Builders qui copilote le programme avec l’Université de Caen et Haropa Port (établissement fluvio-maritime de l’axe Seine réunissant les ports du Havre, de Rouen et de Paris).

Alimenter l’éclairage public, faciliter les recharges de matériels

Les déclinaisons opérationnelles du projet Green River sont potentiellement nombreuses. La plateforme est un concentré de systèmes de production d’énergie qui pourront être déclinés dans les villes maritimes ou en bordure de fleuves. « Par exemple, l’énergie produite par les mouvements des poteaux d'amarres peut permettre d’alimenter l’éclairage en bord de quais et faciliter la recharge de divers matériels, comme les batteries des navettes fluviales », indique Isabelle Lefavris-Godart, « nous ne sommes pas encore sur un dimensionnement à grande échelle mais le projet éclaire sur le champ des possibles ».

Green River va être suivi par deux autres projets associés. Le premier, Twin Power, piloté par Scienteama en collaboration avec Builders et Haropa Port, aura pour objectif de créer un jumeau numérique de la plateforme afin de pouvoir démontrer plus facilement des cas d'usage. « Nous allons d’ailleurs accompagner également ce projet », souligne Isabelle Lefavrais-Godart, « en effet, un outil de simulation permettra d’évaluer l’intérêt et la faisabilité de futurs chantiers potentiels dans différents sites ». Le second, EnePorts, visera à permettre l’étude de l’implantation du concept dans différents ports européens (plusieurs se montrent déjà intéressés, notamment le port de Ferrol en Espagne).