Fidèle à sa volonté de conserver un temps d’avance sur les réglementations à venir et atteindre d’ici à 2030 son objectif de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre et de 30 % de la consommation d’énergies fossiles, la métropole de Dijon a dévoilé mardi 14 décembre sa première BOM (Benne à Ordures Ménagères) fonctionnant à l’hydrogène vert.
« Nous avions une flotte de BOM à renouveler car les plus anciennes arrivaient à échéance en termes de fonctionnement », explique Jean-Patrick Masson, vice-président délégué à la transition écologique, aux déchets et aux énergies renouvelables, « nous avons fait le choix de l’hydrogène qui s’est avéré, après étude, le plus pertinent pour réduire nos émissions et maintenir notre niveau de service sur le ramassage des déchets, sans augmenter le nombre de véhicules ».
En effet, sur les 42 BOM de la métropole, certaines réalisent trois tournées par jour et nécessitent donc de pouvoir être rechargées rapidement (les avitaillements en hydrogène ne dureront pas plus de 6 minutes), ce que ne permettent pas les motorisations électriques classiques sur les véhicules lourds, à l’heure actuelle.
Au total, 8 BOM et 16 bus à hydrogène
Par ailleurs, les bennes seront alimentées en circuit court par une production locale d’hydrogène. En effet, la ville produit déjà de l’électricité grâce à des turbo-alternateurs couplés à une usine d’incinération dans le nord de la ville. Cette électricité va venir alimenter une première station de production et de distribution d’hydrogène qui est actuellement en cours de finalisation et sera mise en service début 2024. « Un deuxième point d’avitaillement sera construit au sud de l’agglomération près du dépôt de bus et de tram », ajoute Jean-Patrick Masson, « notre politique est d’utiliser les ressources du territoire pour produire notre énergie et la consommer sur place ».
La métropole, qui vient en fait de réceptionner 2 BOM à hydrogène, en recevra 2 autres en début d’année. Au total, 8 véhicules de ce type (19 tonnes) entreront en service dans la capitale bourguignonne d’ici 2026, tous fournis par E-Trucks Europe. Ce dernier, basé en Belgique, fabrique des véhicules hydrogène en pratiquant le « retrofit neuf » c’est-à-dire la transformation de la motorisation de châssis neufs classiques pour en faire des véhicules à hydrogène. Ainsi, pour le projet dijonnais, E-Trucks s’est associé au fournisseur local de châssis agréé DAF (situé à Longvic) et à Proton Motor pour la fourniture de la pile à combustible.
Un coût élevé s’inscrivant dans un financement global
« Avec cette première commande, nous sommes les premiers en France sur les BOM à hydrogène », se félicite Jean-Patrick Masson. Dans le même temps, la ville a également prévu d’intégrer 26 bus à hydrogène Van Hool à sa flotte qui est aujourd’hui forte de 180 bus (dont 104 hybrides). Les premiers seront livrés à partir du mois de mai, les 10 autres l’année suivante. « Ensuite, nous prévoyons une deuxième étape d’ici 2030 mais nous allons d’abord observer l’évolution du marché avant de nous engager », précise Jean-Patrick Masson.
L’acquisition des 4 premières bennes fonctionnant à l’hydrogène représente un investissement de 3,3 M€, soit environ 825 000 € par véhicule, un prix comprenant un contrat de maintenance de 5 ans. Ainsi, la facture globale reste élevée pour les véhicules à l’hydrogène, près de trois fois supérieure aux tarifs en vigueur pour des BOM diesel (de leur côté, les bennes électriques avoisinent les 600 000 €). Au total, le financement des véhicules commandés, ainsi que la production et la distribution d’hydrogène seront financés par un programme de 100 M€ courant jusqu’en 2030, et qui inclut une subvention de l’Ademe, de l’État et de l’Europe.