En juin dernier, à l’occasion du salon Vivatech à Paris, la région Île-de-France avait annoncé son intention d’avancer en matière d’IA. Elle avait notamment officialisé sa volonté de lancer des marchés d'innovation afin de permettre à des startups françaises (et surtout franciliennes) de travailler sur des cas d’usage. Aujourd’hui, huit expérimentations sont en cours dans l’objectif d’améliorer les services publics et le travail des agents.
« Il nous a fallu un peu de temps pour mettre tout cela en route car il était important d’identifier en interne les cas d’usage les plus pertinents, de plus il s’agissait des premiers marchés d’innovation lancés par la région », explique Bernard Giry, directeur général adjoint de la transformation numérique, « mais nous avons la volonté claire de travailler sur l’IA, nous croyons qu’elle peut avoir un impact considérable sur la qualité des services ».
Des assistants intelligents avec LightOn et ALEIA
Les expérimentations ont donc véritablement débuté fin octobre. Parmi les huit cas d’usage retenus, certains ont déjà apporté la preuve de leur intérêt et devraient, sauf surprise, être industrialisés à l'issue de la période de tests. C’est notamment le cas de Paradigm, un assistant intelligent au service des agents du pôle de transformation numérique (qui ont la responsabilité de gérer les SI, les infrastructures et les applicatifs pour l’ensemble des agents du siège). Conçu par la startup LightOn, l’outil délivre rapidement une réponse précise à des questions posées en langage naturel. Pour cela il mobilise la documentation technique existante. « Comme il existe des zones de flou dans notre documentation, nous effectuons également un travail de modernisation de cette dernière avec Accenture », précise Bernard Giry.
Le deuxième cas d’usage, développé avec la startup ALEIA, vise aussi à proposer un assistant intelligent mais celui-ci est destiné à simplifier l’accès aux aides régionales. « Les citoyens peuvent interroger en langage naturel la plateforme qui les dirige vers les aides auxquelles ils peuvent prétendre, quel que soit le domaine », détaille Bernard Giry, « le gain de temps est considérable car, en la matière, l’identification des données de référence est souvent longue et fastidieuse ».
Des cas d’usage pourraient être fusionnés
Les autres cas d’usage sont de natures très diverses. Avec Magic LEMP, l’Île-de-France teste une IA générative visant à faciliter la compréhension des actions menées par la région à l’échelle communale. En partenariat avec Fullsoon, elle souhaite lutter contre le gaspillage alimentaire dans les cantines scolaires (au nombre de 380 pour les 470 lycées gérés).
Avec Beewant, elle entend simplifier les recherches dans le stock de 200 000 photos détenu par la direction du patrimoine. Parallèlement, grâce à l’expertise de Systnaps, la région optimise la gestion de ses archives alors que Bewai lui fournit une solution de document processing optimisant la reconnaissance de données dans les documents (notamment utile pour la lutte contre la fraude). Enfin, le dernier cas d’usage, déployé avec Qwam, repose sur un moteur de recherche conçu pour retrouver rapidement des informations dans les délibérations, arrêtés et autres documents officiels…
« Certains de ces cas d’usage vont être industrialisés, d’autres abandonnés, quelques-uns pourraient être fusionnés », souligne Bernard Giry, « d’autant que nous devons trouver le bon ROI ». Pour l’heure, ces expérimentations sont intégralement financées par la région pour un budget compris entre 700 000 et 800 000 € (les marchés d’innovation étant plafonnés à 100 000 € par cas d'usage).